Shell s’est fixé un objectif de production de 175 000 barils/jour « d’ici à la fin de l’année ». Adrian Dennis/AFP/Getty Images
Cette lettre, datée du 21 juillet dernier, critique fortement la compagnie pétrolière en raison de retards dans l’exploitation du champ pétrolifère géant de Majnoon, dans le sud de l’Irak, alors que les exportations de pétrole irakien ont atteint leur plus bas niveau depuis 16 mois malgré les efforts de Bagdad pour s’assurer un rôle de producteur de pétrole de premier plan dans le monde.
La lettre révèle une frustration croissante au sein du gouvernement concernant les exportations de pétrole, qui comptent pour une part importante des revenus de l’État irakien alors qu’un conflit avec la région autonome du Kurdistan irakien a entraîné la suspension des exportations depuis cette région, et que les exportations via un oléoduc qui traverse la Turquie ont marqué le pas par rapport aux années précédentes.
Deux sources informées de cette lettre ont confirmé son authenticité à l’AFP, tout en refusant d’être citées.
La lettre a été adressée au vice-président de Shell en Irak, Hans Nijkamp, et porte l’en-tête du service chargé des contrats au ministère irakien du Pétrole.
La lettre déplore que « la production du champ de Majnoon a été arrêtée pendant une période inacceptable » et estime que « les pertes de production combinées » à Majnoon ont atteint 44 millions de barils de pétrole.
« En conséquence, l’Irak a subi des pertes directes que nous avons estimées de manière conservatoire à 4,6 milliards de dollars », ajoute la lettre rédigée en anglais.
« L’Irak continue à subir des pertes quotidiennes du fait de l’échec de Shell à remplir les obligations de son contrat », poursuit la lettre.
Un consortium de Shell et de la compagnie pétrolière malaisienne Petronas a signé un contrat avec Bagdad en janvier 2010 pour exploiter le champ de Majnoon, dans le sud de l’Irak, qui dispose de réserves prouvées de 12,58 milliards de barils de pétrole.
Shell détient 45 % dans ce projet et Petronas 30 %, le reste étant détenu par une société d’état irakienne.
Le contrat d’exploitation du champ de Majnoon a été attribué au consortium lors d’enchères en 2009.
Dans un communiqué transmis par courriel à l’AFP, le porte-parole de Shell, Diego Perez, a indiqué que lors d’inspections et de travaux entamés à la fin de l’année dernière, « la nécessité d’importants travaux supplémentaires est apparue ».
« La sécurité de nos personnels et de nos biens demeure notre priorité en Irak et nous travaillons à remettre les installations en état satisfaisant pour assurer une exploitation sûre et fiable », a-t-il ajouté.
« Les opérations de forage destinées à relancer la production ont été réalisées avec succès et nous espérons rouvrir les puits dans un proche avenir, puis effectuer une courte période de tests », a encore précisé le porte-parole.
M. Perez a ajouté que Shell s’est fixé un objectif de production de 175 000 barils/jour « d’ici à la fin de l’année ».
(Source : AFP)