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À La Une - Contestation

Turquie : retour au calme place Taksim

Réunion entre Erdogan et des représentants de la contestation dont la légitimité a été largement remise en cause.

A Istanbul, seul le parc Gezi, dont la destruction annoncée a donné le signal de la révolte le 31 mai, narguait encore la police, mercredi. AFP Photo / Angelos Tzortzinis

La place Taksim d'Istanbul a retrouvé mercredi une apparence presque normale après les violences de la veille entre la police et les manifestants, alors que le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan s'entretenait avec des "représentants" contestés du mouvement.


Au treizième jour de la fronde contre le chef du gouvernement, la célèbre place de la mégapole turque est restée tranquille toute la journée, étroitement surveillée par d'importantes forces de l'ordre.
Drapeaux, banderoles, barricades, voitures brûlées, pavés, cartouches de gaz lacrymogènes, tous les signes extérieurs de la contestation et des affrontements intenses qui s'y sont déroulés jusqu'au petit matin ont été soigneusement effacés. Et les taxis jaunes ont fait leur retour sur la place.


Les forces de sécurité avaient repris mardi matin la place Taksim, cédée le 1er juin aux manifestants qui en ont fait le bastion de leur mouvement. De violentes échauffourées y ont opposé pendant près de vingt heures la police à des groupes de jeunes casqués et armés de pierres et de cocktails Molotov, faisant des dizaines de blessés.


En lisière de la place, seul le parc Gezi, dont la destruction annoncée a donné le signal de la révolte le 31 mai, narguait encore la police. Nombre de ses occupants ont abandonné leurs tentes à la pluie, par peur d'une évacuation de la police, mais quelques centaines d'irréductibles y ont passé une journée de plus, résolus à protéger "leur" parc et ses 600 arbres. "Nous n'avons pas peur", a assuré à l'AFP Anessa, une photographe de 29 ans qui campe dans le camp. "Nous ne nous arrêterons pas".

 

(Lire aussi : Les jeunes, fer de lance de la contestation en Turquie)


Dans la capitale Ankara, la police était également intervenue tard mardi soir pour disperser un groupe de quelque 5.000 personnes qui scandait "Tayyip, démission !".

 

 

Erdogan "se moque de nous"
Au lendemain de sa démonstration de force, M. Erdogan a reçu vers 17h00 locales (14h00 GMT) une délégation d'une dizaine de personnes, issus d'ONG ou de la société civile, experts ou artistes, censés représenter les protestataires. Mais leur légitimité a été largement remise en cause par les manifestants, qui ne veulent voir dans cette réunion qu'un rendez-vous de pure forme.
"Je n'espère rien de cette rencontre car une fois de plus, il (M. Erdogan) a choisi lui-même les personnes qu'il voulait rencontrer", a regretté une occupante de la première heure du parc Gezi, qui a refusé de s'identifier. "On a l'impression aujourd'hui que notre Premier ministre se moque de nous", a renchéri un autre.


La coordination des manifestants du parc Gezi, la plateforme de 116 associations qui anime la contestation, n'a ainsi pas été conviée. Et d'autres invités, comme Greenpeace, ont préféré déclarer forfait pour dénoncer l'opération coup de poing de la police et l'intransigeance du Premier ministre.

 

Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan en réunion avec des "représentants" du mouvement de contestation. AFP PHOTO / TURKISH PRIME MINISTER OFFICE / KAYHAN OZER

 


Devant les députés de son Parti de la justice et de la démocratie (AKP, issu de la mouvance islamiste), M. Erdogan avait une nouvelle fois dénoncé mardi les "extrémistes" ou les "pillards" qui le défient. "Cette affaire est maintenant terminée. Nous ne ferons plus preuve de tolérance", a-t-il martelé.


Sûr du soutien d'une majorité de Turcs, le chef du gouvernement a adopté un ton très ferme depuis le début de la crise. Lors des élections législatives de 2011, l'AKP avait recueilli près de 50% des suffrages.
Le chef du principal parti d'opposition, le Parti républicain du peuple (CHP), Kemal Kiliçdaroglu, a appelé le président Abdullah Gül, réputé plus modéré que son Premier ministre, à réunir tous les partis pour tenter de sortir de la crise. Mais le chef de l'Etat lui a répondu que "cela n'apporterait pas grand chose".
"Il faut faire baisser la tension", a plaidé M. Kiliçdaroglu, appelant M. Erdogan à ne pas tenir ses deux grandes réunions publiques prévues ce week-end à Ankara puis Istanbul.

 

(Lire aussi : La « femme en rouge », nouvelle icône des manifestantes d’Istanbul)


Sa fermeté et le coup de force de mardi ont encore valu à M. Erdogan de nombreuses critiques dans le monde.
Paris a préconisé "l'apaisement et la retenue" et Berlin a qualifié l'intervention de la police de "mauvais signal". Sur la même ligne, la chef de la diplomatie de l'Union européenne Catherine Ashton a appelé M. Erdogan à privilégier "le dialogue et non la confrontation".


Parallèlement, des milliers d'avocats ont manifesté mercredi à travers la Turquie, notamment à Ankara et à Istanbul, pour dénoncer la brève arrestation la veille de 73 de leurs confrères stambouliotes qui s'étaient rassemblés pour soutenir la contestation.


Selon le dernier bilan publié mardi par le syndicat des médecins turcs, la vague de protestation qui agite la Turquie a fait quatre morts, trois manifestants et un policier, et près de 5.000 personnes ont été blessées, dont plusieurs dizaines grièvement.

 

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Au treizième jour de la fronde contre le chef du gouvernement, la célèbre place de la mégapole turque est restée tranquille toute...

commentaires (1)

D'où le proverbe ....qui sème le calme par la force ...récolte la tempête...

M.V.

21 h 28, le 12 juin 2013

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Commentaires (1)

  • D'où le proverbe ....qui sème le calme par la force ...récolte la tempête...

    M.V.

    21 h 28, le 12 juin 2013

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