« Ceci est notre dernier avertissement au Parlement. » Pancartes à la main, écrites en arabe, en français et en anglais, une vingtaine de membres du collectif féministe Nasawiya se sont mobilisées face à la municipalité de Beyrouth, déterminées à faire entendre leurs voix au gouvernement libanais pour la protection juridique des femmes face aux violences familiales.
Un combat qui dure désormais depuis cinq ans et auquel les députés semblent accorder peu d’importance. « À chaque fois, ils nous présentent des contre-arguments, nous répondent que ce n’est pas la priorité. On dirait que les violences faites aux femmes sont devenues quelque chose de normal », s’insurge Tamara, 19 ans et membre du collectif depuis deux ans.
Protection
Devant cette absence de réponse, elles ont décidé de poser un ultimatum au Parlement : si celui-ci ne vote pas le 19 mars la loi protégeant les femmes des violences conjugales, elles seront une dizaine à entamer une grève de la faim et une trentaine à manifester chaque soir. « Nous sommes prêtes à aller jusqu’au bout. Nous allons installer une tente devant le Parlement et rester ici, sans délai et sans date butoir. » Fatiguées, elles ne demandent qu’une chose : que tout cela s’arrête. « Nous n’en pouvons plus de manifester tout le temps, c’est très stressant. Nous leur demandons juste d’approuver la loi. Mais le gouvernement ne s’occupe pas du droit des femmes, il semble même légaliser les violences qui leur sont faites », constate Nadine, organisatrice de la manifestation. Même son de cloche chez Christelle, l’un des fers de lance du mouvement et qui se dit prête à entamer une grève de la faim : « On demande juste une sorte de protection, une loi pour criminaliser les violences familiales. »
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D’abord confinée sur le trottoir, la mobilisation s’est ensuite étendue sur toute la voirie où les manifestantes ont pu déployer une large banderole sur laquelle était inscrite : « 1 femme meurt chaque mois à cause de violences familiales. Approuvez le projet de loi pour la protection de la femme. »
Si elle a rassemblé une majeure partie de femmes de toutes confessions, la mobilisation a également vu la présence de plusieurs soutiens masculins, libanais et même étrangers. Preuve que cette lutte est aussi l’affaire de toute la société. Jonas, jeune Allemand actuellement en stage à Beyrouth, est venu apporter son soutien... « Je me bats pour les droits universels de la femme. Spécialement dans les pays arabes où ils sont souvent bafoués. »
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