S’accrochant à la branche dont on fait les plus solides langues de bois, les angelots européens viennent d’appliquer au Hezbollah le bon vieux principe de la fission atomique. Bombardé d’un flot continu de micro-fantasmes naïfs, le nucleus du parti barbu se retrouve ainsi comme par magie scindé en deux entités protoniques : la branche militaire, proprement infréquentable ; et les agités politiques du parti, nettement plus BCBG. Comprendre : bons chiites bon genre.
À partir de là, faudrait sans doute pousser l’étude un peu plus loin pour débusquer les nuances tout en finesse qui permettent de différencier ces deux entités. Ainsi, dans la branche guerrière, le milicien Hezbollah est un patibulaire armé jusqu’aux gencives, assis sagement sur un missile. Le politicien Hezbollah, en revanche, est un patibulaire désarmé jusqu’au fond du caleçon, mais c’est lui qui a mendié la livraison du missile.
Le premier voudrait bien jeter les Juifs à la mer, mais pour une obscure raison, il s’est éloigné de la flotte salée pour s’en aller faire des cartons en Syrie, plus facile d’accès. Quant au second, il aimerait bien lui aussi se faire la main sur quelques Hébreux, mais manque de pot il n’y en a plus au pays du Koullouna. Alors, il se rabat sur son Juif à lui, qui est le salafiste, une espèce de vague cousin attardé dont le neurone orphelin a muté mais dans le sens opposé.
Pour le reste, les deux spécimens sont ornés de la panoplie complète du guignol compassé : lunettes noires, chemises noires et bahut sur roues 4x4 noir aux vitres peinturlurées en noir. Écartez-vous, manants ! Le Liban est paré pour le dialogue des cultures...
Allongé sur son transat face à l’horizon soudain dégagé, Benjamin Netanyahu peut siroter tranquillement sa limonade.
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