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À La Une - Liban-Campus

« Je ne suis plus un enfant ! »

La fin de l’adolescence et l’entrée dans le monde adulte peuvent être le prolongement d’une période très tumultueuse. Avis et témoignages.

Christie Melki, étudiante en première année de traduction à l’Université libanaise.

« Adolescent, je voyais mon frère aîné sortir avec ses amis sans prendre la permission de mon père. J’ai tant souhaité être à sa place ! Moi, j’étais obligé de donner un compte rendu détaillé à mes parents à chaque fois que je voulais sortir », se rappelle Roland Hachem, 20 ans. Avec le temps, les tensions entre le jeune étudiant en biochimie à l’UL et sa famille se sont aggravées et les disputes ont dégénéré. « Quand j’ai eu 18 ans, j’ai quitté notre maison, située dans un village du Metn, contre la volonté de mes parents et je me suis installé dans un foyer à Beyrouth. Mes parents ont essayé de me faire changer d’avis, en vain. Pour moi, c’était clair : je suis dorénavant adulte, donc libre de vivre comme je veux », affirme avec force le jeune homme. 


Pourtant, Roland admet que ce n’est pas facile de vivre seul. « J’étais en première année à l’université, et le peu d’argent que j’avais économisé avant de quitter la maison familiale n’a pas duré longtemps. Il fallait trouver un travail, cuisiner, faire le ménage et étudier. » Roland a vécu environ cinq mois en foyer. « Rien ne peut remplacer le sentiment de sécurité que j’avais lorsque je vivais sous le toit familial », poursuit-il. Aujourd’hui, le jeune homme vit de nouveau avec sa famille. « J’ai regretté d’avoir quitté. À mon retour, j’ai présenté mes excuses à mes parents. Mon père m’en voulait. Mais nous avons vraiment discuté et, depuis, on se comprend beaucoup mieux. » 


Abir Karam, 19 ans, est consciente de « l’impossibilité de s’émanciper lorsqu’on dépend de quelqu’un ». Pour la jeune fille, « devenir adulte ne signifie pas nécessairement quitter le domicile familial, mais c’est avoir un esprit mûr et réfléchi, savoir ce qui est bon et ce qui est mauvais ».
« Les jeunes qui se révoltent pour se libérer de l’emprise de leurs parents ne pensent pas à la difficulté de la vie loin de ces derniers qui leur assurent la sécurité financière et morale », ajoute-elle. La jeune étudiante en droit poursuit : « Il y avait souvent des malentendus entre mes parents et moi. Je voulais dès l’âge de 16 ans me sentir libre, ne pas tout raconter à ma mère, sortir seule avec mes amis et rentrer tard à la maison. Un jour, j’ai même menacé mes parents de quitter la maison et d’aller vivre ailleurs. Leur réaction ? Ils ont confisqué mon téléphone portable et m’ont interdit de sortir les week-ends. » Abir raconte son expérience en souriant. « Aujourd’hui, j’ai compris... D’ailleurs, cela est bien derrière moi maintenant. » 


Christie Melki, étudiante en première année de traduction à l’Université libanaise, trouve que les parents jouent un rôle déterminant pendant cette période de transition. « Je comprends l’enthousiasme des jeunes à vouloir à tout prix se libérer. Mais, personnellement, si je n’ai pas vécu cela, c’est grâce à mes parents. Ils m’ont préparée et accompagnée aux changements qu’entraîne l’adolescence. Ils étaient des “amis” avant d’être des “parents”. Nous avons pu ainsi éviter les conflits et les problèmes propres à cette période. »

Une période de transformation à tous les niveaux
Étudiante en master de psychologie à l’USJ, Céline Raad justifie le sentiment de révolte des jeunes : « Avant de devenir adulte, le jeune passe par une période de transformation à tous les niveaux : personnel, émotionnel, social et physique. En confrontant le monde familial à la société, il se rend compte que ses parents ne sont pas des superhéros et que les valeurs qu’ils lui ont inculquées ne sont pas les seules qui existent. La confrontation de ces deux mondes va lui permettre de construire son monde à lui, avec ses valeurs et ses croyances. Lorsque le jeune entre en conflit avec ses parents, ce n’est donc pas pour les embêter, mais pour se construire. »
Les comportements d’opposition des jeunes ne sont donc pas mauvais en eux-mêmes. Mais ils deviennent inquiétants lorsqu’ils sont pathologiques. « Les conduites à haut risque, la violence envers soi ou les autres – l’automutilation, la violence physique ou morale envers autrui –, les comportements “ bizarres ” – discours illogiques, trop grand isolement, humeur dépressive – doivent alerter les parents », avertit Céline.
S’émanciper n’est pas une tumultueuse histoire lorsque les parents comprennent les jeunes et les aident à construire leur propre personnalité, même si cela implique la disparition de certaines valeurs. Pour construire, il faut parfois détruire...

Renata MOUAWAD
Étudiante en deuxième année de presse, faculté d’information et de documentation de l’UL, section II.

« Adolescent, je voyais mon frère aîné sortir avec ses amis sans prendre la permission de mon père. J’ai tant souhaité être à sa place ! Moi, j’étais obligé de donner un compte rendu détaillé à mes parents à chaque fois que je voulais sortir », se rappelle Roland Hachem, 20 ans. Avec le temps, les tensions entre le jeune étudiant en biochimie à l’UL et sa famille se sont...
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