À moins d’un miracle, Peer Steinbrück sera le grand perdant des élections allemandes face à Angela Merkel. Maurizio Gambarini/AFP
Angela Merkel, qui a longtemps soutenu l’option d’une politique de rigueur afin de résoudre la crise au sein de la zone euro, brigue un troisième mandat à l’occasion des élections législatives le 22 septembre. Mais pour le chef de file de l’opposition sociale-démocrate, Mme Merkel est responsable d’avoir écrasé les pays du sud de l’Europe sous le poids d’une politique d’austérité.
« J’aurais suivi une stratégie de crise différente », a expliqué Peer Steinbrück. « Bien sûr, il fallait une consolidation budgétaire dans ces pays mais pas à dose mortelle », a-t-il ajouté. « L’Allemagne a elle aussi reçu de l’aide et il ne faut pas l’oublier. L’Allemagne a été aidée d’une manière massive après la Seconde Guerre mondiale avec le plan Marshall », a-t-il rappelé.
Le débat, qui a été regardé par quelque 15 millions de téléspectateurs, était considéré comme l’une des dernières chances du leader du SPD de faire décoller sa campagne électorale alors qu’il est devancé par la chancelière depuis le début. Cette dernière a rappelé que c’est sous le gouvernement du chancelier social-démocrate Gerhard Schröder que la Grèce avait été autorisée à rejoindre la zone euro et que les règles budgétaires européennes avaient été assouplies.
Il n’en reste pas moins que la question de l’Europe a occupé peu de place dans le débat électoral jusqu’au mois dernier lorsque est apparue la possible nécessité d’un troisième plan de sauvetage de la Grèce après les élections. L’économie de l’Allemagne a mieux résisté que celle de ses partenaires européens lors de la crise de 2009 avec un taux de chômage qui approche désormais ses plus bas niveaux depuis la réunification en 1990. M. Steinbrück a toutefois rappelé que sept millions d’Allemands disposaient d’un salaire horaire inférieur à 8,5 euros qui est le minimum que le SPD a proposé d’imposer en augmentant l’impôt des contribuables les plus aisés. « Les projets d’une hausse des impôts des sociaux-démocrates et des Verts portent en eux le risque d’une dégradation de la bonne situation que nous devons au contraire améliorer », a répondu Angela Merkel.
Les deux adversaires ont également abordé la question de la situation en Syrie pour exclure une participation allemande à une intervention militaire, très impopulaire dans l’opinion publique. Un sondage publié la semaine passée par Infraset Dimap montrait que 54 % des Allemands souhaitaient que Merkel demeure chancelière contre 28 % qui voulaient la voir remplacée par Steinbrück.
La coalition conservatrice composée de la CDU et de la CSU compte 16 points d’avance sur le SPD à trois semaines du scrutin.