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À La Une - conflit

Brahimi : La Syrie est la plus grande menace contre la paix mondiale

Après le massacre de Ghouta, Moscou rejette tout recours à la force.

Un rebelle syrien en train de prier, le 22 août 2013, à Deir ez-Zor. REUTERS/Khalil Ashawi

Le conflit syrien est la plus grande menace actuelle contre la paix mondiale, surtout depuis l'usage présumé d'armes chimiques lors d'une attaque près de Damas, a averti vendredi l'envoyé spécial de la Ligue arabe et de l'ONU, Lakhdar Brahimi.

 

"Les allégations selon lesquelles les armes chimiques ont été utilisées à quelques kilomètres du coeur de Damas soulignent l'ampleur de cette crise et ses dangers, non seulement pour le peuple syrien mais aussi pour le monde", a déclaré M. Brahimi dans une interview diffusée vendredi par la chaine de télévision de l'ONU et dans laquelle il appelle les différentes parties à venir s'assoir à la table des négociations.

 

M. Brahimi essaye depuis des mois de réunir dans une même conférence de la paix, appelée Genève 2, des représentants du régime du président syrien Bachar el-Assad et de l'opposition. "Le problème c'est que chaque partie prenante à cette guerre civile pense gagner sur le plan militaire", alors que l'ONU estime qu'il ne peut pas y avoir de solution militaire. "Personne ne va gagner. a déclaré M. Brahimi. Il ne peut y avoir qu'une solution politique, et le plus tôt on y travaillera, le mieux ce sera".

 

(Chronologie : Les développements autour de l'utilisation d'armes chimiques en Syrie)

 

Des représentants russes et américains se rencontreront la semaine prochaine à La Haye, pour discuter de la "possibilité d'organiser une autre réunion tripartite à Genève entre les Etats-Unis, la Russie et l'ONU", a précisé Lakhdar Brahimi. L'objectif de cette troisième réunion tripartite (la précédente a eu lieu le 25 juin) sera de préparer la conférence "Genève 2", pour laquelle aucune date n'a encore été fixée.

 

L'opposition syrienne accuse le régime d'avoir perpétré une attaque aux armes chimiques mercredi dans la Ghouta et à Mouadamiyat al-Cham, des secteurs à la périphérie de Damas aux mains des rebelles. Elle avant un bilan de 1.300 morts. A l'appui de leurs accusations, les militants anti-régime ont diffusé des vidéos de personnes inanimées ne portant aucune trace de sang ou de médecins administrant de l'oxygène à des hommes ou des enfants pour tenter de les aider à respirer, des images qui ont provoqué l'indignation du monde entier.

L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui s'appuie sur un large réseau de militants et de médecins, a, quant à lui, comptabilisé 170 morts et n'a pu confirmer l'utilisation d'armes chimiques. Le régime a de son côté nié en bloc l'utilisation de telles armes, un haut responsable de la sécurité estimant qu'avoir recours à ces armes, alors même que des experts de l'ONU se trouvent en Syrie, aurait été "un suicide politique".

 

 

"Crime contre l'humanité"

Vendredi, le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague a déclaré que, selon Londres, les bombardements près de Damas, mercredi, sont "une attaque chimique du régime" syrien. "C'est quelque chose qu'un monde humain et civilisé ne peut pas ignorer", a-t-il jugé dans une intervention diffusée sur Sky News et la BBC.

M. Hague a rejeté toute hypothèse suggérant que l'attaque aurait pu être truquée par les rebelles syriens pour faire accuser à tort le régime d'Assad.

 

Il a précisé s'être entretenu avec le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, le chef de la diplomatie américaine John Kerry et des responsables de "beaucoup d'autres pays" comme les ministres turc et qatari des Affaires étrangères. Il a indiqué espérer parler avec mon homologue russe plus tard dans la journée.

"Notre priorité en ce moment est de nous assurer que l'équipe des Nations unies peut enquêter sur le terrain pour établir les faits", a également dit M. Hague.

