Des roquettes qui touchent d’innocents citoyens, aussi partisans soient-ils, en pleine banlieue sud, est une chose inadmissible et aussi criminelle que la participation sauvage du Hezbollah aux côtés des soldats d’Assad en Syrie, hier à Qousseir, demain à Alep... Vouloir viser le palais présidentiel, dont le locataire est aujourd’hui la cible d’attaques millimétrées et incendiaires de la part des prosyriens congénitaux : Assem Kanso, Wi’am Wahhab, Sleimane Frangié, etc., en est une toute autre. Inouïe. Un absolu (ultime ? ) saut dans le vide.
Cette fois-là, personne n’en saura rien. Personne ne saura contre qui, contre quoi étaient dirigés les deux Grad qui se sont abîmés en plein vol ou manqué pitoyablement leur destination, tellement qu’ils ont failli provoquer une miniguerre entre le duché de Ballouneh et le marquisat de Kahalé. Personne ne peut assurer que les rebelles syriens n’ont pas réussi à faire entrer au Liban des roquettes en tous genres destinées à punir le parti de Dieu après l’opération Qousseir. Personne ne peut certifier donc, à 100 %, que ces Grad n’ont pu être tirés que par ces groupuscules palestiniens férocement pro-Assad qui essaiment au Liban depuis des décennies et que le régime de Damas a maintes et maintes fois agités, comme autant de mortifères épouvantails.
Mais tout le monde, ou presque, est d’accord pour dire que si l’on en est là aujourd’hui, si le Liban est sur le point de basculer dans un processus irréversible, c’est surtout, pas seulement, bien sûr, mais surtout, à cause des choix métastasés du Hezbollah et que ce Hezbollah assume avec un culot, une inconscience jamais égalés : si la haine, les rancœurs, la méfiance entre chiites et sunnites libanais ont atteint un tel climax ; si des Libanais, toutes appartenances communautaires confondues, sont ou vont être expulsés à tour de bras des richissimes pays arabes, c’est-à-dire si des familles entières vont être punies exactement là où cela fait mal ; si le pays risque de s’embraser, c’est à Hassan Nasrallah et à ses parrains-commanditaires iraniens (Ahmadinejad, Rohani, c’est blanc bonnet et bonnet blanc...) qu’il faudra un jour, vite, demander des comptes.
Dans la cuisine iranienne, somptueuse, c’est presque toujours épluchée que la tomate, comme le basilic, l’estragon, le panir (un fromage au goût de feta), le persil, l’oignon, le concombre, le yaourt, sert d’accompagnement (en perse, on dit mokhalafat) aux plats principaux. Sacrée trouvaille que cette tomate, appelée pompeusement par les spécialistes solanum lycopersicum, et qui est une espèce de plante herbacée de la famille des solanacées, originaire du nord-ouest de l’Amérique du Sud, largement cultivée pour son fruit climactérique. Le terme désigne aussi ce fruit charnu, qui est l’un des légumes les plus importants dans l’alimentation humaine et qui se consomme frais ou transformé. La tomate est devenue un élément incontournable de la gastronomie de nombreux pays, elle est cultivée en plein champ ou sous abri sous presque toutes les latitudes, sur une superficie d’environ trois millions d’hectares, ce qui représente près du tiers des surfaces mondiales consacrées aux légumes. La tomate a donné lieu au développement d’une importante industrie de transformation, pour la production de concentré, de sauces, de jus et de conserves. Et compte tenu de son importance économique, elle est l’objet de nombreuses recherches scientifiques et est considérée comme une plante modèle en génétique : elle a donné naissance à la première variété génétiquement transformée autorisée à la consommation et commercialisée de façon éphémère aux États-Unis dans les années 1990.
Ces considérations superWikipédia passées, voir ces petites boules de chair délicieusement juteuses et pleines de bonnes fibres finir sur des voitures de députés stupidement autoprorogés dont 95 % ne méritent même pas la plus insignifiante des attentions ou contre un Conseil constitutionnel cacochyme et stérile est un spectacle navrant. Non que les revendications de ces jeunes et moins jeunes, enthousiastes, encore plein d’idéaux et de fougue et de convictions et de détermination ne soient pas nécessaires, peut-être suffisantes, sûrement urgentes, mais la cible est tellement, tellement cheap. Sans compter cette idée, sinistre et crétine, de planter des tentes en plein centre-ville, comme hier le 8 Mars qui avait souillé pendant des mois le cœur de la capitale, comme si l’on voulait transformer, encore une fois, le Liban en un immense camp de réfugiés, étrangers et libanais... Heureusement qu’elle n’aura duré qu’une nuit, cette idée...
Roquettes vs tomates : c’est toute la schizophrénie, parfois sublime, pire : belle, souvent rageante, de ce pays qui explose à la gueule de ses habitants, à la gueule du monde. Parfois c’est noyée d’odeurs et de bruits et de couleurs de sang, de ruines et de guerres à venir, que la vie (les festivals, l’été, les feux d’artifice, la fête de la Musique, les plages et les Decks on the Beach, les restaurants et les pubs, les hôtels et les commerces...) retrouve sur ces 10452km2 une drôle, une inestimable, affolante saveur.
Quand on est aussi maudit que ce Liban, c’est à vie. Heureusement, il reste les/des Libanais.