Le commentateur politique Hicham Qassem décrit ainsi une « campagne médiatique contre les Frères musulmans et les autres courants islamistes ». « En un an de présidence Morsi, il y a eu plus de journalistes poursuivis en justice qu’en 185 ans d’histoire de la presse égyptienne (...) Aujourd’hui, la presse exploite les ennuis des Frères musulmans pour leur rendre la monnaie de leur pièce », note-t-il.
Depuis plusieurs jours, les trois chaînes officielles, comme d’autres télévisions privées, sont frappées d’un imposant logo proclamant en anglais « L’Égypte combat le terrorisme » et diffusent à longueur de journée la version officielle des heurts entre les forces de l’ordre et les pro-Morsi. Outre le clip à la gloire de l’armée d’un véritable « Band aid » réunissant rappeurs, rockeurs et autres starlettes de la pop égyptienne, les chaînes publiques comme privées passent en boucle des montages retraçant le parcours « terroriste » de la confrérie : sous la présidence de Gamal Abdel Nasser, puis au moment de l’assassinat du président Anouar Sadate, et jusqu’aux récentes manifestations pro-Morsi.
Même son de cloche du côté de la presse écrite. Pour le directeur de la rédaction du journal privé Sawt al-Oumma, Abdel Halim Qandil, si les médias font front, c’est parce que leur pays mène une « bataille nationale ». Ce virulent critique des islamistes accuse les médias occidentaux d’« osciller entre deux extrêmes : la haine de l’islam et l’affection pour les Frères musulmans ». « C’est ce qui crée un fort rejet de la part des Égyptiens et d’importants soupçons » à l’égard des journalistes étrangers, selon lui.