Angela Merkel répète à l’envi que l’Allemagne ne peut briller que dans une zone euro forte. Odd Andersen/AFP
Mme Merkel, qui caracole en tête des sondages notamment parce que les Allemands apprécient sa gestion de la crise de l’euro, a lancé au cours d’une réunion électorale devant plusieurs centaines de personnes à Rensburg (Nord) : « La crise a mis plusieurs années à émerger, en raison d’erreurs constitutives à l’euro – par exemple, la Grèce n’aurait jamais dû être admise dans la zone euro. »
Évoquant une décision « fondamentalement erronée », selon les images des télévisions allemandes diffusées hier, la chancelière conservatrice a accusé son prédécesseur social-démocrate (SPD), Gerhard Schröder, d’avoir consenti en 2001 à ce que la Grèce rejoigne l’euro, affaiblissant ainsi la stabilité de la monnaie unique.
Samedi, elle avait déjà attaqué le SPD sur ce thème, assénant : « Ce n’est pas à ceux qui ont admis la Grèce dans la zone euro de nous dire qu’aujourd’hui nous avons des problèmes avec la Grèce. »
La crise de la zone euro et la facture que devraient éventuellement acquitter les contribuables allemands se sont invitées tout récemment dans la campagne pour les élections législatives du 22 septembre, généralement considérée comme ennuyeuse et sans débats.
Mme Merkel est de loin la personnalité politique préférée des Allemands, avec une cote de popularité dépassant d’une trentaine de points celle de son rival SPD Peer Steinbrück, selon des sondages concordants.
Alors que la Grèce ou l’Espagne sont en récession et connaissent, comme la France, un chômage galopant, l’Allemagne, première économie européenne, devrait, selon le Fonds monétaire international (FMI), connaître une croissance de 0,3 % cette année, et 6,8 % seulement de sa population active est sans emploi.
C’est le ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, qui a lancé dans la campagne électorale le débat sur la Grèce la semaine dernière, en admettant qu’Athènes aurait besoin d’un troisième plan d’aide, ce qu’il ne considérait jusqu’alors que comme une éventualité.
Le SPD a immédiatement profité de cette déclaration d’un fidèle de la chancelière pour accuser le gouvernement Merkel de tromper les électeurs en reportant à l’après-scrutin l’annonce d’une décision qui pourrait affecter le contribuable allemand.
Peer Steinbrück, qui fut ministre des Finances de Mme Merkel dans la « grande coalition » conservateurs/sociaux-démocrates (2005-2009), s’est engagé à réclamer des explications à sa rivale à l’occasion de leur débat télévisé dimanche.
Il a accusé la coalition des conservateurs (Union chrétienne-démocrate/Union chrétienne-sociale, CDU/CSU) et libéraux (FDP) d’avoir « distribué des somnifères et dissimulé le fait que la stabilisation de la zone euro aurait un coût ».
À contre-courant de l’opinion publique, M. Steinbrück s’est prononcé en faveur d’une solidarité plus grande envers les pays du sud de l’Europe, rappelant à quel point l’Allemagne en ruine avait été soutenue par ses voisins pour se relever après la guerre.
Après la petite phrase de M. Schäuble, l’ancien chancelier Schröder, généralement en retrait dans la campagne 2013, avait dénoncé le grand « mensonge » de la chancelière.
Et le président du SPD, Sigmar Gabriel, a pronostiqué : « Cela va faire comme avec le chancelier Helmut Kohl qui avait promis que la réunification allemande ne coûterait rien. »
Mme Merkel répète à l’envi que l’Allemagne ne peut briller que dans une zone euro forte, et défend des aides aux pays du Sud en échange de leur engagement à une discipline budgétaire stricte.
(Source : AFP)