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Liban - Social

La médaille Marcelle Hochar, pour récompenser les avancées dans la condition des infirmières

L’école d’infirmières de la Croix-Rouge a récompensé six de ses meilleures recrues pour leur dévouement exceptionnel au métier, au moment où les infirmières peinent à se faire entendre et beaucoup partent vers d’autres pays ou vers d’autres métiers.

Les lauréates entourant Mmes Suzanne Oueiss et Hoda Asmar.

Comme tous les quatre ans depuis 1997, les infirmières de la Croix-Rouge libanaise (CRL) étaient à l’honneur vendredi dernier, pour la cérémonie de remise de la médaille Marcelle Hochar. Une centaine d’infirmières et d’éminents noms du métier, dont la directrice de la CRL, Suzanne Oueiss, étaient présents à l’École hôtelière de Lausanne (Université La Sagesse) pour féliciter les six lauréates : Thérèse Sabbagh, Barbara Haddad, Zakhia Abi Nader, Magui Abou Fayad, Lina Chouery et Leny Azar ont été récompensées pour leur « dévotion à l’évolution du métier », comme le stipule le règlement de la médaille.
Créée en 1997 à l’occasion des cinquante ans de l’école d’infirmières de la Croix-Rouge libanaise, celle-ci vise à immortaliser et à faire perdurer l’esprit et le caractère de Marcelle Hochar, « grande dame » du métier, d’après une de ses anciennes collègues, « main de fer dans un gant de velours », qui a su remarquablement mener l’évolution du métier d’infirmière au Liban.

Une formation universitaire
Mme Hochar était l’une des trois cofondatrices de l’école d’infirmières de la CRL, pionnière dans le domaine. Née en 1947 avec l’indépendance, elle est effectivement la première du pays et sera aussi la première à décerner le diplôme d’État après l’institution de celui-ci en 1979. Aujourd’hui encore, l’école évolue, notamment grâce au travail de Barbara Haddad, médaillée ce vendredi pour avoir fait de l’Institut d’enseignement technique une université à part entière. Jusque-là, l’école de la Croix-Rouge libanaise ne proposait que des formations techniques : baccalauréat technique à Falougha et Saïda, licence technique et technique supérieure à Tripoli. Désormais, l’école de la CRL pourra dispenser une formation universitaire à partir de la rentrée prochaine, dans une école à Baabda.
Il n’en demeure pas moins que la Croix-Rouge libanaise n’est pas novice en termes de formation universitaire, comme l’explique Barbara Haddad : « L’Université libanaise avait les moyens financiers mais pas humains de monter une formation universitaire d’infirmière. C’était donc la CRL qui en assurait l’enseignement, même si, officiellement, le diplôme était décerné par l’UL. » Alors que la formation technique se concentre sur l’enseignement d’actes de soins, l’enseignement universitaire est multidisciplinaire (psychologie, gestion, recherche, management...), offrant ainsi de meilleures perspectives de carrière. Cet aspect est essentiel étant donné la difficulté du métier, qui mène souvent les infirmières à l’abandonner après une dizaine d’années de pratique.

Faire face à la pénurie
Cet abandon est l’un des facteurs de la pénurie d’infirmières au Liban, qui n’est plus une nouveauté, et ce malgré une augmentation constante du nombre de diplômées, et « une demande de plus en plus grande », explique une infirmière à la retraite. « Ce ne sont donc pas les candidats qui manquent. C’est après l’école que ça se passe », précise-t-elle.
La crise est mondiale, et la forte demande internationale a amené le pays à être, lui aussi, en déficit de personnel. Celui-ci tient d’une part aux conditions de travail difficiles qu’elles connaissent et d’autre part à l’aspect mondial de la pénurie, renforcée par la forte attractivité des infirmières libanaises, en particulier pour les pays francophones. Il est devenu courant que des organisations étrangères viennent recruter directement au Liban et offrent des aides administratives au départ. Une étude statistique récente, menée sous la direction de Fadi el-Jardali de l’Université américaine de Beyrouth, révèle que deux infirmières sur trois souhaitent quitter leur poste d’ici à trois ans, et qu’une sur cinq part à l’étranger après une ou deux années de travail.

Dévouement et conditions de travail
Au-delà des statistiques, la réalité du travail de l’infirmière en dit long sur la difficulté physique et psychologique du métier. Najwa est infirmière depuis vingt ans et gère seule un dispensaire à Achrafieh : « C’est très dur, explique-t-elle, seule toute la journée. Beaucoup de gens viennent mendier, pleurer, demander de l’argent... ». De plus, elles jouent un rôle tampon, souvent compliqué, entre tous les acteurs du monde de la santé : médecins, patients, familles. Bien que socialement reconnu, le métier peine à gagner une reconnaissance officielle. L’infirmerie est un métier, mais c’est avant tout une vocation comme le soulignent plusieurs d’entre elles. L’infirmière est celle qui donne aux autres, mais on semble parfois oublier que ce don de soi mérite d’être valorisé, et doit l’être puisqu’il est maintenant professionnalisé. Après plus de quarante ans de bataille, le corps infirmier n’a obtenu son ordre qu’en 2002 et revendique entre autres de meilleures conditions salariales. En effet, les infirmiers disposent d’un salaire fixe relativement faible et ne touchent jamais de bonus, même lorsque les établissements privés pour lesquels ils travaillent réalisent de gros profits en soignant des patients fortunés, comme le souligne l’une d’entre elles, aujourd’hui à la retraite.
Comme tous les quatre ans depuis 1997, les infirmières de la Croix-Rouge libanaise (CRL) étaient à l’honneur vendredi dernier, pour la cérémonie de remise de la médaille Marcelle Hochar. Une centaine d’infirmières et d’éminents noms du métier, dont la directrice de la CRL, Suzanne Oueiss, étaient présents à l’École hôtelière de Lausanne (Université La Sagesse)...

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