 

(Repère : Les armes chimiques du régime syrien, un arsenal mystérieux)

 

Ban Ki-moon a aussi demandé que les inspecteurs de l'ONU puissent enquêter au plus vite, avertissant que l'utilisation d'armes chimiques constituerait un "crime contre l'humanité" aux "graves conséquences pour celui qui l'a perpétré".

 

Comme Londres, la Suède s'est dite quasi certaine que le régime syrien avait employé de telles armes. Le président américain Barack Obama a, lui, jugé dans un entretien télévisé que les nouvelles allégations sur l'utilisation d'armes chimiques par l'armée syrienne étaient "sérieusement" préoccupantes.

 

 

"Immense comédie" ?

Les experts de l'ONU sont arrivés dimanche, avec un mandat se limitant à déterminer si des armes chimiques avaient été utilisées dans le passé à Khan al-Assal (nord), Ataybé (près de Damas) et Homs (centre). Mais selon l'ONU, le chef de l'équipe, Ake Sellström, a entamé des négociations avec le régime pour pouvoir enquêter sur les attaques de mercredi.

 

La coalition de l'opposition syrienne s'est engagée "à assurer la sécurité" des inspecteurs de l'ONU sur les lieux des attaques présumées à l'arme chimique, mais a jugé "fondamental que l'équipe puisse se rendre dans les 48 heures dans la zone visée". Selon elle, l'armée a tiré au moins trois salves de missiles équipés de têtes chimiques sur des civils.

Interrogé par l'AFP sur le programme des inspecteurs, un haut responsable des services de sécurité à Damas a indiqué ne pas avoir d'informations à ce sujet, se contentant de dire: "ils travaillent selon un plan convenu à l'avance avec des modalités précises".

"Sur le plan international, il y a de plus en plus la conviction que s'il y a eu attaque à l'arme chimique, celle-ci a été perpétrée par les terroristes", a-t-il en outre estimé, ajoutant que ces allégations d'armes chimiques pouvait aussi n'être qu'une "immense comédie".

 

De son côté, la Russie s'est dite vendredi opposée à tout recours à la force en Syrie. Une réaction qui intervient alors que le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a estimé jeudi que si l'utilisation d'armes chimiques par le régime était avérée, il fallait "qu'il y ait une réaction", "une réaction qui peut prendre la forme d'une réaction de force".

Moscou a estimé que l'attaque de Ghouta était "clairement une provocation" des rebelles et jugé que "les appels de quelques capitales européennes à faire pression sur le Conseil de sécurité de l'ONU et à décider dès maintenant de recourir à la force étaient inacceptables", selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

La Russie a par ailleurs appelé son allié syrien à coopérer avec les experts de l'ONU et réclamé aux rebelles de "garantir" leur accès sur les lieux des attaques.

 

Entretemps, les violences continuaient de faire rage dans le pays comme à Alep, la métropole du Nord divisée entre quartiers rebelles et pro-régime. Selon l'OSDH, six civils, dont un journaliste de la télévision officielle al-Ikhbariya, ont été tués et 19 autres blessés, lorsque un kamikaze s'est fait exploser dans un restaurant d'un quartier tenu par les forces loyalistes.

Par ailleurs, un photographe américain a déclaré au New York Times avoir échappé à ses ravisseurs, des islamistes syriens qui l'avaient arrêté en décembre près d'Alep.

 

 

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"Les allégations selon lesquelles les armes chimiques ont été utilisées à quelques kilomètres du coeur de Damas soulignent...

commentaires (1)

On voit bien que toutes ces gesticulations de l'Europe et des Etats Unis ne sont que des jérémiades de façade étant donné que jusqu'à présent ce giga-dossier syrien de mille tonnes demeure confié à un vieillard de la Première Guerre Mondiale !

Paul-René Safa

07 h 21, le 24 août 2013

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Commentaires (1)

  • On voit bien que toutes ces gesticulations de l'Europe et des Etats Unis ne sont que des jérémiades de façade étant donné que jusqu'à présent ce giga-dossier syrien de mille tonnes demeure confié à un vieillard de la Première Guerre Mondiale !

    Paul-René Safa

    07 h 21, le 24 août 2013

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