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Moyen Orient et Monde - Le point

Un scénario à l’égyptienne

« Tunis-la-verte » serait-elle en train de virer au rouge sang ? Deux leaders de la « révolution du jasmin » – celle-là même qui annonçait l’aube d’un certain printemps arabe –, Chokri Belaïd et Mohammad Brahmi, abattus en l’espace de six mois par les membres d’un groupe salafiste ayant à sa tête un Franco-Tunisien, Boubakeur Hakim ; huit réguliers de l’armée assassinés lundi au mont Chaambi, à la frontière algérienne ; un pouvoir contesté mais qui commence par refuser de céder la place avant de se plier à l’injonction d’une rue déchaînée, qui scande un slogan (« Dégage, nous te haïssons ») que l’on croyait oublié depuis la fuite de Zine el-Abidine ben Ali... Il faut croire que rien ne va plus au pays de la douceur de vivre, qui est aussi, on a trop tendance à l’oublier, la patrie d’Abou Kassem al-Chabi.


Le leader d’Ennahda, Rachid Ghannouchi, a beau répéter qu’« il n’y a pas place chez nous pour un scénario à l’égyptienne », il faut se rendre à l’évidence : tout autant que sur les bords du Nil, l’islamisme vient d’échouer dans sa tentative de s’implanter de durable façon dans la vallée de la Medjerda. Avec toutefois une différence notable : ici, contrairement à ce qui se passe en ce moment au Caire, ce n’est pas grâce à l’armée mais à des formations résolument modérées, laïques dans une large mesure, que les extrémistes se voient indiquer la sortie.


Malgré tout, les points de similitude sont nombreux : le gouvernement de Ali Larayedh a prouvé qu’il ne craignait pas de s’allier à une caste d’affairistes qui avaient fait leur blé sous le précédent régime ; il n’a pas voulu se lancer dans une aventureuse réforme de la justice et des services de sécurité, choisissant plutôt de placer ses hommes aux postes de commandement ; enfin, il s’est refusé obstinément à voir l’inquiétante montée en puissance des islamistes. Et, tout comme Mohammad Morsi, il a traité l’économie en parent pauvre, ou à tout le moins il s’est montré incapable d’élaborer un train de mesures susceptibles d’assurer une relance du tourisme et des secteurs vitaux, en panne sèche depuis janvier 2011.


En début de semaine, le chef du gouvernement se défendait encore de vouloir à tout prix se maintenir en place et d’être un adepte inconditionnel du pouvoir. Mais, plaidait-il, nous avons un devoir à accomplir, une responsabilité à assumer et nous le ferons jusqu’au bout. Vingt-quatre heures plus tard, il a fallu se rendre à l’évidence. Lâché par la toute-puissante Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) mais aussi par l’organisation patronale Utica, son allié centriste Ettakatol et même par certains membres de l’équipe en place, il s’est résolu à admettre la nécessité d’élargir son cabinet. Pour l’instant, on en reste là, les deux camps estimant sans doute qu’il n’y a pas lieu de douter de la bonne foi des uns et des autres. La rue de son côté s’abstient de faire monter la pression par crainte d’un dérapage toujours possible et pour éviter d’apporter bien malgré elle de l’eau au moulin des extrémistes qui attendent leur heure.


C’est que nul n’est près d’oublier les propos de Sahbi Atig, tenus le 13 de ce mois à l’occasion d’une manifestation pro-Morsi. Toute personne qui piétine la légitimité sera piétinée par celle-ci, avait dit le chef du bloc d’Ennahda à l’Assemblée nationale constituante, et les citoyens seront en droit de faire couler le sang de ceux qui s’opposeront à la volonté populaire. De plus, les fondamentalistes se montrent particulièrement actifs auprès des couches populaires, d’où l’essor du niqab, même auprès des tout jeunes, les appels à une stricte observance de la charia et le rappel, à mauvais escient, de la période noire qu’avait connue l’Algérie dans les années 90.


Certains ne craignent pas d’établir un lien entre la multiplication de tous ces nuages noirs qui assombrissent l’horizon tunisien et l’assassinat de Brahmi, adversaire acharné du clan islamiste qu’il accusait de démanteler l’édifice étatique et d’avoir mis en place un réseau sécuritaire parallèle pour lequel il a mobilisé une pléthore d’informateurs dûment rémunérés. Ces temps-ci, il existe, murmure-t-on à Tunis, une liste d’hommes à abattre par des terroristes venus de l’étranger.


Ghannouchi et les siens paraissent avoir senti monter la colère populaire, aggravée par la crise économique et la détérioration de l’état de la sécurité. À n’en pas douter, un nouveau gouvernement enverrait à l’adresse des foules un message qui les calmerait pour quelque temps. Passé cet instant, il faudra des remèdes autrement plus efficaces. Et de moins courte durée.

 

 

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commentaires (1)

Faut arrêter de raconter des conneries...salafistes,mon c.l...c'est Ghannouchi qui manipule tout çà...point/barre.

GEDEON Christian

01 h 53, le 01 août 2013

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Commentaires (1)

  • Faut arrêter de raconter des conneries...salafistes,mon c.l...c'est Ghannouchi qui manipule tout çà...point/barre.

    GEDEON Christian

    01 h 53, le 01 août 2013

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