Le bloc du Futur dénonce la complicité, au moins passive, du Hezbollah

Le bloc parlementaire du Futur, réuni hier à la Maison du Centre sous la présidence de son chef, le député et ancien Premier ministre Fouad Siniora, a fermement condamné le rapt des deux pilotes de la Turkish Airlines sur la route de l’AIB. « Cela n’est pas sans rappeler à l’opinion publique libanaise les cauchemars des opérations de rapt perpétrées dans le passé par des factions terroristes gravitant dans l’orbite du Hezbollah contre des citoyens et des étrangers durant les années 80 du siècle dernier », a indiqué le bloc, dans un communiqué rendu public par le député Kazem Kheir.
Le bloc a exprimé sa crainte de voir « une relance de ce genre de rapts au Liban, dissimulée derrière le prétexte, rejeté, de l’enlèvement de certains libanais à Aazaz en Syrie il y a 15 mois ». « Nous exprimons une fois de plus notre condamnation de l’enlèvement des Libanais à Aazaz et appelons à leur libération immédiate. Mais le dernier crime (le rapt des deux pilotes turcs) constitue une agression flagrante contre l’État libanais, sa souveraineté et son prestige, et contre ses institutions politiques et sécuritaires. Ce crime expose le Liban à différents périls politiques, sécuritaires et économiques », ajoute le communiqué.
« La décision de se livrer à ce rapt et la couverture qui lui a été assurée constituent le point de départ d’une nouvelle étape, encouragée par le silence du Hezbollah et le fait que ce dernier n’a pas tenté de la réprimer, de l’étouffer au berceau, voire même de la condamner. Ce fait signifie que ce parti poursuivra sa politique visant à immerger le pays dans un cercle vicieux de chantage et d’intimidation, afin de soumettre la décision politique et sécuritaire ainsi que la question de la formation du prochain cabinet à la pression du terrorisme et la domination des armes. Cela revient à ouvrir la boîte de pandore pour le Liban », souligne le bloc du Futur.
Et de poursuivre : « Le rapt ne conduit qu’à mettre encore plus de pression sur le Liban, les Libanais, la volonté et l’intérêt de ces derniers. Il ne réalise pas les objectifs de ceux qui en sont à l’origine, à savoir mettre la pression sur l’État turc afin qu’il fasse pression sur les agresseurs. Le crime s’est déroulé dans une région sous l’influence du Hezbollah et fermée à l’ensemble des services étatiques. Sans doute le Hezbollah est-il le plus susceptible de savoir où les pilotes sont retenus en otages et qui est l’auteur de ce crime. C’est pourquoi il doit aider à la libération des deux pilotes ; le maintien telle quelle de cette situation se répercutera négativement sur le Liban et l’ensemble des Libanais », souligne le bloc du Futur.
Le communiqué du Futur évoque également « les crimes perpétrés dans la Békaa-Nord, y compris la tentative d’assassinat du président de la municipalité de Ersal dans le village de Laboué, ainsi que les menaces de mort ouvertement prononcées contre lui, dans une tentative de rallumer la discorde sectaire dans la région ». Le bloc a estimé que les autorités devraient poursuivre les criminels, les arrêter et les châtier, notant que le phénomène des armes du Hezbollah était responsable de la propagation de la culture de l’insurrection contre l’État et son prestige.
Le bloc du Futur a ensuite condamné les violations israéliennes récurrentes de la souveraineté du Liban, notamment la récente incursion israélienne dans la zone frontalière de Labbouné, au sud du Litani. Il a par ailleurs condamné le parrainage par le Hezbollah du chaos sécuritaire au Liban, notamment à travers son ingérence en Syrie et les opérations de rapts, ce qui n’est pas sans avoir des répercussions aux plans économique et touristique gravissimes pour le pays. Il a enfin appelé le chef de l’État et le Premier ministre désigné à former un cabinet au plus vite avant qu’il ne soit trop tard et que la stabilité du pays ne soit inéluctablement emportée.