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À La Une - L’éclairage

Lorsque toutes les issues se ferment...

L’attentat de Roueiss a modifié les données politiques qui prévalaient auparavant. Il marque ainsi le début d’une nouvelle étape, ce que n’ont pas manqué de relever plusieurs responsables au cours des derniers jours, parmi lesquels le ministre de l’Intérieur au sein du cabinet chargé de l’expédition des affaires courantes, Marwan Charbel. Ce dernier a ainsi évoqué l’existence d’un « complot terroriste » visant le Liban et la présence active de groupes extrémistes sur la scène locale, ainsi que le réveil de cellules terroristes n’appelant qu’à être instrumentalisées. Les services de renseignements ont pu collecter des informations précises sur ce complot, notamment le nom de personnes impliquées dans les attentats à la voiture piégée qui ont eu lieu. Certains suspects sont actuellement traqués ou placés sous observation par les agents de l’ordre, tandis que les mesures sécuritaires préventives se multiplient dans différentes régions, notamment aux abords du camp de Aïn el-Héloué et, surtout dans la zone de Taamir, où selon certaines informations sont piégées les voitures qui servent par la suite à faucher des dizaines de vies innocentes.


Pour le ministre Charbel, le pays se trouve désormais plongé dans une phase sécuritaire par excellence et la situation au Liban est désormais organiquement liée aux développements en Syrie. Toutes les voies de sortie de crise sont bouchées, souligne de son côté un député du Courant patriotique libre, et les parties sont plus que jamais prisonnières de leurs positions et enchaînées aux développements régionaux, attendant des signaux de l’extérieur pour effectuer le moindre mouvement. Selon ce député, il n’existe plus aucune place pour les initiatives qui permettraient de sortir le pays de l’immobilisme. Cependant, dit-il, le CPL pourrait lancer une initiative après études et concertations approfondies afin d’extirper le Liban de cette situation et le « libérer » de la chaîne des développements en Syrie. Après avoir « libéré leur décision », les différentes parties seraient aussitôt capables de positions permettant de briser l’apathie qui règne dans le pays, à travers la formation d’un cabinet dont la mission serait de dynamiser les institutions, procéder à des nominations pour remplir le vide qui s’installe lentement au niveau de l’administration...


Concernant l’attentat de Roueiss, selon les informations les plus récentes, la voiture piégée appartenait à une Libanaise, qui l’a vendue à une autre personne libanaise contre laquelle elle a par la suite intenté un procès, dans la mesure où il ne lui a jamais payé le prix du véhicule. Cette personne est en état d’arrestation et se trouve à la prison de Roumieh, plusieurs mandats d’arrêt ayant été émis à son encontre, notamment pour usage de stupéfiants.

 

Cependant, cette personne avait elle-même revendu le véhicule à une tierce partie originaire de Brital, elle-même recherchée par la justice pour différentes raisons, mais qui a totalement disparu de la circulation. Le nouveau propriétaire de la voiture n’a jamais enregistré le véhicule, et l’opération de vente s’est faite par le biais d’un notaire. C’est ainsi que les enquêteurs sont parvenus à glaner des informations nombreuses et particulièrement précieuses, ainsi que des données qui seront révélées au moment opportun.


Après l’attentat meurtrier, les rumeurs vont bon train concernant la présence d’autres voitures piégées disséminées dans le pays qui pourraient frapper à tout moment les zones contrôlées par le Hezbollah dans différentes régions. C’est pourquoi le parti chiite est plus que jamais déterminé à participer au nouveau gouvernement proportionnellement à son nombre de sièges au Parlement. En d’autres termes, il revient à la charge concernant sa volonté d’obtenir le tiers de blocage, à travers lequel il souhaiterait contrôler la décision politique dans le pays. Ce n’est que justice, pense-t-il, puisqu’il se trouve désormais dans le collimateur, et que certaines parties locales jouent le jeu de l’extérieur et servent, selon lui, de têtes de pont au complot international fomenté contre lui. C’est sur cette base que le Hezbollah a dépêché Ghaleb Abou Zeinab, lundi, chez le chef du CPL, Michel Aoun, à Rabieh, dans le but de replâtrer les relations entre les deux partis. Cependant, la visite n’aurait pas vraiment modifié les données, selon un député aouniste.

De plus, le Hezbollah considère que sa position victimaire lui donne désormais encore plus le droit de circuler et d’agir au plan sécuritaire en toute liberté dans le pays, voire d’étendre sa zone de sécurité et de déployer ses hommes dans la rue pour former des barrages fixes qui permettraient de contrôler l’identité des passants et les papiers des véhicules.

 

Les derniers développements ont donc inévitablement des répercussions sur le processus de formation du cabinet.

 

Selon des sources politiques bien informées, le Premier ministre désigné Tammam Salam aurait une fois de plus mis un bémol à son enthousiasme, après avoir pourtant donné ces derniers jours l’impression que l’heure de la délivrance serait pour la fin du mois... Tammam Salam camperait sur ses positions et les critères qu’il s’est fixés concernant la formule ministérielle, mais il souhaite élargir ses concertations au vu des derniers événements et du souci sécuritaire qui s’est imposé, avec son lot de pressions. C’est également l’avis du 14 Mars, pour lequel les exigences de stabilité gardent la priorité sur tout autre chose.

 

Cependant, pour ramener la paix et la sécurité dans le pays, il faudrait que le Hezbollah se désengage de Syrie, accepte de relancer le dialogue et se résolve à renoncer à participer au nouveau cabinet. Le nouveau gouvernement, neutre, serait alors créé dans l’objectif de donner la priorité aux affaires des citoyens et à la question sécuritaire, et les polémiques seraient renvoyées à la table de dialogue. Mais le Hezbollah a-t-il le pouvoir de se retirer du bourbier syrien, où la guerre semble partie pour durer, selon une source occidentale, en attendant que les belligérants soient suffisamment épuisés pour se rendre à une nouvelle conférence de paix ?


La situation sur la scène libanaise continuera-t-elle à être liée aux développements en Syrie ? Ou bien y aura-t-il une tentative de « séparer les volets » libanais et syrien, et donc de libérer la scène locale des répercussions de la crise syrienne ? Selon un ancien ministre, des efforts minutieux sont actuellement déployés au plan régional et international pour tenter de scinder les deux dossiers et de sanctuariser relativement le Liban, à travers notamment la formation d’un cabinet qui n’exclurait aucune partie, mais qui serait composé de figures non politiques, des technocrates représentant différentes composantes, orientations et sensibilités de la société libanaise. Ce n’est alors que l’on pourrait enfin « libérer » le Liban et relancer les institutions...

 

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L’attentat de Roueiss a modifié les données politiques qui prévalaient auparavant. Il marque ainsi le début d’une nouvelle étape, ce que n’ont pas manqué de relever plusieurs responsables au cours des derniers jours, parmi lesquels le ministre de l’Intérieur au sein du cabinet chargé de l’expédition des affaires courantes, Marwan Charbel. Ce dernier a ainsi évoqué...
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