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À La Une - Liban

Violent réquisitoire de Saad Hariri contre le Hezbollah : « La patrie est en danger... »

L'ancien Premier ministre libanais Saad Hariri. AFP/Tiziana Fabi

Le chef du courant du Futur, l’ancien Premier ministre Saad Hariri, s’est livré hier à un violent réquisitoire contre le Hezbollah, accusant ce dernier de dynamiter la formule de coexistence et de faire « des chiites du Liban le carburant d’une guerre absurde sans fin ».


« Ce à quoi est confronté le Liban se rapproche du danger existentiel et menace le message du Liban ainsi que les valeurs de la diversité culturelle et religieuse. Cela m’incite à tirer la sonnette d’alarme(...), a indiqué Saad Hariri. Ce que je crains surtout, eu égard à l’insistance d’un groupe politique à militariser l’une des composantes essentielles du pays, de manière à la soustraire au contrôle de l’État et à l’impliquer dans des missions suicidaires, c’est que le Liban soit en proie à des luttes confessionnelles. »
« Notre patrie est en danger. Le véritable danger réside dans le tissu politique local, dont le Hezbollah a réussi à s’approprier une grande partie, la transformant, grâce au soutien iranien sans précédent au cours des vingt dernières années, en une force militaire et de sécurité qui a imposé ses mécanismes d’action sur les affaires publiques (...). Nous avons essayé ces dernières années de (...) pousser le Hezbollah à avaliser une stratégie de défense qui permettrait de restaurer le rôle de l’État dans le domaine de la défense nationale. Mais le commandement du Hezbollah agissait sur base d’un autre projet aux multiples facettes sécuritaires, politiques et militaires, à Beyrouth, Tripoli, Saïda, dans la Békaa, au Mont-Liban et dans toutes les régions infiltrées par son appareil et son aile armée. Il a également déclenché la guerre contre le peuple syrien et violé les frontières libanaises en transférant des milliers de ses combattants en Syrie sous les yeux des autorités libanaises », a souligné M. Hariri.


Et d’ajouter : « Le danger menace tout le monde sans exception, car aucune des composantes libanaises ne pourra éviter le gouffre vers lequel le Hezbollah entraîne le Liban. Le Hezbollah a décidé, unilatéralement, de violer tous les principes, les lois et les bases qui régissent la vie nationale entre les Libanais. Il s’est octroyé le droit de l’État de prendre des décisions cruciales, sans tenir compte des sensibilités des groupes avec lesquels il vit et qui représentent au moins 50 % de la population libanaise. Le Hezbollah a agi, grâce au surplus sans précédent de la force armée qu’il possède, comme s’il était un État en soi, faisant fi du président et du gouvernement responsables de la gestion des affaires publiques, du Parlement concerné par les décisions de guerre et de paix, des institutions militaires et sécuritaires auxquelles la Constitution a donné le monopole de la défense nationale, sans prendre en considération l’accord de Taëf et la conférence de dialogue national qui a abouti à la déclaration de Baabda. Le Hezbollah a saboté tout cela à la fois, et a décidé, de la propre bouche de son secrétaire général, que Hassan Nasrallah sera le chef de l’État, le commandant suprême des forces armées et le pouvoir exécutif qui permet l’ouverture des frontières à des milliers de combattants pour participer à la guerre syrienne. Il a également décidé d’être l’autorité législative qui émet des fatwas pour défendre les sanctuaires religieux et les régimes en dehors des frontières », a poursuivi Saad Hariri.

Le fer de lance d’un projet levantin
« Ce n’est pas une description caricaturale de la réalité politique, mais une description blessante de la réalité de l’État libanais, qui a souffert pendant des années des conditions et des intimidations imposées par le Hezbollah, a ajouté M. Hariri. Le parti ancré dans un arsenal sectaire, militaire et financier, a réussi depuis plus de vingt ans à attirer la communauté chiite et à la noyer dans l’illusion de contrôler les autres, pour en faire un substitut armé aux gardiens iraniens de la révolution sur la scène libanaise et un fer de lance dans un projet levantin, qui comprend plusieurs pays de la région et qui est sponsorisé par l’Iran. Ce projet demande aux chiites du Liban d’être le carburant d’une guerre absurde sans fin. Il veut aussi que le Liban devienne une arène pour défendre le régime d’Assad, avec des frontières qui ne se limiteront pas aux limites des confessions au Liban, surtout si nous comprenons les dimensions stratégiques du projet iranien dans l’Orient arabe et les signaux qui sont envoyés concernant la position avancée du Hezbollah dans ce projet, avec des missions visant à poser les bases de nouvelles cartes, dans le cadre d’une géographie politique qui comprend l’Irak et la Jordanie en plus du Liban et de la Syrie. Ces missions dépassent non seulement la capacité de la communauté chiite, mais aussi celle de l’État libanais et de toutes ses communautés réunies », a-t-il souligné.


