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Liban - Éclairage

Complications gouvernementales sur fond de polémiques et d’accusations

Le boycott par le 14 Mars de la séance parlementaire d’hier était certes prévu, mais il montre, selon les sources proches de Aïn el-Tiné, que ce camp n’est pas disposé à faire la moindre concession pour éviter la paralysie des institutions. Avec le Premier ministre sortant, le 14 Mars a donc décidé de paralyser le Parlement tant qu’un nouveau gouvernement n’est pas formé. L’équation est claire et elle est essentiellement motivée par l’obsession de la rivalité entre sunnites et chiites, le courant du Futur et ses alliés considérant que le gouvernement ayant à sa tête un sunnite est le symbole de cette communauté, alors que le Parlement présidé par un chiite est le symbole de cette autre communauté.


Les sources proches de Aïn el-Tiné rejettent totalement cette idée, considérant que le Parlement représente les Libanais dans leur diversité et s’il fonctionne, il sert les intérêts de tous les Libanais et pas seulement ceux de la communauté chiite. De plus, ces mêmes sources rappellent que le Hezbollah et Amal sont en train de faciliter au maximum la mission du Premier ministre désigné Tammam Salam, puisque Nabih Berry lui-même a annoncé que son camp renonçait à réclamer le tiers de blocage et n’avait qu’une condition : que le Hezbollah participe au gouvernement. En face, le courant du Futur ne cesse de poser des conditions, tout en haussant le ton. Il mène ouvertement campagne contre la participation du parti chiite au gouvernement et contre l’armée, accusée de couvrir cette formation. Il pose comme condition à une prorogation du mandat du commandant en chef de l’armée le retour en fonction du général Achraf Rifi à la tête des FSI, alors que ce dernier a tenu le langage purement politique au cours de ses dernières interviews. Pour les sources de Aïn el-Tiné, le courant du Futur et ses alliés se comportent comme s’ils sont prêts à sacrifier la stabilité du pays si leurs conditions ne sont pas acceptées.

 

(Lire aussi : Sleiman appelle à une réforme constitutionnelle et au respect de la déclaration de Baabda)


Les mêmes sources font un rapprochement entre cette position radicale et la reprise en main par l’Arabie saoudite des dossiers de la région, au détriment des Frères musulmans qui ont reçu un coup fatal avec le départ de l’émir du Qatar Hamad ben Jassem et avec les événements d’Égypte. D’ailleurs, les milieux de Walid Joumblatt – qui a envoyé récemment son fils Taymour et le ministre sortant des Affaires sociales Waël Bou Faour en Arabie pour sonder les intentions des dirigeants wahhabites – révèlent que les Saoudiens ne seraient plus convaincus de la désignation de Tammam Salam pour former le prochain gouvernement. Ce dernier avait été choisi lorsqu’il s’agissait de former un gouvernement de transition chargé d’organiser les élections législatives. Mais comme celles-ci ne sont plus de mise, il faudrait donc songer à changer la personne puisque la mission est désormais différente. Les milieux proches du leader druze laissent entendre que les Saoudiens seraient favorables à la désignation de Fouad Siniora ou même de Saad Hariri pour former le nouveau gouvernement. Pour la simple raison que le gouvernement qui serait ainsi formé devrait rester en place jusqu’à l’échéance présidentielle libanaise et aurait un rôle soit dans l’élection du nouveau président, soit si une telle élection est impossible, dans la gestion des affaires du pays en cas de vacance à la tête de l’État. Comme cela s’est passé pendant les six mois où le Liban est resté sans président du 24 novembre 2007 au 25 mai 2008. À cette époque, c’était le gouvernement de Fouad Siniora amputé de ses représentants chiites qui tenait les rênes du pays. C’est le député Nohad Machnouk qui a reflété cette nouvelle sensibilité saoudienne en déclarant récemment : « Tammam Salam a besoin d’un nouveau mandat. »

 

(Lire aussi : Offensive politique du Hezbollah autour du gouvernement)


Pour les sources proches de Aïn el-Tiné, le courant du Futur et ses alliés travaillent donc ouvertement en vue de pousser le Premier ministre désigné vers la sortie, en multipliant les obstacles devant sa mission et en posant des conditions difficilement acceptables, tout en bénéficiant d’un appui plus ou moins déclaré de l’Arabie dont l’ambassadeur à Beyrouth a récemment conseillé au Hezbollah « de faire en sorte d’améliorer ses relations avec la communauté sunnite libanaise, après sa participation à la bataille de Qousseir ». C’est en réalité à cause de cette bataille qui a permis au régime syrien de renverser la donne sur le terrain que l’Arabie saoudite aurait modifié sa position sur le dossier libanais. Tout en appuyant certes la stabilité du Liban, Riyad voudrait que le Hezbollah paie le prix de son action en Syrie et que le courant du Futur reprenne l’initiative et donc les rênes du pouvoir.


