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Moyen Orient et Monde - Enquête

L’affaire Snowden met à l’épreuve les relations entre Pékin et Hong Kong

L’extradition de l’ancien consultant serait une « trahison ».

La moitié de la population de Hong Kong est opposée à l’expulsion d’Edward Snowden. Bobby Yip/Reuters

L’affaire Edward Snowden, cet ancien consultant qui a révélé des programmes de surveillance massive des communications aux États-Unis, met à l’épreuve les relations entre Pékin et Hong Kong, petit territoire chinois jaloux de son autonomie et de ses libertés civiques.
En se réfugiant à Hong Kong où il entend s’opposer farouchement à toute tentative d’extradition vers les États-Unis, le jeune Américain de 29 ans se lance comme un chien dans un jeu de quilles chinois et place la mégapole financière en position délicate : est-elle ou non capable d’agir dans l’interférence de Pékin ? « Je suis inquiet si la Chine abuse de son pouvoir parce qu’à chaque fois qu’elle le fait, elle accroît les opportunités de le faire dans l’avenir », affirme Billy Leung qui a manifesté samedi avec des centaines de Hongkongais pour plaider la cause d’Edward Snwoden. « Je pense qu’il serait très important pour Hong Kong de se montrer capable de défendre ses droits pour décider des termes de son extradition si une telle demande est faite », dit-il.
Une enquête judiciaire a été ouverte contre Edward Snowden aux États-Unis mais le gouvernement américain n’a pas encore transmis de demande d’extradition aux autorités de Hong Kong, où la moitié de la population est opposée à son expulsion, selon un sondage. Hong Kong, ancienne colonie britannique qui bénéficie d’une large autonomie depuis sa rétrocession à la Chine en 1997, a signé de longue date un accord d’extradition avec les États-Unis. Mais Pékin a le droit d’opposer son veto. « La peur de l’interférence de Pékin est omniprésente à Hong Kong, à tout point de vue », confie la députée prodémocratie Claudia Mo. « La plupart des gens ont tendance à penser qu’il y aura une forme d’intervention de Pékin, mais pas ouvertement bien sûr », assure-t-elle.
Toute ingérence de la Chine populaire dans la vie publique à Hong Kong est mal perçue et donne lieu à de vives protestations. À tel point que lorsque des dizaines de milliers de personnes ont défilé au début de l’année contre le nouveau chef du gouvernement qu’ils accusent d’être inféodé à Pékin, le vieux drapeau colonial a fait sa réapparition dans les rues de la ville. Aussi des médias d’État chinois ont-ils avancé l’idée que la Chine entende son opinion publique dans l’affaire Snowden, en particulier à Hong Kong, en garantissant la protection de l’Américain. Son extradition serait une « trahison » de la confiance qu’il a placée dans la démocratie à Hong Kong et Pékin « perdrait la face » en pliant sous la pression américaine, a estimé hier le quotidien officiel chinois Global Times. « Extrader Snowden aux États-Unis ne serait pas seulement une trahison de la confiance de Snowden, mais aussi une déception des attentes dans le monde entier », écrit le journal en anglais du groupe du Quotidien du Peuple, organe officiel du Parti communiste chinois (PCC).
Edward Snowden lui-même a dit son intention de demander à la justice et aux habitants de Hong Kong de décider de son sort. « Je n’ai aucune raison de douter de ce système », a-t-il ainsi déclaré dans une interview au grand quotidien anglophone de Hong Kong, le South China Morning Post (SCMP), la semaine dernière. Un pari quelque peu ingénu pour Ma Ngok, professeur à l’université chinoise de Hong Kong, spécialiste d’administration publique. L’affaire Snowden « va affecter les relations sino-américaines, donc Pékin va s’immiscer et, in fine, il aura une grande part dans l’issue du processus », prévient-il.
Le gouvernement chinois est resté quasiment muet depuis le déclenchement de l’affaire, sortie au grand jour peu après la rencontre en Californie entre Barack Obama et son homologue chinois Xi Jinping. Une porte-parole des Affaires étrangères chinoises s’est contentée de déclarer la semaine dernière n’avoir « aucune information » à fournir. Dans son entretien avec le SCMP, Edward Snowden avait semblé jouer la carte de la discorde entre Washington et Pékin sur un sujet aussi sulfureux que l’espionnage électronique en indiquant posséder des documents secrets identifiant des cibles de piratage à Hong Kong et en Chine. Les allégations selon lesquelles Edward Snowden pourrait avoir espionné pour la Chine sont « complètement dénuées de fondement », a affirmé hier Pékin. L’espionnage informatique est une source régulière de frictions entre les deux premières puissances de la planète et a été au cœur de la rencontre au sommet Obama-Xi.
(Source : AFP)
L’affaire Edward Snowden, cet ancien consultant qui a révélé des programmes de surveillance massive des communications aux États-Unis, met à l’épreuve les relations entre Pékin et Hong Kong, petit territoire chinois jaloux de son autonomie et de ses libertés civiques.En se réfugiant à Hong Kong où il entend s’opposer farouchement à toute tentative d’extradition vers les...
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