Relatant dans un savoureux sabir composé de mots turcs, arabes, français et arméniens ses souvenirs dans le désordre, Urnechlian raconte son histoire. Il y est question d’une jupe obsédante qui se trouve au cœur d’un drame. Comprenne qui pourra. C’est donc avec le cœur que Laure de Selys traduit ce bric-à-brac.
Egchi memeg, ou petite fleur sauvage dite «hommayda» en libanais, donne son titre à l’exposition. C’est aussi le fil conducteur de ce cheminement dans le monde végétal tissé par l’artisane et photographié par Laure de Selys. Cet oxymore turc qui se traduit littéralement par «tétons acides» souligne le contraste qu’on peut retrouver dans les photos et documents vidéo. Un mélange aigre-doux de désordre et d’abandon où l’on découvre des trésors bien enfouis qui prennent sens à travers l’objectif de l’artiste.
Dans des déambulations allant de Borj Hammoud à Istanbul, Urnechlian se prend au jeu et chante ses souvenirs pour mieux traduire «les supposées contradictions que posent l’intime et le politique, la mémoire du corps et du territoire».
Cette exposition est une installation en trois parties. Elle comprend principalement deux vidéos, des compositions d’objets, des images, du texte, des broderies de perles et de macramés. On y trouve comme thème récurrent l’aspect végétal et vieilli propre au quartier où chaque objet du quotidien, tel un couvercle de boîte de conserve ou un petit bouton en plastique, peut
devenir matière à création.
Ariane NASR
Une exposition produite grâce au soutien de la Fondation Boghossian et de l’Institut français. Jusqu’au 12 juillet.