Toutefois, un tel projet est irréalisable, tant que le 14 Mars n’a pas la majorité au Parlement. Autrement dit, on en revient une fois de plus au rôle-clé de Walid Joumblatt... qui, pour l’instant, ne veut pas laisser tomber Tammam Salam et appelle toutes les parties à faire des concessions pour faciliter la formation du nouveau gouvernement. En même temps, les milieux proches de Salam rappellent que ce dernier est encore dans les délais, puisqu’en 1969, Rachid Karamé avait mis sept mois avant de former un gouvernement, qu’en 2009, Saad Hariri avait mis quatre mois et demi et qu’en 2011, Nagib Mikati avait mis cinq mois... Une manière détournée de dire qu’il n’a pas encore désespéré de mener à bien la mission qui lui a été confiée.

 

 

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commentaires (6)

Tant que le Hezbollah, ou tout autre Hezbollah, gardera ses armes il y aura toujours des complications. Tout le reste n'est que blabla inutiles!

Pierre Hadjigeorgiou

12 h 21, le 17 juillet 2013

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Commentaires (6)

  • Tant que le Hezbollah, ou tout autre Hezbollah, gardera ses armes il y aura toujours des complications. Tout le reste n'est que blabla inutiles!

    Pierre Hadjigeorgiou

    12 h 21, le 17 juillet 2013

  • "Sur fond" plutôt.... de ConFessionnalisme Chiant Sunnito-chïïtique ! Point barre.

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    10 h 47, le 17 juillet 2013

  • La frustration du camp Sunnite ( puisque c'est comme ca qu'il faut appeler les choses jusqu'a nouvel ordre ) , et au dela du sunnisme mondial , vient du fait que cette communaute ne reussit pas grand chose depuis bien longtemps , cela bien avant l'antagonisme qu'ils s'imposent entre eux et les chiites , vous savez c'est pas facile pour une communaute puissante par ses revenus petroliers de se voir echouer dans tous les autres domaines , autre que le fric, et encore!! et ne pas comprendre pourquoi , je pense surtout ne pas admettre le pourquoi de cela. Comment cette communaute qui envoie ses enfants etudier dans les plus grandes universities euro/yanky ne realisent rien de bon a leur retour au bercail ? Il y a un serieux probleme qui devrait trouver sa source , non pas dans le Coran, puisqu'il est dit dans ce livre saint , " va chercher l'education , meme jusqu'en Chine ", le vrai probleme est la qualite de ses dirigeants , corrompus jusqu'a l'os a moelle de chamelle. je ne fais pas le proces d'une communaute , loin de moi cette idee, mais on dit si quelque chose ne va pas chez toi et perdure , look into yourself, et evite de trop jeter l'opprobre sur les"autres". Scarlett n'a rien a se reprocher non plus !

    Jaber Kamel

    09 h 52, le 17 juillet 2013

  • Quelle intelligence Scarlett dans vos eclairages! "Que serais-je sans toi, qui vins a ma rencontre?":) Tout a fait veridique... Heureusement que le 14 mars n'a pas la majorite du parlement! Mais il faudra voir comment la boussole de M. Joumblatt va tourner durant les mois a venir....

    Michele Aoun

    09 h 16, le 17 juillet 2013

  • 3AYB ! POURQUOI NE PAS PARLER DE LIBANAIS PLUTÔT QUE DE CHRÉTIENS, DE CHIITES ET DE SUNNITES ? CETTE REMARQUE N'EST PAS FAITE À MADAME SCARLETT HADDAD BIEN SÛR... MAIS À TOUS LES LIBANAIS... LE CONFESSIONALISME EST LA GANGRÈNE DU PAYS. LAÏCITÉ ! POUR L'ÉRADIQUER DÉFINITIVEMENT ! ET... MIN AL NOUFOUS KABLIL NOUSSOUS... HOMMAGE AU PATRIARCHE SFEIR !

    SAKR LOUBNAN

    08 h 58, le 17 juillet 2013

  • Les sources de Ain el-Tiné : blablabla, blalblabla, blablabla. Le roi de Ain el-Tiné : le Parlement c'est moi, le Parlement c'est moi, le Parlement c'est moi. Le Premier ministre sortant, au pire des pires moments : le gouvernement c'est moi, le gouvernement c'est moi, le gouvernement c'est moi. Pauvre pays !

    Halim Abou Chacra

    06 h 44, le 17 juillet 2013

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