De gauche à droite, les ministres sortants Mansour (AE), Jreissati (Travail), Cortbaoui (Justice) et Charbel (Intérieur). Photo Dalati et Nohra
Le ministre sortant de l’Intérieur Marwan Charbel a annoncé hier, lors d’un point de presse, que les forces de sécurité prendront en charge à partir de lundi prochain la sécurité de la banlieue sud de Beyrouth. « La sécurité privée est refusée », a lancé M. Charbel, faisant allusion aux barrages de contrôle mis en place par le Hezbollah dans la banlieue sud après les attentats meurtriers qui ont secoué le fief du parti chiite il y a plusieurs semaines. « J’ai pris la décision de convoquer 2 000 membres des FSI en banlieue pour rendre ces dernières plus prêtes à préserver la sécurité », a-t-il ajouté.
L’agence al-Markaziya avait sur ce plan révélé hier que la prise en charge de la sécurité de la banlieue par l’État allait se concrétiser dans les jours à venir, et que des concertations entre les forces de l’ordre et le Hezbollah sont en cours depuis trois semaines pour assurer plus de cinq mille membres pour la protection de la région, quitte à prélever ces membres d’éléments de l’armée. Cette dernière tenterait à l’heure actuelle de lancer une campagne d’appel au volontariat, pour combler le manque dans ses effectifs dans la région du Liban-Sud, d’où de nombreux soldats ont été expédiés pour veiller sur des zones en crise, à Tripoli et à Beyrouth.
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Par ailleurs, M. Charbel a indiqué que les pèlerins libanais, enlevés depuis mai 2012 en Syrie, ne se trouvent pas actuellement en Turquie. « Ils sont dans en endroit sûr en Syrie », a-t-il déclaré, tout en assurant que les Turcs « sont sérieux » dans leurs efforts visant à libérer les otages.
Cette déclaration intervient au lendemain de la prise, par des combattants liés à el-Qaëda, de la ville syrienne de Aazaz près de la frontière turque, où seraient détenus les otages libanais. Les ravisseurs des neuf pèlerins chiites, enlevés le 22 mai 2012 dans la province d’Alep, avaient assuré mercredi à leurs proches que les otages sont sains et saufs. Les propos de M. Charbel ont été tenus à la suite d’une réunion de la commission ministérielle chargée de trouver une solution à l’affaire des otages de Aazaz, présidée par le ministre sortant du Travail Sélim Jreissati et à laquelle ont participé Marwan Charbel, le ministre sortant des Affaires étrangères Adnane Mansour et le ministre sortant de la Justice Chakib Cortbaoui. Au terme de la réunion, le ministre Jreissati a affirmé de son côté que les « pèlerins sont sains et saufs et en bonne santé », et qu’ils ne se trouvent plus à Aazaz. Il a en outre révélé que « des concertations intensives entre Marwan Charbel et les commissaires chargés de négocier cette affaire avec les ravisseurs ont eu lieu la veille pour tenter d’aboutir à la libération des otages ». Pour sa part, le ministre Cortbaoui a rappelé qu’« une plainte est déposée contre les trois ravisseurs détenus dans l’affaire du rapt des deux pilotes turcs », réitérant la nécessité de laisser la justice prendre son cours à ce sujet.
À Laylaki, Hjoula vs Zeaïter
Pour en revenir à l’autosécurité qui fait toujours polémique au pays et que Marwan Charbel a clairement stigmatisée hier, le courant du Futur a lui aussi eu son mot à dire sur ce plan. Le député Nohad Machnouk a ainsi déclaré hier que « les Libanais en général, y compris les habitants de la banlieue sud, refusent cette notion de sécurité privée et le fait d’être fouillés et inspectés par des personnes non officielles ». Le député Machnouk a affirmé aussi que « l’inspection aux barrages du Hezb se fait selon des critères sectaires et confessionnels », estimant que « le parti est dans un grand pétrin ». M. Machnouk a accusé le gouvernement de « faciliter les violations commises par le Hezbollah et son empiètement sur l’État ».
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La polémique autour des barrages du parti chiite se poursuit alors que les incidents sécuritaires dans la banlieue se poursuivent. Hier, les affrontements entre les deux familles Hjoula et Zeaïter ont repris, dans l’après-midi, dans la localité de Laylaki, sur fond d’anciens différends. Des armes ont été utilisées et des coups de feu ont été échangés. Le comité populaire des citoyens de Laylaki avait appelé à établir des barrages d’amitié cet après-midi pour appeler au calme et à la paix, mais il est revenu sur sa décision à la suite des accrochages.
Pour mémoire
Maha Rifaï, journaliste, insultée et humiliée à un barrage du Hezb
Le Hezbollah justifie ses mesures d’autosécurité par « l’incompétence de l’État »
Mort de rire.
15 h 16, le 21 septembre 2013