Le rassemblement de Sayidat al-Jabal regroupe, rappelle-t-on, un grand nombre de personnalités chrétiennes, plus spécifiquement des personnalités politiques, des journalistes, des universitaires, des cadres supérieurs et des militants des droits de l’homme qui ont joué un rôle de premier plan dans la révolution du Cèdre et dans le courant du 14 Mars. La réunion d’hier a eu lieu en présence, notamment, des anciens députés Samir Frangié, Farès Souhaid et Salah Honein, de l’ancien bâtonnier de Beyrouth, Michel Lyane, de l’ancien général Adel Sassine et de MM. Nawfal Daou, membre du secrétariat général du 14 Mars, et Melhem Riachi, responsable du département de l’information des Forces libanaises.
À l’issue des débats, M. Salah Honein a donné lecture du communiqué suivant :
« Depuis le début du soulèvement syrien en 2011, des tentatives incessantes sont menées pour pousser les chrétiens du Liban à soutenir le régime syrien, et cela sous le prétexte que sa chute entraînerait l’arrivée au pouvoir d’extrémistes musulmans. Les tenants de cette politique ne font à aucun moment mention du rôle capital que ce régime a joué dans la guerre du Liban et occultent totalement sa responsabilité dans la tragédie que vit aujourd’hui la Syrie et qui a fait jusque-là plus de 200 000 morts et provoqué l’exode de 6 millions de personnes à l’intérieur de la Syrie et en direction du Liban, de la Jordanie et de la Turquie.
« Cette politique fait peser une grave menace sur l’avenir des chrétiens, car elle les rend complices d’un crime contre l’humanité condamné par la communauté arabe et internationale, et remet en question les acquis réalisés dans la longue lutte qu’ils ont menée tout au long de leur histoire pour la défense de la liberté et le respect de la personne humaine, se retrouvant aujourd’hui poussés à soutenir les bourreaux contre leurs victimes.
« Cette politique les expose également au danger de passer du statut de communauté concernée par l’avenir du Liban et de toute la région à celui de minorité uniquement intéressée par la défense de ses “droits” propres et les condamne à se retrouver en marge de l’histoire qui s’écrit aujourd’hui dans le monde arabe, se privant ainsi de tout rôle dans ce nouveau monde qui commence à émerger, alors même qu’ils avaient participé, avec le printemps de Beyrouth en 2005, à donner le coup d’envoi au printemps arabe.
« Comment protéger les chrétiens des dangers qui les menacent ?
« La seule voie de salut pour les chrétiens comme pour les musulmans est de mener ensemble la bataille pour une paix durable au Liban.
« Il leur faut pour cela agir avant qu’il ne soit trop tard en vue de :
« 1. Mettre un terme à l’instrumentalisation de la religion à des fins politiques et imposer leur droit à être reconnus en tant que citoyens dans un État libéré des contraintes communautaires, un État civil, fondé sur la séparation entre la religion et l’État, qui assurerait aux citoyens leurs droits en toute égalité.
« 2. Imposer leur droit de vivre en paix dans un pays qui ne soit pas menacé en permanence par les pays qui l’entourent et cela en proclamant, comme le mentionne la déclaration de Baabda, la neutralité du Liban et en réclamant la mise en application des résolutions internationales qui restituent à l’État le monopole de la force qu’il a perdue en 1969 avec l’accord du Caire.
« 3. Mener ensemble la bataille contre les extrémistes de tous bords, les extrémistes islamistes dans nos régions et les extrémistes islamophobes qui continuent en Occident à soutenir la dictature syrienne, et jeter les bases d’une nouvelle culture, une culture de la paix et du vivre-ensemble, face à la culture de la violence et de l’exclusion qui demeure dominante.
« 4. Entreprendre notre travail de mémoire pour tirer les leçons de la guerre et être ainsi en mesure d’aborder sereinement notre avenir commun et de jouir en paix avec nous-mêmes et avec les autres de la douceur de vie qu’engendrent la diversité exceptionnelle de notre société et cette extraordinaire capacité à nouer des liens entre nous et avec le monde.
« 5. Jeter avec les Syriens qui luttent pour leur liberté et leur dignité les bases d’un nouveau Machreq, un “Machreq du vivre-ensemble”, pacifié de toutes les violences qu’il a connues depuis 60 ans, capable de renouer avec la tradition historique de la “Nahda” (renaissance) arabe et de constituer un pôle de renouvellement pour l’ensemble du monde arabe. »
commentaires (7)
Même inciter les incroyants ...c'est dangereux pour leurs avenir....
M.V.
11 h 13, le 15 septembre 2013