L’histoire est celle de plusieurs centaines de femmes victimes de violence domestique au Liban, en l’absence d’une loi qui les protège.
Roula Yacoub, 32 ans, est une énième victime de cette violence. Dimanche, elle a trouvé la mort, succombant aux coups sauvages de son conjoint, Karam al-Bazzi. Fille unique, Roula Yacoub est mère de cinq fillettes âgées entre 10 mois et 13 ans.
Le drame s’est déroulé dans le village de Halba (caza de Akkar) au Liban-Nord, dans la maison parentale de la femme, où le couple vit avec la maman de la jeune femme, Leila Yacoub. Cette dernière était absente ce jour-là.
« Nous avons entendu les cris de Roula et ceux des enfants, mais nous n’avons pas pu intervenir, parce qu’il refusait d’ouvrir la porte. Deux hommes du village ont essayé en vain de la sauver. Ils n’ont pas pu forcer la porte en fer », confie à L’Orient-Le Jour une voisine sous le couvert de l’anonymat. « Il battait même ses filles, poursuit-elle. Des marques de coups étaient visibles sur le corps de ses deux filles aînées ». Elle note que ce n’était pas la première fois qu’il frappait Roula et que depuis quelque temps les choses allaient mal entre eux.
Selon une témoin, le drame n’a pas duré longtemps. « Lorsque Roula s’est évanouie, il s’est décidé à la transporter à l’hôpital, mais elle était déjà morte, dit-elle. Il a expliqué aux responsables de l’hôpital que sa femme était tombée dans les escaliers. »
Après le décès de sa femme, Karam al-Bazzi a pris ses filles et a disparu. « Probablement qu’il a pris la fuite », précise une voisine. Elle ajoute que « la famille de Karam a nettoyé la maison pour effacer les indices ». « Lorsque les forces de sécurité se sont présentées, elles n’ont trouvé que le manche d’un balai et des mèches de cheveux par terre, note-t-elle. Il est fort probable qu’il l’a battue à mort avec le manche du balai. »
Selon le rapport du médecin légiste toutefois, « le décès a été causé par la rupture d’une artère dans la région cervicale responsable de la respiration et de l’animation du corps ». La mère de Roula Yacoub, qui a déposé plainte au lendemain du crime au poste de gendarmerie de Halba, et la famille de la victime rejettent ce rapport. Ils exigent que des examens supplémentaires soient menés. Leila Awada, avocate et membre de l’ONG Kafa, qui suit l’affaire de près, indique que le procureur général chargé du dossier a demandé d’« effectuer un scanner corps entier ». En soirée, une parente à la victime a confié à L’Orient-Le Jour que « la famille réclame une autopsie ». Affaire à suivre...
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