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Culture - Événement

Coup d’envoi du Festival d’Avignon avec le Groupe F à la FabricA

La FabricA, le nouveau lieu de fabrique du Festival d’Avignon, a enfin ouvert ses portes, donnant à la fois le coup d’envoi de la 67e édition du festival et du nouveau lieu de résidence et de répétition, rêvé, souhaité, attendu depuis 65 ans par Jean Vilar, le créateur du festival. Et c’est « Ouvert », le spectacle en plein air du Groupe F, avec ses créations pyrotechniques et ses bonshommes robotisés dansant sur la façade, qui a inauguré le lieu.

Des bonshommes dansent la vie sur les variations d’un électrocardiogramme...

Située à l’extérieur des remparts de la Cité des papes, au croisement des quartiers Monclar et Champfleury, la FabricA se décompose en trois bâtiments. Ce soir, le terrain vague devant les bâtiments de la FabricA est noir de monde : c’est la façade qui jouera les scènes pour le spectacle inaugural. Les spectateurs sont arrivés d’un peu partout: des quartiers qui encadrent le lieu, mais également de l’intérieur des remparts de la ville. Une lumière orange éclaire le bâtiment principal y projetant un rideau de scène qui, grâce à un subtil jeu de lumière, donne l’impression d’être parcouru par une légère brise de vent. C’est à peine perceptible, mais cela suffit à aiguiser l’attention et la curiosité des 2000 spectateurs qui se sont déplacés pour l’occasion. 22h30 sonne à peine, les hommes-robots – 12 performeurs du Groupe F, habillés d’une combinaison métallisée, sautillant et légers comme des astronautes – se lancent à l’assaut de la façade. Ils l’escaladent, la parcourent de droite à gauche, y courent en tout sens. Ils figurent les personnages de différentes scènes qui se déroulent sous les yeux du public. Le décor, différent à chaque tableau, est projeté sur la façade, sorte de fond de scène développant des thématiques variées, mais toutes ancrées dans un message politique revendicatif dénonçant précarité, misère, appauvrissement, exploitation...: un décor de chaîne de production, aussi bien de voitures que de nourritures, pour dénoncer la robotisation qui asservit nos sociétés; les ondes d’un électrocardiogramme sur lesquelles courent six petits bonshommes comme des notes sur une portée de musique, des notes qui s’épuisent dans une chute mortelle; un paysage de désert, de mer et de lande verte que traversent les comédiens, à l’instar de ces sans-papiers qui traversent, au péril de leur vie, la mer pour accéder à l’eldorado européen; les barreaux d’une prison qui se ferment avec un bruit sourd, comme les portes blindées qui nous enferment mais dont nous pouvons toujours écarter les barreaux pour nous libérer... Ces tableaux à thème, une dizaine en tout, alternent avec des projections de dessins naïfs, colorés, gais, accompagnés d’enregistrements sonores de voix d’enfants déclinant leurs noms. Et, comme pour donner à ces plages de vie toute leur dimension fracassante, les feux d’artifice leur font une haie d’honneur de leurs explosions joyeuses et lumineuses. Ces dessins et enregistrements sont le résultat d’ateliers menés par le Groupe F avec les écoles élémentaires des quartiers qui abritent la FabricA, dans une volonté des responsables du festival d’ancrer ce bâtiment dans son environnement géographique immédiat.
Et l’on se retrouve, comme des gamins, des étoiles plein les yeux, devant ce spectacle spectaculaire!

La FabricA, un lieu très attendu
Toute la république, ou presque, était au rendez-vous du lancement de la FabricA, intitulée «FabricA Rêve» par un journal local. Ce rêve devenu réalité. Rêve de Jean Vilar qui, dès la création du festival en 1947, lançait déjà: «Un lieu de répétition, c’est ce qui nous manque le plus.» Rêve de Hortense Archambault et Vincent Baudriller, les deux codirecteurs qui arrivent avec cette édition du festival à la fin de leur mandat et qui auront depuis leur prise de fonction, il y a 10 ans, œuvré pour l’aboutissement de ce projet.
La FabricA, c’est pêle-mêle, la preuve que « les utopies sont encore rêvables et réalisables», que «l’artiste a sa place dans la cité, avec tous ses quartiers»... En effet, la FabricA est implantée entre deux quartiers en mutation d’Avignon, Monclar et Champfleury, quartiers réputés difficiles. Ce laboratoire des arts du spectacle vivant accueillera, à l’année, des compagnies en création ou en répétition, programmées au Festival d’Avignon. Composé de trois bâtiments – salle de répétition, espaces techniques et espace de vie –, il occupe presque 4000 m2. Son architecture simple et épurée est signée Maria Godlewska. Le chantier a été lancé en juin 2012 et livré le 1er juillet de cette année. Il aura engagé un budget de 10 millions d’euros, assuré à parts égales par l’État, les collectivités territoriales et la mairie d’Avignon. La salle de répétition fait la même taille que la Cour d’honneur du Palais des papes, «ce qui permettra aux artistes qui participent au festival de créer dans des conditions réelles, sans avoir à “étirer” leur pièce quand ils doivent la jouer sur le plateau de la Cour d’honneur», explique Hortense Archambault, la codirectrice qui joue les guides à l’occasion de la journée inaugurale. Avec des gradins fixes et d’autres rétractables et amovibles, la salle peut accueillir jusqu’à 600 places assises. Les passerelles et les grilles (12 mètres de hauteur) parcourent toutes les parois de la salle, la rendant très fonctionnelle.
«Avec ce lieu, nous nous inscrivons dans les deux priorités qui étaient celles de Jean Vilar quand il a créé ce festival, souligne Vincent Baudriller, l’autre codirecteur. Un lieu mis à disposition des compagnies pour la création et les répétitions; et un lieu d’où le théâtre s’adresse à tous les publics, dans l’idée chère à Vilar de démocratisation culturelle.» Pour Aurélie Filippetti, la ministre française de la Culture, les codirecteurs d’Avignon ont fait, au moment de leur départ, un très beau cadeau au festival, «un cadeau, cela se mérite et nous ferons en sorte de le mériter», a-t-elle assuré.
Située à l’extérieur des remparts de la Cité des papes, au croisement des quartiers Monclar et Champfleury, la FabricA se décompose en trois bâtiments. Ce soir, le terrain vague devant les bâtiments de la FabricA est noir de monde : c’est la façade qui jouera les scènes pour le spectacle inaugural. Les spectateurs sont arrivés d’un peu partout: des quartiers qui encadrent le...

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