Abbas : Nous obéirons à l’État libanais sur le désarmement des camps

Au deuxième jour de sa visite officielle au Liban, le président palestinien, Mahmoud Abbas, a eu une série d’entretiens politiques, notamment avec le président de la Chambre, Nabih Berry, les Premiers ministres démissionnaire, Nagib Mikati, et désigné, Tammam Salam, le président des Kataëb Amine Gemayel, ainsi qu’avec les ministres du PSP. Au menu des discussions, le dossier des réfugiés et des armes palestiniennes.
Les interlocuteurs de M. Abbas se sont félicités à l’unanimité de ce que les camps palestiniens soient restés à l’écart durant les événements sanglants qui avaient secoué la région de Saïda, et plus particulièrement la localité de Abra, il y a quelques semaines. Ce à quoi le président palestinien a répondu en insistant sur le fait que les réfugiés dans les camps resteront « au-dessous de la loi » tant qu’ils sont au Liban, ainsi que sur le côté provisoire de leur présence dans le pays.
M. Abbas a d’abord été reçu au Sérail, avant de se rendre auprès de M. Nabih Berry à Aïn el-Tiné. Au Sérail, M. Mikati a exprimé le souhait que les réfugiés palestiniens « respectent la décision de l’Autorité palestinienne, en ce qui concerne la non-ingérence dans les affaires intérieures libanaises ».
« Les Palestiniens doivent barrer la voie à toute tentative visant à faire de leurs camps le point de départ d’actes subversifs visant à porter atteinte à la sécurité du Liban ainsi qu’aux relations bilatérales libano-palestiniennes », a-t-il déclaré au cours de la conférence de presse conjointe avec le président palestinien.
Il a ensuite rendu hommage à la position de son hôte qui avait annoncé qu’il appartient au gouvernement libanais de prendre les décisions qui s’imposent au sujet des armes palestiniennes à l’intérieur et en dehors des camps. « Nous espérons, dans ce cadre, un accroissement de la coopération entre les services officiels libanais et les responsables de la gestion des camps », a ajouté M. Mikati, qui a ensuite
sollicité l’aide de M. Abbas dans la gestion et le contrôle du dossier des réfugiés palestiniens venus de Syrie « jusqu’à ce que ces derniers puissent réintégrer leurs camps dans le pays voisin ». « Nous vous demandons de ne pas tolérer que les camps en Syrie soient exploités au profit d’une partie au sein de ce pays contre une autre et que les camps du Liban soient impliqués dans le conflit palestinien interne », a poursuivi le Premier ministre démissionnaire.

« Nous n’avons pas besoin d’armes »
Prenant à son tour la parole, M. Abbas, a insisté sur le refus des Palestiniens de s’engager dans des actions pouvant mettre en danger la sécurité au Liban. « C’est une position que j’exprime au nom de l’Autorité palestinienne, de l’OLP et des factions palestiniennes qui en dépendent », a-t-il expliqué, avant d’ajouter en réponse à une question : « Je l’ai affirmé en 2005 et je le réitère aujourd’hui : nous n’avons pas besoin d’armes. Nous sommes sous la protection du peuple, de l’armée et du gouvernement libanais. Lorsque le gouvernement libanais annoncera qu’il souhaite faire sortir les armes des camps, nous ne pourrons qu’obéir. Si les autorités souhaitent organiser les armes au sein des camps ou prendre n’importe quelle autre décision, nous nous y conformerons. Nous sommes en définitive des invités dans ce pays. »
Il devait reprendre ces mêmes idées au cours de la conférence de presse conjointe qu’il a tenue avec M. Nabih Berry. M. Abbas a ainsi réaffirmé son engagement en faveur de la sécurité et de la stabilité du Liban. « Les Palestiniens
restent des invités au Liban et ne peuvent pas se considérer au-dessus de la loi. Ils restent en dessous », a-t-il affirmé après avoir souligné l’appui du Liban à la cause palestinienne et insisté sur le fait que l’Autorité palestinienne refuse de s’ingérer dans les affaires libanaises intérieures. C’est à ce même titre d’ailleurs qu’il a refusé de commenter les développements en Égypte.
« Les réfugiés sont des invités provisoires. Le jour viendra où ils pourront regagner leur pays. À ce moment-là, nous remercierons le Liban pour son hospitalité », a-t-il indiqué avant d’exprimer son attachement au processus arabe de paix.
Au plan palestinien interne, il a expliqué que la priorité est accordée à deux éléments, la réconciliation interpalestinienne « qui ne sera pas affectée par la situation régionale » et l’organisation d’élections, ainsi que la relance du processus de paix avec Israël. « Les Palestiniens sont pour le moment en pourparlers avec les Américains en vue de paver la voie à la reprise des pourparlers avec les Israéliens. »
Quant à M. Berry, il a surtout salué la position des camps durant les incidents de Saïda, estimant que le fait qu’ils se soient tenus à l’écart a empêché les événements qui ont secoué cette région de s’étendre. Le président de la Chambre a en outre jugé nécessaire de « faire preuve de vigilance dans le monde arabe et de ne pas se laisser aveugler par le printemps arabe dans la mesure où Israël en tire profit en essayant de délimiter ses frontières au Golan et au Sinaï ».
Plus tard dans la journée, M. Abbas a reçu à l’hôtel Phoenicia le Premier ministre désigné Tammam Salam, qui a assuré, en réponse aux questions de la presse, qu’il poursuit ses efforts pour mettre sur pied un gouvernement dans les délais les plus brefs. Il s’est également entretenu avec le président Amine Gemayel, ainsi qu’avec une délégation du Parti socialiste progressiste (PSP), présidée par le ministre sortant des Travaux publics et des Transports, Ghazi Aridi, qui a rendu hommage aux positions adoptées par le président palestinien à Beyrouth, ainsi qu’au « comportement rationnel » des Palestiniens lors des incidents de Abra.
M. Abbas a en outre conféré avec les ambassadeurs de Syrie, du Maroc, de Tunisie, d’Algérie, du Yémen, du Koweït, de la Ligue arabe au Liban ainsi qu’avec les chargés d’affaires des ambassades des Émirats arabes unis et de la Jordanie.