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À La Une - Syrie

Riyad accuse Assad de « génocide »

Brahimi « doute » que la conférence internationale de paix à Genève puisse se tenir en juillet.

À Alep, on apprend aux femmes à manier le Kalachnikov. Muzaffar Salman/Reuters

L’Arabie saoudite, l’un des principaux soutiens aux rebelles syriens, a accusé hier le « régime illégal » du président Bachar el-Assad de « génocide » et a appelé à un embargo sur les armes à destination de Damas.
Critiquant l’appui apporté au raïs syrien par l’Iran, la Russie et le Hezbollah, le ministre saoudien des Affaires étrangères a déclaré que le royaume sunnite ne pouvait pas rester silencieux. « La Syrie est confrontée à une attaque sur deux fronts : un génocide de la part du gouvernement et une invasion venant de l’extérieur du gouvernement, d’une part, (...) un afflux massif d’armes pour venir en aide à cette invasion et ce génocide, de l’autre », a ainsi déclaré le prince Saoud al-Fayçal. « Cela doit cesser », a-t-il martelé lors d’une conférence de presse à Djeddah en présence de son homologue américain, le secrétaire d’État John Kerry. « Le royaume wahhabite réclame une résolution sans équivoque de la communauté internationale pour que cessent les livraisons d’armes au régime syrien et pour déclarer illégitime ce régime. »

 

(Pour mémoire : Nasrallah : Le Hezbollah va rester impliqué dans le conflit en Syrie)


Le ministre saoudien des Affaires étrangères n’a pas précisé ce qu’il entendait par « génocide », mais Riyad accuse les forces fidèles au régime de Damas de bombarder avec son aviation et son artillerie des zones civiles densément peuplées. Pour le prince, « l’évolution la plus dangereuse est l’implication étrangère, qui se manifeste par la présence de combattants du Hezbollah et d’autres milices soutenues par les forces des gardiens de la révolution iraniens. Il n’est pas logique de laisser les Russes armer ouvertement le régime syrien et les forces étrangères qui le soutiennent ».

 


« Notre but est très clair »
Son hôte américain, de retour au Moyen-Orient après deux jours en Inde, a eu des entretiens avec son homologue saoudien ainsi qu’avec le prince Bandar ben Sultan, patron des services de renseignements du royaume et coordinateur des efforts déployés par Riyad pour déposer Bachar el-Assad. Les discussions portent notamment sur l’intention des États-Unis d’apporter une aide militaire directe au général Salim Idriss, chef militaire de la rébellion. Le président américain Barack Obama a récemment annoncé sa volonté d’armer les rebelles sans préciser la nature que prendra cette assistance. « Notre but est très clair : ne pas laisser ce conflit s’étendre, ne pas permettre un nouveau bain de sang ou prolonger l’agonie du peuple syrien », a déclaré John Kerry devant la presse. Ce dernier a décidé d’ajouter les Émirats arabes unis à sa tournée marathon dans les pays arabes visant à coordonner l’aide aux rebelles.
M. Kerry et son homologue russe Sergueï Lavrov se rencontreront la semaine prochaine pour parler du dossier syrien, a annoncé l’ONU hier à Genève, alors que les deux pays ne sont pas parvenus hier à se mettre d’accord sur les conditions d’organisation de la conférence de paix. Diplomates russes et américains ont affiché leur désaccord sur nombre de questions, de la date de la conférence à la liste des participants, a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov.

 

(Eclairage : « Si vous êtes un criminel, comment pourriez-vous revenir ? »)

 


Brahimi
À Genève, l’émissaire spécial de l’ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, a dit « douter » que la conférence internationale de paix à Genève puisse se tenir en juillet. S’exprimant avant une réunion préparatoire ONU/États-Unis/Russie à Genève à cette conférence, il a dit que le but des discussions est d’avancer sur les objectifs de la conférence et sur qui doit y participer. « Je crois qu’ils vont confirmer qu’ils vont venir », a assuré M. Brahimi interrogé sur le refus à ce jour de l’opposition de participer à la conférence. L’opposition doit avoir une réunion à ce sujet les 4 ou 5 juillet, a-t-il dit. Le régime a donné son accord de principe à cette conférence.
M. Brahimi a par ailleurs espéré que les États-Unis et la Russie agiraient pour empêcher que la guerre civile n’échappe à tout contrôle tant en Syrie que dans la région.

 


Mendicité et déscolarisation
Sur le terrain, les combats faisaient rage autour de Damas où l’armée a lancé une offensive majeure pour déloger les insurgés. « L’armée tente de reprendre des quartiers du nord et de l’est de Damas », a ainsi déclaré Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). « Les rebelles résistent (...) la situation humanitaire est catastrophique », a-t-il ajouté. Toujours à Damas, l’armée a investi la faculté de médecine, selon al-Arabiya, où elle a procédé à de nombreuses arrestations.
À Alep, des affrontements violents avaient également lieu alors que les rebelles tentent d’avancer vers les zones tenues par le régime dans l’ouest de la ville.
En outre, deux Syriens blessés ont été encore transportés dans des hôpitaux israéliens via le passage de Kouneitra sur le Golan. Selon un porte-parole de l’hôpital Ziv dans la ville de Safed, 28 Syriens ont été hospitalisés dans cet établissement en quatre mois.


Dans ce contexte de désolation, les Syriens se voient de plus en plus obligés de mendier ou de faire travailler les enfants pour améliorer leurs fins de mois, a averti le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies. Telles sont les conclusions de l’ONU d’après une enquête du PAM menées auprès de 105 familles dans 7 gouvernorats de Syrie. Les experts mandatés par l’ONU ont notamment pu se rendre dans la ville d’Alep pour interroger les Syriens et surveiller de près le processus de distribution alimentaire, ce qu’ils n’avaient pas pu faire depuis décembre 2012.
Sur un autre plan, Human Right Watch a condamné la reprise aujourd’hui du procès devant un tribunal d’exception à Damas de cinq militants pacifiques syriens, dont le célèbre avocat et combattant de la liberté d’expression Mazen Darwish.


Enfin, près de 9 000 Syriens réfugiés en Jordanie ont regagné leur pays en juin malgré la poursuite de la guerre, a indiqué un responsable jordanien en faisant état de 68 000 Syriens ayant fait de même en deux ans.

 

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