Le président russe Vladimir Poutine a estimé lundi que toute intervention militaire en Syrie serait une "agression" qui violerait le droit international et déstabiliserait la situation dans la région.
"Toute intervention militaire serait une grave violation du droit international, une agression selon les termes de la charte de l'ONU", a déclaré M. Poutine en marge du sommet de l'Organisation du traité de sécurité collective (ODKB) à Sotchi, sur les bords de la mer Noire.
Le président russe a par ailleurs salué le fait que les membres de l'ODKB (Russie, Arménie, Bélarus, Kazakhstan, Kirghizstan et Tadjikistan) ont soutenu la décision de Moscou de s'opposer à une action militaire contre le régime du président syrien Bachar el-Assad.
"Les membres de l'ODKB sont unanimes : régler la situation en Syrie n'est possible qu'à travers des moyens politiques et pacifiques", a-t-il déclaré.
La Russie, fidèle alliée du régime de Damas, s'est toujours opposée à l'usage de la force contre le régime syrien.
La déclaration de M. Poutine intervient après la publication lundi sur le site Internet de la télévision d’État chinoise CCTV d'un entretien avec le président syrien Bachar el-Assad.
Ce dernier a dénoncé le comportement des États-Unis, de la France et de la Grande-Bretagne qui ont soumis un projet de résolution au Conseil de sécurité des Nations unies afin que l'arsenal chimique syrien soit placé sous contrôle international. M. Assad a indiqué que ce projet ne l'inquiétait pas et que la Chine et la Russie "jouaient un rôle positif au Conseil de sécurité pour garantir qu'aucune excuse ne sera utilisée pour entreprendre une action militaire."
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Dans l'extrait de l'entretien publié sur Internet, Bachar el-Assad est cité affirmant : "Je ne suis pas inquiet. Depuis son indépendance, la Syrie a respecté tous les traités qu'elle a signés. Nous honorerons tous ce que nous nous sommes engagés à faire."
"Qui plus est, je veux dire qu'en soumettant ce projet au Conseil des sécurité, ou en plaidant pour que les États-Unis et la Russie trouvent un accord, les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne cherchent à se draper des habits du vainqueur dans une guerre contre la Syrie, leur ennemi imaginaire".
Les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne, qui imputent au régime syrien la responsabilité d'une attaque chimique meurtrière le 21 août dans les environs de Damas, prônent un recours à la menace d'une intervention militaire dans le cadre des Nations unies. La Chine et surtout la Russie, qui ont déjà bloqué trois projets occidentaux de résolution depuis le début du soulèvement en Syrie en mars 2011, s'opposent à cette perspective alors que Moscou arme le régime syrien. Le 14 septembre, les États-Unis et la Russie ont par la suite trouvé un accord sur le démantèlement d'ici la mi-2014 de l'arsenal chimique syrien afin d'éviter une intervention militaire sanctionnant le bombardement à l'arme chimique.
Damas a fabriqué des armes chimiques durant des décennies
Dans l'entretien accordé à CCTV, M. Assad a déclaré que des hommes armés pourraient entraver le travail des inspecteurs chargés d'évaluer l'arsenal chimique syrien.
"Nous savons que ces terroristes obéissent à des ordres d'autres pays et ces pays commandent aux terroristes de commettre des actes qui pourraient faire en sorte que la Syrie soit accusée de contrevenir à l'accord", a-t-il encore indiqué.
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Prié de dire si Damas disposait de beaucoup d'armes chimiques, le président syrien a répondu: "La Syrie a fabriqué des armes chimiques durant des décennies, il est donc normal qu'il y en ait d'importantes quantités dans le pays."
"Nous sommes une nation en guerre, nous avons des territoires qui sont occupés depuis plus de 40 ans, mais dans tous les cas, l'armée syrienne est entraînée à combattre en employant des armes conventionnelles", a-t-il dit.
Les armes chimiques sont entreposées "dans un cadre spécial destiné à éviter qu'elles tombent entre les mains de terroristes ou d'autres forces destructrices en provenance d'autres pays, a-t-il poursuivi. Donc il n'y a pas à s'inquiéter. Les armes chimiques sont en lieu sûr et sous le contrôle de l'armée syrienne", a poursuivi le président syrien.
Parallèlement, le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a affirmé lundi avoir informé le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, que Pékin était disposé à dépêcher des experts en Syrie pour aider Damas dans le processus de destruction de son arsenal d'armes chimiques. Pékin a en outre réitéré que la voie politique était la seule solution pour résoudre le conflit.
Les déclarations de M. Assad interviennent alors que commence, lundi au siège de l'ONU, la semaine la plus intense de l'année. Près de 200 dirigeants y passeront en revue les points chauds du globe, en priorité la guerre en Syrie, qui a fait 110.000 morts depuis mars 2011.
Le président américain Barack Obama, qui devait arriver lundi en milieu de journée à New York, son homologue français François Hollande et de nombreux autres chefs d’État et ministres se succéderont dès mardi à la tribune de cette 68e Assemblée générale, dans un cadre provisoire moins impressionnant que l'hémicycle habituel, en réfection.
Le nouveau président iranien modéré, Hassan Rohani, est très attendu. Côté syrien, c'est le ministre des Affaires étrangères Walid Mouallem qui présidera la délégation de son pays.
L'avancée jihadiste inquiète Ankara
Washington, Paris et Londres d'un côté et Moscou de l'autre s'opposent depuis dix jours sur les moyens d'appliquer le plan pour éliminer les armes chimiques syriennes. Dimanche, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a accusé les États-Unis d'exercer un "chantage" sur la Russie afin qu'elle accepte une résolution contraignante pour son allié syrien.
Si les positions se rapprochent, le Conseil de sécurité pourrait adopter une résolution dans le courant de la semaine, sortant ainsi de sa paralysie dans la crise syrienne.
Par ailleurs, le président turc s'est dit inquiet de l'avancée de groupes jihadistes dans le conflit en Syrie, dans des zones proches de la frontière turque, admettant des infiltrations de "terroristes" en territoire turc, rapporte lundi la presse turque.
"Nous n'arrivons pas à empêcher les infiltrations de terroristes malgré toutes nos précautions et le déploiement de canons et de chars" à la frontière turco-syrienne, a affirmé Abdullah Gül à la presse turque à New York où il se trouve pour l'Assemblée générale de l'ONU. "Les groupes radicaux sont une grande source de préoccupation concernant notre sécurité", a souligné le chef de l’État turc, cité par le journal Hürriyet, affirmant avoir prévenu toutes les autorités compétentes en Turquie au sujet de cette "question de sécurité vitale".
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Il a cependant reconnu que la tâche de la Turquie était ardue, compte tenu des 910 km de frontière.
Une faction dure liée à el-Qaëda s'est emparée récemment de Aazaz, ville du nord de la Syrie, située à proximité de la frontière avec la Turquie.
L'opposition turque reproche au gouvernement islamo-conservateur turc, qui a rompu avec le régime de Damas, de ne pas suffisamment sécuriser la longue frontière qui sépare les deux pays.
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commentaires (7)
C'est c'la ! Same qu'en Abkhazie-Ossétie sis Géorgie !
Antoine-Serge KARAMAOUN
10 h 02, le 24 septembre 2013