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Culture - Art contemporain

« Transparent Evil », le chaos égyptien vu par Roy Samaha

Dream City est un des rendez-vous du printemps estampillés Marseille Provence 2013, capitale européenne de la culture. Cette manifestation s’est déroulée à L’Estaque, petit port maritime, à quelques encablures de Marseille.

Images d’hier, en noir et blanc, pour une vidéo superposant les événements d’aujourd’hui et d’hier...

Une des œuvres présentées est signée du vidéaste libanais Roy Samaha. Transparent Evil (Le mal transparent) est un regard particulier sur la révolution chaotique qui a secoué l’Égypte.
Dream City est une expérience «itinérante d’art contemporain dans l’espace public», qui a traversé la Méditerranée où elle est née à Tunis en 2007 et y prospère tous les deux ans, dans la Médina de Tunis. Le principe en est simple: des artistes viennent offrir des performances artistiques de tout genre – théâtre, chant, musique, danse, conte, vidéo, photos, slam... – dans des lieux publics, privés ou insolites, à découvrir ou redécouvrir.
Direction l’Estaque donc, par un week-end orageux, froid et humide, pour une balade urbaine, culturelle et méditerranéenne. La majorité des 15 artistes programmés viennent des pays du sud de la Méditerranée, «les artistes de l’autre rive arrivent avec leurs voix et toutes ces interrogations portées au travers de leurs œuvres. Peuvent-elles faire sens à l’Estaque?», s’interrogent Selma et Sofiane Ouissi, les codirecteurs de Dream City, dans la brochure de présentation. Ces créations attirent en tout cas un public curieux de voir, d’entendre et peut-être de mieux comprendre ce qui se passe juste en face.
C’est ainsi que Transparent Evil, film vidéo de Roy Samaha, photographe et vidéaste libanais, s’est retrouvé pendant tout un week-end dans la sélection de Dream City à être projeté dans les ateliers/entrepôts d’une entreprise locale. En haut d’une montée plutôt raide, au fond d’une cour à droite, un vieux hangar. À l’intérieur, en toile de fond, un écran avec, en face, un vieux canapé défraîchi pour unique strapontin. À peine l’entrepôt est plongé dans le noir que les spectateurs sont transportés, comme par magie, au Caire.
Ce film de 26 minutes est au départ un projet de photos pour répondre à une bourse Leica «Sur les traces de James Bruce», explorateur et géographe écossais du XVIIIe siècle. Mais les événements qui chamboulent l’Égypte en janvier 2011 remettent le projet en cause. « Il n’était plus question d’aller par la route sur les traces de James Bruce. Je me suis donc rendu au Caire par avion», explique Roy Samaha. Tout le projet revêt désormais une autre facture.
Photographier et filmer ce qui se passe au Caire le renvoient à des bribes de films qu’il avait faits en 2007, toujours dans la capitale égyptienne; qui le renvoient à des photos du Caire, en noir et blanc, des années 1960 récupérées dans une brocante. Dans Transparent Evil, sommes-nous au début de la révolution, en janvier 2011, ou plutôt en 2007, dans une capitale encore empêtrée dans ses embouteillages. À moins que ce ne soit les années 1960, avec leurs histoires d’espions et leurs images en noir et blanc...
En fait, la technique vidéo de Roy Samaha, superposant les images, donne au spectateur l’impression de voir plusieurs films en un! «Ce film n’est que le reflet du réel, de ce qui se passe dans le cerveau de l’être humain», explique le vidéaste. «La mémoire travaille en même temps sur l’ici et le maintenant comme sur les souvenirs, plus ou moins lointains. Toutes ces perceptions interagissent en même temps sans que l’on en ait conscience», rappelle-t-il. Les images immédiates alimentant les images stockées, archivées dans la mémoire. «Il m’a fallu 9 mois de montage, car j’ai travaillé sur trois histoires indépendantes que j’ai ensuite superposées.»
Est-ce un film documentaire sur la révolution? «La révolution n’est que le background de l’histoire, explique Roy Samaha. Ce sont plusieurs histoires qui se croisent» et, partant, plusieurs formes cinématographiques: documentaire, essai, fiction. «Un documentaire qui tend vers la fiction et inversement, comme disait Godard», lance le vidéaste en boutade. «Pour moi, ce sont des poèmes-vidéo», souligne-t-il, plus sérieusement.
Et ce mal transparent que l’on retrouve dans le titre («Transparent Evil»)? «Quand j’étais au Caire, j’ai ressenti beaucoup de violence, de haine. Tout ce qui s’y passait était irrationnel. Un policier nous a dit à un moment qu’“une main invisible dirigeait tout cela”. Cette réflexion m’a fait penser à cet ouvrage du sociologue français, Jean Baudrillard, La transparence du mal-Essai sur les phénomènes extrêmes, dans lequel il parle justement du mal qui surgit toujours, malgré tout ce qu’on fait pour le réprimer ou l’éradiquer.»
Laissant un sentiment de malaise et d’impuissance que rien ne semble pouvoir exorciser...
Une des œuvres présentées est signée du vidéaste libanais Roy Samaha. Transparent Evil (Le mal transparent) est un regard particulier sur la révolution chaotique qui a secoué l’Égypte. Dream City est une expérience «itinérante d’art contemporain dans l’espace public», qui a traversé la Méditerranée où elle est née à Tunis en 2007 et y prospère tous les deux ans, dans la...

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