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Liban

Sous le feu des critiques, dont celles de Mikati, l’armée « ne se taira pas »

Des informations encore non confirmées affirment que tous les appartements conflictuels du Hezbollah à Abra ont été évacués, et l’armée atteste sans équivoque avoir libéré la ville de Saïda de l’emprise d’Ahmad el-Assir, sans le soutien armé du parti du Dieu.

Le prisonnier partisan d’el-Assir qui a subi les violences de soldats de l’armée, juste avant d’être passé à tabac.                Extrait de vidéo

Deux jours après la prise de contrôle par l’armée libanaise du « quartier général » d’Ahmad el-Assir à Abra, dans la banlieue de Saïda, des informations ont circulé hier, affirmant que le parti de Dieu a évacué deux appartements qu’il utilisait dans le secteur. Le cheikh salafiste avait à plusieurs reprises dénoncé l’existence d’appartements appartenant au parti chiite et menacé, quelques jours avant les combats de dimanche dernier, de recourir à une « solution militaire » s’ils n’étaient pas fermés. Selon les informations du parti, le Hezbollah aurait informé l’armée qu’un premier appartement a été évacué et que le deuxième ne lui appartenait pas, mais qu’il était habité par une famille. Le parti aurait soi-disant préféré, après la chute d’Assir, évacuer l’appartement acheté en 1997 afin que son existence ne suscite pas d’objections, notamment après le démantèlement du QG du cheikh salafiste. Dans ce contexte, la députée du courant du Futur de la ville, Bahia Hariri, a été informée par les renseignements de l’armée de l’évacuation des deux appartements du Hezbollah à Abra, désormais aux mains de la troupe.
Mais ces informations pourtant quasi officielles n’ont pas encore été confirmées. Hier, de nombreuses photos circulant sur les réseaux sociaux ont voulu prouver le contraire, en montrant que le drapeau du Hezb s’élevait toujours sur le toit de certains autres appartements de Abra.

La vidéo qui fait mal...
Mis à part l’évacuation des appartements, les réseaux sociaux ont une fois de plus hier créé la polémique. L’armée libanaise a ouvert en effet une enquête après la diffusion d’une vidéo montrant des soldats frappant et humiliant un partisan présumé du cheikh radical sunnite. La vidéo, dont on ignore quand elle a été tournée et qui a suscité un tollé sur les réseaux sociaux, montre un homme assis sur un trottoir entouré d’une dizaine de soldats armés, dont l’un le questionnait sur cheikh Ahmad el-Assir.


« J’étais employé à la mosquée, je ne portais pas d’armes, je vous le jure », explique l’homme. « Tu l’aimais Assir, dis la vérité », rétorque un militaire sur un ton hargneux. « Je ne l’aime pas, honnêtement... que Dieu le maudisse... » répond le partisan présumé, de plus en plus effrayé. Le militaire qui mène l’interrogatoire intime ensuite l’ordre de lui ligoter les mains et de ne pas s’en prendre à lui physiquement. Mais un homme en civil qui se trouve parmi le groupe et qui filme la scène commence à le frapper avant que les autres soldats se joignent à lui, lui donnant de violents coups en le frappant à coups de pied et avec différents objets. Un homme, apparemment un gradé, donne l’ordre d’arrêter de filmer avant que la vidéo ne se termine de manière abrupte.


Après que le commandement en chef de l’armée eut ordonné hier une enquête à ce sujet, la police militaire s’est empressée d’arrêter les soldats responsables parus dans la vidéo. Le Premier ministre démissionnaire Nagib Mikati a pour sa part réclamé l’ouverture d’une enquête sur le montage de films et d’enregistrements vocaux sur cet incidents ainsi que la participation de combattants du Hezbollah aux affrontements de Saïda. « Ces films et enregistrements portent atteinte à l’image de l’institution militaire », a clamé M. Mikati, qui a rendu hommage aux sacrifices consentis par l’armée libanaise pour préserver le pays.
M. Mikati a en outre transmis au commandant en chef de l’armée libanaise, le général Jean Kahwagi en visite au Grand Sérail, ses sincères condoléances aux familles des soldats tués. « Il est nécessaire que l’armée traite tous les citoyens sur le même pied d’égalité », a-t-il dit, affirmant l’intérêt de préserver cette institution de toutes les tentatives qui la prennent pour cible.

Polémique sur la participation du Hezb...
Par ailleurs, l’intervention supposée de combattants du Hezbollah dans la bataille contre Ahmad el-Assir continue de faire polémique. Malgré les témoignages de nombreux habitants qui affirment la participation d’éléments armés du parti de Dieu à Abra dimanche et lundi, le commandement de l’armée a publié hier un communiqué pour « dénoncer la campagne politique et médiatique menée contre l’institution à travers des vidéos, des enregistrements et des photos fabriqués et dans lesquels il est question d’éléments armés combattant aux côtés de la troupe lors de son opération à Abra ».


« L’armée a attendu en vain que les responsables de cette campagne prennent conscience de la dangerosité de leurs actes à l’encontre de la troupe, de ses martyrs et blessés, mais aussi à l’encontre du Liban », martèle le commandement dans son communiqué. Assurant avoir combattu seule à Abra, l’armée précise dans son texte que les membres de ses services de renseignements portent une tenue civile et que cela s’est passé dans plusieurs endroits dans le passé. Le texte ajoute en outre que « tout dérapage sécuritaire et moral de la part d’un soldat ou d’une unité militaire sera sujet à une enquête interne et des mesures punitives ». Il faut pourtant rappeler sur ce plan que les membres des services de renseignements avaient l’habitude de porter une tenue civile, mais qu’ils optaient récemment pour un gilet militaire qui les différencie des civils. On peut également ajouter, selon les témoignages, que certains hommes de ces éléments portaient la barbe, ce qui est interdit au sein de la troupe. Le commandement de l’armée s’est dit par ailleurs désolé que certains médias libanais « atteignent ce niveau de désinformation que tout expert technique peut facilement éventer », qualifiant cette campagne de « scandale médiatique ».

 

(Portrait : Fadel Chaker, de la romance à la kalachnikov)

 


Malgré ce communiqué, la Future TV a rapporté hier que les services de l’armée ont arrêté au moins un membre de la brigade du Hezbollah, Mahmoud el-Sous, impliqué dans les incidents de Saïda. De son côté, le quotidien al-Akhbar a rapporté jeudi que deux personnes ont été arrêtées mardi à l’aube par les services de renseignements de l’armée alors qu’elles étaient en contact avec Ahmad el-Assir et l’ex-chanteur devenu militant islamiste, Fadel Chaker. Selon le quotidien, les deux hommes, un journaliste d’une chaîne de télévision et un religieux de Tripoli, tentaient de localiser le cheikh salafiste et l’ancien chanteur afin de les exfiltrer de la ville, dont les dégâts subis durant la bataille contre el-Assir se chiffrent à 16 millions de dollars en 48 heures, selon le chef de la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Saïda, Mohammad Saleh.
Enfin le juge Sakr Sakr a autorisé les habitants à regagner leurs habitations à Abra à l’exception de quatre immeubles qui formaient « l’îlot sécuritaire » d’Assir.

 

 

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