« (...) Je sais que ces propos ne résonneront pas positivement chez beaucoup de Libanais, en particulier la majorité de la communauté chiite, dont on sait à l’avance que le Hezbollah sera capable de la mobiliser dans la direction qu’il veut... C’est le cœur du problème, car le Hezbollah est confiant que son projet est fondé sur la loyauté de la communauté chiite, ainsi que sur l’hésitation, le silence, la peur ou l’incapacité et la soumission qui touchent une partie de l’opinion publique libanaise ainsi que plusieurs responsables officiels et politiques, qui continuent d’approcher cette question capitale avec des méthodes qui évitent de gêner le Hezbollah (...). Accepter le projet du Hezbollah signifie simplement qu’il n’y aura jamais un État libanais et que cet État restera otage du Hezbollah et au-delà, de l’Iran, à tout jamais. Nous avons déjà mis en garde contre le danger de la suprématie des armes illégales sur les rênes du pouvoir et avons prévenu qu’éviter d’aborder le problème des armes mènera le Liban à la ruine et à reproduire les milices armées (...) », a-t-il noté.

 

(Lire aussi : Lettre ouverte posthume de Hachem Salman au chef de l’État)

Un projet destructeur
« Nous payons le prix de notre négligence à placer les armes du Hezbollah sous la houlette de l’État, lequel n’aura pas le moindre espoir d’exister s’il ne détient pas le monopole de la violence. Le Hezbollah tente de convaincre la communauté chiite que ses armes sont là pour la protéger et que le parti a réussi à établir la première armée du genre pour les chiites en Orient. Il utilise comme preuve les missions militaires menées en Syrie ces jours-ci et le fait que l’Iran, en tant qu’État chargé de protéger les chiites dans le monde, fournit au parti toutes les formes de soutien financier et militaire (...). Nous ne pourrons peut-être pas convaincre la grande partie des frères chiites au Liban que ce n’est pas vrai. Mais nous ne pouvons en aucune circonstance reconnaître ce droit au Hezbollah, tout comme nous ne pouvons le reconnaître à n’importe quelle communauté, partant de notre conviction que les allégations du Hezbollah à cet égard sont, au mieux, un grand mensonge historique, ou une forme de vanité ou un coup de folie. Nous sommes convaincus que la communauté chiite regroupe des sages (...) qui réfutent cette voie dangereuse et folle du Hezbollah. En tout état de cause, le Hezbollah n’est pas une armée de défense des chiites au Liban, car il placerait alors la communauté chiite toute entière en confrontation avec toutes les communautés libanaises. Le Hezbollah peut servir d’armée de défense d’Assad ou des intérêts de l’Iran et de son programme nucléaire. Mais il n’est certainement plus adéquat pour la défense du Liban ou des chiites au Liban, dans le monde arabe et dans le monde entier », a ajouté l’ancien Premier ministre.

 

(Reportage : Ces Libanais prêts à mourir pour le Hezbollah en Syrie...)


Et de poursuivre : « Le Hezbollah dit à tous les Libanais, y compris aux chiites : “Vous ne serez à l’aise ni avec moi ni sans moi. Peu importe comment vous essayez d’échapper à la suprématie des armes. Le Liban restera otage des résolutions que le conseil exécutif du parti prendra. Il n’y aura pas d’État sans les armes du parti, aucun gouvernement en l’absence de l’équation armée- peuple-résistance, pas de dialogue qui approuve la déclaration de Baabda, et aucune paix nationale en l’absence de sécurité pour le régime de Bachar el-Assad”. »
« C’est le tableau dressé par le Hezbollah (...). Le moins que l’on puisse dire du projet du Hezbollah pour le Liban, c’est que c’est un projet destructeur dont la formule de coexistence, le système démocratique et l’unité des communautés musulmanes ne sortiront pas indemnes », a-t-il dit.


Et de conclure : « Il n’y a rien de plus urgent que de faire face à ce projet, avec toutes les formes de solidarité nationale. Le Hezbollah a ruiné la vie nationale et les relations fraternelles entre les Libanais, y compris les relations entre sunnites et chiites, et a gâché les relations entre le Liban et les pays arabes, il a mis en péril les intérêts des Libanais sur les plans économique, financier et politique et a gâché les relations du Liban avec la communauté internationale, qui mentionne tous les jours le parti et ses activités illégales et terroristes dans d’autres endroits du monde. (...) Notre pays a besoin, plus que tout, d’un mot juste face à l’arme injuste, qui arrêterait la série iranienne et ses guerres avec le sang des Libanais sur notre terre et les terres d’autrui, en Syrie et dans d’autres pays. »

 

 

 

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