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À La Une - Société civile

La Lebanese Renaissance Foundation, un pari sur l’avenir du Liban

L’ONG américaine « Lebanese Renaissance Foundation » multiplie les initiatives visant à instaurer un État de droit efficace et démocratique au Liban. Discussion à bâtons rompus avec Fady Bustros, représentant de l’organisation.

Une part importante des travaux de la fondation est dédiée à la mise en place de plateformes communes avec des ONG et des activistes libanais.

Installée au Liban depuis deux ans, la Lebanese Renaissance Foundation (LRF) a été créée à Washington DC en 2007 et est présidée par Charles el-Hage. Elle mène différents projets qui visent à « favoriser l’émergence d’un État fort et démocratique au Liban en s’adressant, d’une part, à la société civile et, d’autre part, aux décideurs politiques du pays ».


Pour Fady Bustros, responsable de communication de l’ONG, force est de constater que « la classe politique actuelle ne propose pas de vision politique à long terme et s’embourbe dans des querelles sans fin, sans parvenir à trouver de consensus ». Afin d’identifier les besoins les plus urgents, la LRF publie chaque année l’indice « state of our state » (voir plus bas) qui compare la perception de l’État par ses citoyens au Liban et en Norvège. Plusieurs critères sont ainsi retenus et notés par les membres de la fondation. On remarque alors que les critères de la qualité de la classe politique, la lutte contre la corruption ou encore la confiance dans les institutions sont particulièrement mal notés. En revanche, la liberté d’expression et la tolérance culturelle et religieuse sont plus valorisées, même si ces notes risquent de baisser l’année prochaine, au vu des troubles récents liés aux affrontements en Syrie. « Cette évaluation donne un excellent aperçu de la situation et des problèmes existants. Elle nous permet de fixer un agenda des missions les plus urgentes à mener », explique M. Bustros.

 


Un message aux hommes politiques
En partant de ce constat, la fondation cherche à responsabiliser la classe politique tout en encourageant l’émergence de débats constructifs. Ainsi, un programme de dialogue a été créé cette année rassemblant les sympathisants politiques des cinq principaux partis politiques du 14 Mars et du 8 Mars, en présence d’un médiateur. L’ordre du jour, aujourd’hui en cours d’élaboration, portera sur des enjeux politiques à long terme. Chaque fois qu’un point d’accord sera obtenu, les participants proposeront l’idée à leurs partis politiques respectifs, qui seront libres d’en tenir compte ou non. Renouveler les idées et les projets politiques est en effet un gage d’amélioration du débat politique au Liban.
Mais l’ONG cherche aussi à sensibiliser les futurs dirigeants en s’adressant aux jeunes engagés en politique qui pourront être amenés à accéder au pouvoir à l’avenir. En effet, d’ici à quelques mois, des modules de 60 heures de cours seront gratuitement proposés aux membres des organisations de jeunesse politiques. Il s’agit d’enseignements théoriques, études de cas et conférences destinées à sensibiliser les futures élites politiques aux questions éthiques, stratégiques et démocratiques. Il faut ici préciser que cette formation n’a en aucun cas pour but de modifier les opinions politiques des jeunes bénéficiaires du programme.

 


Une volonté de sensibilisation du public
Parallèlement, d’autres programmes sont directement adressés à la population. Tel est le cas de la campagne de communication « What’s in the state ». Ces « spots publicitaires », diffusés prochainement sur les cinq grandes chaînes télévisées du pays, vont présenter de façon simple et claire les avantages et obligations qui découlent de l’instauration d’un État de droit. Cela afin d’intéresser et de responsabiliser les Libanais sur les questions d’ordre politique. Selon Fady Bustros, « ce besoin de transparence sur les chiffres est indispensable ».


De même, l’ONG a élaboré une vaste étude visant à estimer le plus précisément possible le nombre de victimes libanaises de la guerre entre 1975 et 2006. Les membres de l’organisation examinent et comparent ainsi l’ensemble des publications parues dans les quotidiens an-Nahar et as-Safir, et classent ensuite les victimes en quatre grandes catégories pour plus de visibilité. Cette étude, publiée dans quelques mois, permettra une plus grande transparence ainsi qu’une réduction des divergences existant entre les chiffres annoncés par les journaux, les groupes politiques et les ONG.


Les responsables de l’organisation se sont enfin attaqués au problème récurrent de la corruption. À la fin de l’été, une « hotline anticorruption » va être gratuitement mise en place. Les victimes ou témoins pourront bénéficier de conseils sur les démarches à suivre et d’une représentation. LRF s’engage à vérifier les informations et à les diffuser dans les médias en cas d’échec des procédures administratives.
Bien d’autres projets sont dans les cartons, comme une réflexion sur la mondialisation. Mais la mise en œuvre de toutes ces initiatives a un coût, essentiellement pris en charge par de généreux donateurs privés américains et libanais. Pour être en mesure d’assurer et de diversifier ses activités, l’association récolte des dons entre 1000 et 200 000 USD. « Ces dons sont indispensables à la survie de notre fondation et nous permettent de concevoir de futurs projets », assure Fady Bustros.

 

 

 

L’indice « state of our state » : une notation de la situation politique au Liban

Critères                                                                          Liban     Norvège

Stabilité sur trois ans                                                             4.0     8.5
Sécurité des citoyens                                                            3.5     8.3
Contrôle du gouvernement sur le territoire                                 2.9     9.1
Capacité à résister aux influences extérieures                            3.4     8.3
Exercice de la justice                                                            3.2     9.1
Qualité de la classe politique                                                   2.6    7.9
Liberté d’expression                                                               6.0    9.1
Tolérance culturelle et religieuse                                              5.8     8.7
Efficacité de la société civile                                                   5.1     8.8
Contrôle de la corruption                                                        2.8     8.6
Confiance dans les institutions publiques                                   2.8    8.3
Transparence économique                                                      3.5     8.6
Remboursement de la dette souveraine                                     6.6     8.0

Total                                                                                4.0    8.5

Installée au Liban depuis deux ans, la Lebanese Renaissance Foundation (LRF) a été créée à Washington DC en 2007 et est présidée par Charles el-Hage. Elle mène différents projets qui visent à « favoriser l’émergence d’un État fort et démocratique au Liban en s’adressant, d’une part, à la société civile et, d’autre part, aux décideurs politiques du...
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