« Le pardon libère l’âme, il fait disparaître la peur. C’est pourquoi le pardon est une arme si puissante » : prix Nobel de la paix 1993, M. Mandela avait résumé, en une phrase devenue mythique, la vision du monde et de l’humanité qui a fait de lui l’un dirigeants les plus populaires du XXe siècle.
En prison, puis lors des négociations qui ont conduit à la chute du régime, et enfin comme président, il ne s’est jamais départi de cette fermeté sereine qui a fait sa réputation : intransigeant sur ses objectifs, il a aussi toujours traité les autres, y compris ses geôliers, avec respect et humanité.
Qualifié un jour d’« icône mondiale de la réconciliation » par Desmond Tutu, l’une des hautes figures de la lutte antiapartheid, Nelson Mandela le pragmatique n’a jamais prôné ni religion ni idéologie. Juste un humanisme à l’africaine, profondément nourri de la culture de son peuple, les Xhosas.
Ni Lénine ni Gandhi, celui que ses compatriotes appellent affectueusement Madiba, de son nom de clan, ne s’est jamais enfermé non plus dans une ascèse révolutionnaire. Jeune homme, il aimait le sport, il a été boxeur amateur, les costumes bien taillés et entretenait joyeusement une réputation de séducteur.
« Loin d’assumer un rôle divin, Mandela est au contraire pleinement et absolument humain : l’essence de l’être humain dans tout ce que ce mot devrait, pourrait signifier », a écrit sa compatriote Nadine Gordimer, Prix Nobel de littérature. « Il a souffert et végété en prison pendant plus d’un tiers de sa vie, pour en sortir sans un mot de vengeance », note-t-elle. « Il a supporté tout cela, c’est évident, non seulement parce que la liberté de son peuple est son souffle vital, mais parce qu’il est l’un de ces rares êtres pour qui la famille humaine est sa propre famille. »