A Alep, des militants anti-régime manifestent contre le siège imposé par les rebelles

Des militants syriens anti-régime ont pour la première fois manifesté dans un quartier rebelle d'Alep pour demander aux insurgés de lever leur siège qui prive de nourriture les habitants se trouvant dans la zone sous contrôle de l'armée, a affirmé mercredi une ONG.

Un manifestant a été tué mardi, sans qu'il soit possible d'établir l'origine du tir, et un nouveau rassemblement doit avoir lieu mercredi, a précisé l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Une première vidéo, postée mercredi par cette organisation, montre une vingtaine de jeunes rassemblés mardi près d'un barrage séparant Boustane al-Qasr, aux mains des rebelles, de Machariqa, tenu par le régime.

Ils scandent à l'adresse des insurgés "Pourquoi avez-vous peur, Dieu est avec nous", "le peuple veut briser le siège", avant que quatre hommes vêtus de T-shirt noirs, dont un est armé d'un pistolet, s'avancent vers eux manifestement pour les repousser. On entend un tir sans qu'il soit possible de distinguer qui en est l'auteur.

Sur une autre vidéo, filmée dans le même quartier, une femme entièrement voilée de noir, accompagnée d'un enfant tire une poussette avec des sacs.

"Je suis d'Achrafié (nord-ouest, tenu par le régime) et j'ai quatre enfants dont un malade", dit-elle en interpellant dans la rue un cheikh, qui porte une kalachnikov à l'épaule. "Je suis venue acheter de la nourriture. Nous n'avons rien, nos enfants meurent de faim", ajoute-t-elle.

Après une brève coupure, on voit le cheikh parler à un barrage avec un rebelle.

"Si vous coupez les vivres, cela ne gênera pas le régime, mais les habitants, les pauvres. Agir ainsi ce n'est pas la révolution, c'est une injustice et on s'est justement révoltés contre l'injustice", leur lance-t-il.

La situation alimentaire était très difficile, mardi, à la veille du jeûne de ramadan dans les quartiers tenus par le régime à Alep, en raison du siège imposé par les rebelles, a expliqué l'OSDH. Selon cette organisation, les rebelles encerclent ces quartiers et le régime a été incapable de briser le siège et faire entrer de la nourriture.
La route entre Salamiyé, au sud, et Alep est coupée et les rebelles ont fait sauter il y a quelques jours un pont à Ariha, à l'ouest d'Alep, coupant l'axe reliant Lattaquié à Alep. En outre, l'aéroport est fermé à cause des combats.

Les islamistes, plus grande menace pour Londres et ses alliés
A Damas, après une réunion avec des représentants de l'ONU, un haut responsable du ministère syrien des Affaires étrangères, a affirmé aux journalistes que de l'aide sera envoyée à Alep. "Nous avons eu une réunion importante pour accroître nos efforts communs afin d'envoyer de l'aides humanitaire d'urgence à la province d'Alep", a-t-il indiqué.

Les rebelles avaient pénétré par surprise à Alep, deuxième ville du pays et autrefois son poumon économique, il y a un an. Ils se partagent depuis la ville située à 355 km au nord de Damas. L'armée n'a jamais réussi, malgré ses offensives, à étendre son territoire.

Sur le plan politique, la commission parlementaire britannique supervisant les services de renseignements a estimé mercredi que les islamistes, qui combattent le régime syrien, représentent l'une des plus graves menaces pour la Grande-Bretagne et ses alliés. Dans leur rapport annuel, les députés relèvent qu'il serait "catastrophique" que des groupes liés de près ou de loin à el-Qaëda accèdent à des stocks de gaz sarin et d'autres agents innervant.
"Les éléments liés à el-Qaëda et les jihadistes isolés en Syrie représentent la menace terroriste émergente la plus inquiétante pour la Grande-Bretagne et les Occidentaux", écrit le rapport.
Ses auteurs citent à l'appui de leurs conclusions une mise en garde émanant du directeur des services secrets MI6, John Sawers, soulignant les dangers "d'une prolifération très inquiétante, quand un régime est menacé d'effondrement".

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