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À La Une - Liban

Journée de colère sunnite en appui à Ahmad el-Assir

Manifestations sous tension après la prière du vendredi à Saïda, Tripoli, Beyrouth et dans la Békaa.

Manifestation en solidarité avec Ahmad el-Assir, vendredi, à Tarik el-Jdidé à Beyrouth. Photo Ibrahim Tawil

Quelques jours après la prise par l'armée libanaise du "quartier général" d'Ahmad el-Assir à l'issue de violents combats, à Saïda, au Liban-Sud, la rue sunnite a manifesté vendredi à travers le Liban sa solidarité avec le cheikh salafiste.

Ainsi, après la prière de vendredi, des rassemblements sous tension ont eu lieu à Saïda, à Beyrouth, à Tripoli et dans la Békaa face à un déploiement massif de l'armée.

 

A Saïda, au terme de la prière à la mosquée Zaatari, des groupes de jeunes en colère se sont dirigés vers Abra, une banlieue de la ville, afin d'organiser un sit-in à la mosquée Bilal ben Rabah, qui était la place forte de cheikh el-Assir. Les soldats de l'unité de l'armée en poste dans le secteur ont tiré en l'air afin de disperser les manifestants et les empêcher de rejoindre la mosquée Bilal ben Rabah. A l'issue de leur mouvement, les protestataires ont publié un communiqué dans lequel ils exigent de connaître le sort de leurs fils disparus (après les combats) et réclament une enquête transparente sur les récents développements."

 

Cette manifestation a été organisée à la suite du prêche du mufti de Saïda, cheikh Salim Soussane, qui a été jugé trop conciliant dans son commentaire des événements de Abra. Face à la colère des groupes de jeunes présents, le chef du bloc parlementaire du Courant du futur, Fouad Siniora, et les responsables de la "Jamaa islamiya" - présents à la mosquée Zaatari - ont déployé des efforts afin de calmer la situation.

 

Dans son prêche, cheikh Soussane a dénoncé l'attaque contre l'armée libanaise et a présenté ses condoléances aux familles des martyrs de la troupe. "Nous refusons les appels (lancés par el-Assir) aux sunnites à déserter. Nous sommes une composante du pays et des ses institutions", a-t-il ajouté.

Le mufti a néanmoins appelé à l'ouverture d'une enquête "transparente, juste et objective" avec certains membres de l'armée "qui ont porté préjudice, par leurs actes, à l'institution militaire." Le mufti de Saïda faisait référence à la vidéo diffusée sur les réseaux sociaux montrant des soldats frappant et humiliant un partisan présumé du cheikh radical sunnite recherché par la justice.

 

Le mufti a également dénoncé "les arrestations et interrogatoires menés par certains groupes armés illégaux" et en a fait assumer la responsabilité à l'Etat. Divers pôles d'influence à Saïda ont affirmé ces derniers jours qu'à la suite de l'opération menée par l'armée, le Hezbollah s'est livré à des exactions à Saïda, effectuant des perquisitions et des arrestations sans que l'armée ne réagisse.

 

Dans la capitale, à l'appel du parti salafiste "al-Tahrir", une manifestation a simultanément eu lieu à Tarik el-Jdidé. Lors du rassemblement qui s'est déroulé dans le calme, les manifestants ont affirmé qu'ils "ne se tairont pas sur qui s'est passé à Saïda", affichant leur solidarité avec Ahmad el-Assir. Un mouvement similaire a été également organisé à Saadnayel, dans la Békaa, où une brève manifestation a été organisée devant la mosquée Ali ben Abi Taleb.

 

A l'appel du parti "al-Tahrir", un autre rassemblement a eu lieu à Tripoli (Liban-Nord) au sein de la mosquée Mansouri. A l'issue du sit-in, les manifestants ont organisé une marche dans les rues de la ville où des routes ont été brièvement bloquées et des tirs en l'air ont été signalés. La tension restait vive dans l'après-midi dans la capitale du Liban-Nord plusieurs fois secouée par des heurts sunnito-chiites, certains médias locaux faisant état d'éléments armés déployés dans les rues tirant en l'air et fermant des magasins par la force. Selon certains médias, une plaque commémorative dédiée à l'armée libanaise a été détruite sur le rond-point el-Salam.

Les opérations de l'armée à Abra ont attisé un sentiment de frustration de l'opinion publique sunnite qui, bien que ne sympathisant pas avec cheikh el-Assir, jugé extrémiste et fantasque, reproche à la troupe de ne pas utiliser la même force militaire face au Hezbollah. Des dignitaires religieux sunnites ont même accusé le parti chiite d'avoir prêté main forte à l'armée dans son assaut.

 

Jeudi, le Hezbollah a évacué deux appartements proches de l'ancien QG du cheikh salafiste qui accusait le parti chiite d'y avoir stocké des armes et de l'espionner, a-t-on appris d'une source du mouvement selon qui il s'agissait d'un geste d'apaisement. "Nous avons évacué les immeubles dans le but de préserver le calme dans la zone", a indiqué à l'AFP la source du Hezbollah. Une source militaire a confirmé cette évacuation.

 

Au Liban, les tensions confessionnelles entre sunnites, partisans de la rébellion syrienne, et chiites, partisans du régime de Damas, ont été exacerbées par la guerre en Syrie.

 

 

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