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À La Une - Éclairage

« L’avant et l’après » accord russo-américain sur l’arsenal chimique syrien

Il y a désormais un avant et un après accord russo-américain sur l’arsenal chimique syrien. C’est en tout cas ce que pense une source proche du Hezbollah, qui considère que la région a vécu une période particulièrement délicate qui aurait pu la plonger dans un enfer dont nul ne pouvait prédire comment en sortir.

Dans son analyse de la situation actuelle, la source proche du Hezbollah précise que la menace des frappes américaines sur les forces du régime était très sérieuse et elle aurait été de nature à affaiblir le régime en neutralisant ses forces aériennes et en favorisant une attaque des forces de l’opposition contre la capitale syrienne, profitant d’une certaine confusion provoquée par les bombardements aériens américains.

Même si les émissaires américains ou les médiateurs de Oman avaient tenté de rassurer les Iraniens et les Russes en parlant de frappes ciblées et d’une opération limitée dans le temps et le lieu, n’ayant pas pour objectif de faire chuter le régime, elle aurait certainement eu des conséquences graves sur le rapport des forces en Syrie et même si le régime syrien n’en serait sorti qu’affaibli, ce changement aurait été le prélude à sa chute. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les Iraniens ont bien fait comprendre qu’il n’y a pas pour eux quelque chose qui s’appelle « des frappes ciblées et une opération limitée » et la riposte serait la guerre, « une guerre dont on sait comment elle commence mais on ignore comment elle finit ».

 

Bien entendu, les alliés du régime syrien et le régime lui-même avaient multiplié les messages sur l’ampleur de la riposte qui aurait plongé l’ensemble de la région dans la guerre, une guerre dont ils ne voulaient pas. C’est pourquoi – indépendamment des raisons qui ont poussé le président américain à renoncer à ces frappes qui sont liées à trois facteurs essentiels : la défection des Britanniques, les menaces de riposte globale et l’opinion publique américaine peu favorable à une intervention en Syrie – la source proche du Hezbollah considère que l’accord russo-américain est en lui-même un point en faveur du régime syrien et de ses alliés. Si l’on considère la confrontation internationale et régionale qui se déroule en Syrie comme une bataille aux points, le dernier a donc été marqué par la Russie, l’Iran et Assad. Par contre, toujours selon la source proche du Hezbollah, les grands perdants sont la Turquie de plus en plus neutralisée dans le conflit syrien, l’opposition syrienne qui misait beaucoup sur ces frappes pour avancer ses pions sur le terrain, et l’Arabie saoudite dont certains dirigeants, notamment le ministre des Affaires étrangères, Saoud el-Faycal ,et le chef des services de renseignements, Bandar ben Sultan, n’avaient pas cessé d’appeler les États-Unis à intervenir militairement en Syrie.


Dans son analyse de la situation après la conclusion de l’accord russo-américain, la source proche du Hezbollah considère que le grand gagnant est certainement la Russie qui s’est imposée comme un partenaire à part entière des États-Unis dans la gestion des dossiers régionaux et dont la diplomatie active et le mélange d’ouverture et de messages fermes a contraint l’administration américaine à modifier sa décision, tout en lui offrant une issue honorable. En même temps, la Russie a réussi à remettre en selle l’organisation de la conférence de Genève-2 que les États-Unis avaient accepté à contrecœur et dont l’opposition syrienne et ses parrains arabes et régionaux ne voulaient pas.

 

L’Iran suit de près la Russie dans la catégorie des gagnants puisqu’elle s’est aussi imposée comme un interlocuteur régional incontournable. Les États-Unis peuvent encore être considérés comme gagnants dans la mesure où ils ont évité une action militaire dont ils ne voulaient pas, sans être déconsidérés puisqu’ils ont obtenu la mise sous contrôle de l’arsenal chimique syrien. Le président Bachar el-Assad est aussi parmi les gagnants, puisqu’il a évité une intervention militaire étrangère en Syrie qui aurait certainement augmenté le chaos dans son pays. D’autant que le temps ainsi gagné est en train de jouer en sa faveur. Non seulement les Russes et les Chinois continuent de bloquer l’adoption d’une résolution sous le chapitre VII au Conseil de sécurité, mais aussi le doute est de plus en plus semé au sujet de la partie qui aurait utilisé l’arme chimique en Syrie le 21 août dernier.

Le dernier argument avancé par Robert Fisk, spécialiste du Moyen-Orient au très sérieux quotidien britannique The Independant précise que les débris des missiles contenant du gaz chimique recueillis à Ghouta auraient montré qu’ils auraient été fabriqués en Union soviétique en 1967 et vendus à trois pays arabes : le Yémen, l’Égypte et la Libye du colonel Kadhafi. Des armes provenant de ces stocks auraient été récemment retrouvées au Mali, au Sinaï et en Algérie et nul n’ignore que les stocks du colonel Kadhafi sont contrôlés par les jihadistes de Libye qui ont envoyé beaucoup d’armes à l’opposition syrienne par le biais du Qatar. L’information reste bien entendu à vérifier, mais le doute est semé. Enfin, en parallèle à la concrétisation de l’accord russo-américain sur son arsenal chimique, le régime syrien poursuit son offensive sur le terrain. Il a désormais pour objectif de sécuriser la capitale Damas, en reprenant le contrôle des principales localités de Ghouta Est, notamment le bourg de Chabaa qui surplombe la route de l’aéroport. Il ne sera pas nécessaire, expliquent les experts militaires, de contrôler l’ensemble de la Ghouta, mais seulement les points névralgiques qui constituent une menace pour Damas. En même temps, il avance dans la région au sud-ouest de Damas, c’est-à-dire la zone frontalière avec le Liban qui comprend Kalamoun, Yabroud et Zabadani tout comme il avance aussi dans la région de Homs. S’il parvient à contrôler le sud, le centre et le littoral de la Syrie, Assad aura marqué un grand point sur le terrain, quitte à laisser pour l’instant le nord, où d’ailleurs d’une part les rebelles se battent contre les Kurdes, et d’autre part, les factions de l’opposition se battent entre elles, dans une volonté marquée de chacune d’entre elles de s’imposer comme l’interlocuteur principal au nom de l’opposition. C’est dire que la donne a quand même changé...

 

 

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