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Économie - Budget

Le déficit public de la France dérape sans trop émouvoir

La présentation des grandes lignes du budget français illustre une tendance de fond au niveau européen, voire international, qui voit la croissance supplanter la rigueur budgétaire dans l’ordre des priorités.
Le budget 2014 de la France, dont plusieurs pans ont été dévoilés mercredi, a été d’abord conçu pour « ne pas obérer la croissance », a fait savoir le président français François Hollande.
Et si plusieurs ministres ont souligné le caractère exceptionnel de l’effort de réduction de 15 milliards d’euros des dépenses publiques l’an prochain, ce n’est très clairement pas ce souci de discipline budgétaire qui a retenu l’attention des commentateurs.
Quant à l’annonce de nouvelles prévisions aggravées de déficit, à 4,1 % du produit intérieur brut cette année, puis 3,6 % en 2014, elle n’a guère ému les marchés. Depuis le printemps, le gouvernement tablait officiellement sur un déficit de 3,7 % cette année, passant à 2,9 % l’an prochain.
Les nouveaux chiffres n’ont pourtant eu aucun effet sur les taux d’emprunt de la France, qui ont même reculé mercredi.
« Ce dérapage (du déficit) était largement anticipé », souligne auprès de l’AFP Olivier Garnier, économiste du groupe Société générale. Le ministre de l’Économie et des Finances Pierre Moscovici avait lui-même préparé les esprits à cette mauvaise nouvelle.
Quelle « marge de sécurité »? Reste à savoir ce qu’en dira la Commisison européenne, à laquelle la France promet toujours de ramener son déficit sous la limite européenne de 3 % en 2015, et qui réserve pour l’instant son jugement.
« S’écarter à nouveau des objectifs n’est pas bon en termes de crédibilité », souligne M. Garnier qui, même s’il juge le nouveau cadrage du gouvernement « défendable », rappelle que « la marche à franchir pour arriver à 3 % en 2015 est désormais plus haute ».
Quel que soit le verdict de Bruxelles, les annonces françaises interviennent dans un contexte européen et international qui a beaucoup évolué.
Il n’est qu’à voir le communiqué la semaine dernière des vingt principales puissances économiques mondiales (G20), réunies à Saint-Pétersbourg, et cette formulation prudente : « Les pays avancés du G20 s’engagent à maintenir une approche flexible pour la mise en œuvre de leurs stratégies budgétaires, tout en restant attachés au principe de finances publiques durables. »
Il y a trois ans, lors du sommet de Toronto, les mêmes pays s’engageaient sur un calendrier et des objectifs chiffrés de réduction des déficits. Lesquels ont été enterrés sans tambour ni trompette, et en particulier sans protestation de l’Allemagne, grand chantre de la discipline budgétaire, qui se trouve il est vrai en pleine campagne électorale.
Désormais, la directrice générale du Fonds monétaire international Christine Lagarde dit « espérer que la zone euro a franchi le cap » de la crise. Et même le bras de fer du Portugal avec Bruxelles sur ses déficits, ou des spéculations sur une nouvelle aide à la Grèce, peinent à troubler les esprits.
Désormais, les inquiétudes s’attachent surtout aux grands pays émergents, tandis que, pour reprendre une expression de M. Moscovici, la crise de la zone euro est devenue une « crise dans la zone euro », avec de nombreux pays toujours minés par le chômage de masse et le marasme économique.
Mais pour certains économistes, la relative indifférence ayant accueilli la dégradation des perspectives budgétaires françaises pourrait être de courte durée.
« Le gouvernement ne prend quasiment aucune marge de sécurité. Si la croissance en 2014 devait décevoir (+0,9 % attendu dorénavant contre 1,2 % précédemment), (Paris) serait dans l’obligation de revoir sa copie au cours de l’année », estiment ainsi trois économistes de CM-CIC Securities dans une note.
« Il y a donc un risque d’instabilité du cadre fiscal en 2014 alors que le gouvernement s’était engagé à supprimer cette incertitude », préviennent-ils.
(Source : AFP)
Le budget 2014 de la France, dont plusieurs pans ont été dévoilés mercredi, a été d’abord conçu pour « ne pas obérer la croissance », a fait savoir le président français François Hollande.Et si plusieurs ministres ont souligné le caractère exceptionnel de l’effort de réduction de 15 milliards d’euros des dépenses publiques l’an prochain, ce n’est très clairement pas...
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