Polémique entre un hôpital tripolitain et des réfugiés syriens

Une vive polémique a éclaté lundi entre des réfugiés syriens et la direction de l’hôpital Alameddine, à Tripoli, dans le nord du Liban. Le bureau gérant les affaires des réfugiés syriens dans le nord du Liban a accusé la direction de l’hôpital d’avoir expulsé, dimanche, 30 Syriens blessés dans des combats à Qousseir, ancien bastion rebelle tombé début juin aux mains de l'armée du régime, aidée par le Hezbollah.

Dans un entretien avec Lorientlejour.com, Abou Omar, un responsable du bureau des réfugiés, affirme qu’un problème financier interne à l’hôpital tripolitain est à l’origine de cet incident.

Khaled Moustapha, le directeur du bureau, a indiqué à l’AFP que les blessés avaient été expulsés "par la force et sous les insultes". Selon lui, 80% d'entre eux souffraient de graves fractures. "Ils ne leur ont même pas laissé le temps de prendre leurs affaires personnelles, ni leurs radiographies".

Les blessés, dont certains observent le jeûne du ramadan, ont attendu sur un trottoir pendant près de deux heures avant que des ambulances de la Croix-Rouge libanaise les transportent à l'hôpital al-Zahra à Tripoli, a poursuivi M. Moustapha.

"Des employés libanais et des infirmiers syriens ont également été expulsés et l'établissement a fermé ses portes", a-t-il ajouté.

Interrogé par Lorientlejour.com, le responsable de l’hôpital, Amer Alameddine, a rejeté ces accusations, affirmant que la plupart des réfugiés s’étaient rétablis de leurs blessures. "Cette histoire a été fabriquée de toutes pièces, a-t-il dit. Le bureau gérant les affaires des réfugiés syriens n’a pas payé les frais médicaux de plus de 30 blessés qui se trouvaient à l’hôpital depuis un mois et demi. Nous n’avons malmené et insulté personne, a-t-il encore affirmé. Ils sont tous en bonne santé et s’apprêtaient à quitter l’hôpital de toutes les manières. L’hôpital Alameddine, comme la plupart des établissements médicaux au Liban, souffre de problèmes financiers, a encore dit le responsable. Le bureau chargé des affaires des réfugiés nous avait promis il y a plusieurs semaines de rembourser 2.000 dollars de frais d’hospitalisation. Mais rien n’a été payé jusqu’à ce jour".

Contacté par l'AFP, un employé de l'établissement a confirmé que l'expulsion était due à un retard de paiement et au fait que l'hôpital s'était transformé "en une espèce de centre pour les réfugiés".

"L'hôpital en entier était réservé pour les Syriens et était incapable de venir en aide aux Libanais de la région en cas d'urgence", a expliqué l'employé, sous couvert de l'anonymat.

Près de 600.000 réfugiés syriens se sont installés au Liban depuis le début de la révolte syrienne en 2011.

 
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