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À La Une - Eclairage

Avant de trancher sur la Syrie, les élus américains regardent chez eux

Photo AFP

Primaires en 2014, lassitude envers la guerre, précédent irakien ou encore rejet d'Obama: pour les élus du Congrès américain, les raisons abondent pour ne pas autoriser une intervention militaire en Syrie, mais toutes passent par les électeurs de leurs circonscriptions.

 

Le président Barack Obama a continué samedi à plaider en faveur de frappes contre Damas, exhortant les élus à ne "pas rester aveugle devant les images de Syrie que nous avons vues", en allusion aux attaques à l'arme chimique du 21 août, qui ont fait des centaines de morts, tandis que les ministres européens des Affaires étrangères ont appelé à une "réponse claire et forte" à ces attaques.

 

L'opposition aux frappes se compose de trois groupes principaux:

 

- les républicains ultra-conservateurs affiliés au Tea Party: isolationnistes, ils estiment que les États-Unis n'ont rien à faire dans une guerre civile entre Syriens. C'est la frange incarnée par le sénateur Rand Paul, un ophtalmologiste du Kentucky (centre-est), dont le slogan pourrait être "l'Amérique d'abord".

 

- les démocrates anti-guerre: ils ont voté contre la guerre en Irak et l'intervention en Libye, et sont prêts à voter contre Barack Obama pour rester fidèles à leurs principes. Combien oseront se rebeller? Un indice: en juin 2011, 70 démocrates de la Chambre (sur 192) avaient voté contre une résolution qui aurait validé a posteriori la campagne militaire en Libye initiée trois mois plus tôt.

 

- les républicains et démocrates plutôt interventionnistes mais qui affirment que le conflit est désormais trop avancé. Pour eux, il aurait fallu faire tomber le président Bachar el-Assad il y a un an. Ils estiment que des bombardements risquent de favoriser les extrémistes.

"Qui va remplir le vide après la chute d'Assad?", a demandé Michael McCaul, président de la commission de la Sécurité intérieure, au secrétaire d'Etat John Kerry mercredi.

 

 

(Lire aussi: Le G20 coupé en deux par le dossier syrien)

 

 

Or la totalité des 435 sièges de la Chambre des représentants, et 35 des 100 sièges du Sénat, seront renouvelés en novembre 2014, et tous les sortants devront d'abord survivre aux primaires.

"Les élections primaires ont lieu dans moins d'un an, et les candidats surveillent leurs arrières en se demandant s'ils vont devoir affronter quelqu'un de leur propre parti parce qu'ils ont pris position en faveur du président", explique à l'AFP l'ancien sénateur républicain Jon Kyl.

Les républicains craignent particulièrement d'être dépassés sur leur droite par des "insurgés" étiquetés Tea Party.

 

 

Les "pour, on ne les entend pas"

Sondages après sondages révèlent une opinion publique sceptique, voire réticente: selon une enquête de l'institut Gallup publiée vendredi, 51% des Américains sont opposés à des frappes en Syrie (36% favorables). Une proportion plus importante qu'avant le déclenchement des guerres du Golfe (1991), du Kosovo (1999), d'Afghanistan (2001) et d'Irak (2003), selon Gallup.

 

Selon un décompte du Washington Post vendredi soir, 224 membres de la Chambre des représentants (sur 433) avaient pris position ou penchaient contre une intervention.

Les électeurs les plus rétifs le font savoir aux élus en les inondant de courriers et appels téléphoniques, et en les interpellant en public.

 

(Lire aussi : Satisfaits des soutiens recueillis, Washington et Paris affinent leurs plans)

 

"Ils sont catégoriquement opposés à une intervention militaire. (...) Ceux qui sont pour, on ne les entend pas", a raconté vendredi à l'AFP le représentant républicain Kevin Cramer, depuis le Dakota du Nord (nord), où il venait de tenir une réunion publique.

 

En définitive, les soutiens d'Obama admettent qu'ils froisseront leurs électeurs en approuvant les frappes, mais ils estiment que la crédibilité des États-Unis en dépend.

 

"Cela me pèse, évidemment", a reconnu la démocrate Dianne Feinstein, sénatrice de Californie (ouest) et présidente de la commission du Renseignement. "Il n'y a aucun doute que les messages qu'on reçoit sont quasiment tous négatifs".

"Mais, vous savez, ils ne savent pas ce que je sais", justifie-t-elle. "Après 20 ans, j'ai acquis une certaine compétence pour séparer le bon grain de l'ivraie, et pour comparer là où nous en sommes aujourd'hui à là où nous étions avant d'aller en Irak", ajoute la démocrate, en assurant que les preuves de l'implication du régime Assad dans les attaques chimiques sont, cette fois, solides.

 

 

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