Ils sont aussi les visages de la campagne contre le racisme menée par la Fédération italienne de football (FIGC). « Dans le football, la seule couleur qui compte, c’est celle du maillot », abondamment illustrée de photos des deux « nouveaux Italiens ».
Mais c’est bien sur le terrain que les deux jeunes joueurs ont gagné leur place. Curieusement, en 2012-2013, ils se sont passé le relais pour porter l’AC Milan à bout de bras – de pieds, exactement –, chacun pendant une demi-saison.
Le « Pharaon » a d’abord régné cinq mois. El-Shaarawy, né à Savone, près de Gênes, d’un père égyptien et d’une mère italienne, a marqué 14 de ses 16 buts en série A avant janvier et assuré avec beaucoup de discipline la première couverture, se repliant quelque fois jusque dans sa surface.
Cette débauche d’efforts lui a coûté une seconde moitié de saison nettement plus en retrait, mais la qualité est là, et Milan, son entraîneur Massimiliano Allegri en tête, prend sa défense. « Il a seulement 20 ans et s’est retrouvé catapulté dans un monde plus grand que lui après avoir tant marqué », explique-t-il. El-Shaarawy doit maintenant apprendre à gérer une saison entière.
Arrivé au Milan en janvier, Balotelli a marqué 12 buts en 13 matches et largement contribué à la qualification pour les barrages de la Ligue des champions. L’arrivée de « Balo » a rejeté à gauche et légèrement dans l’ombre el-Shaarawy, mais il est difficile de démêler la part de la baisse de forme du Pharaon et celle de l’aura de « Super Mario » dans ce passage de témoin d’homme de la saison « rossonero ».
Balotelli s’est aussi distingué en accomplissant également sa part de travail défensif, dont l’absence lui était autrefois reprochée.
Attention toutefois à ses nerfs : « Super Mario » a encore été exclu vendredi contre la République tchèque pour un mauvais geste.
S’il connaît encore quelques écarts de comportement, le buteur d’origine ghanéenne, né Barwuah à Palerme et confié par ses parents à la famille Balotelli, s’est littéralement métamorphosé en une saison.
De « Balotelli, meurs » à « Balotelli, marque »
De plus en plus souvent homme du match avec la Nazionale, à l’image de son but magnifique en amical contre le Brésil (2-2) ou de son match total contre le Danemark (3-1) en septembre (un but, une passe décisive, cent replis défensifs), Balo est en train de devenir l’idole, lui qui fut honni en Angleterre, à Manchester City, et qui reste la cible de « bouh » racistes dans les stades italiens, mais en club seulement.
Quand il était le buteur irascible de l’Inter à 18 ans, les tifosi entonnaient le chant : « Si vous sautez, Balotelli meurt » (Se saltelli muore Balotelli). Le 31 mai à Bologne, en amical contre Saint-Marin (4-0), les tribunes ont chanté sur le même air : « Si vous sautez, Balotelli marque » (Se saltelli segna Balotelli).
Il est toujours dans la tempête médiatique. La presse italienne s’était affolée un jour qu’il s’était garé en double file à l’aéroport de Milan... Mais Balotelli a gagné en maturité. « Le football te permet de décharger tes frustrations sur le terrain et pas en dehors », explique Prandelli, qui note que « les gens aiment Mario ».
Ils aiment aussi el-Shaarawy et sa spectaculaire crête de pharaon punk, également régulièrement bien classé à l’applaudimètre.
Avec ses deux attaquants puissants et premiers défenseurs « comme en réclame le foot moderne », répète Prandelli, l’Italie change peu à peu de visage.