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À La Une - Conflit

Le dialogue politique, une des clés pour enrayer la violence en Irak

Plus de 1.000 morts et 2.400 blessés pour le seul mois de mai.

Les violences en Irak ont fait plus de 1.000 morts en mai. Ahmad al-Rubaye/AFP

Pour sortir leur pays de l'ornière, les responsables irakiens vont devoir s'attaquer aux causes politiques de la flambée de violences qui a fait plus de 1.000 morts en mai et non plus la traiter uniquement sous l'angle sécuritaire, estiment analystes et observateurs.

 

Pour l'heure, le Premier ministre chiite Nouri al-Maliki ne sait manifestement toujours pas comment mettre un frein à cette escalade des violences, qui a fait 1.045 morts et 2.397 blessés pour le seul mois de mai, selon les Nations unies. M. Maliki, qui est aussi le commandant en chef des forces armées, a certes remanié l'ensemble de l'appareil sécuritaire, en démettant notamment certains responsables provinciaux.

 

Mais l'appareil politique est paralysé. Loin d'offrir un lieu de dialogue, le Parlement est incapable d'adopter la moindre loi d'envergure. Et, plus généralement, les principaux dirigeants politiques s'ignorent lorsqu'ils ne s'invectivent pas.

Pour tenter remédier à ce blocage, une réunion rassemblant les principaux leaders religieux et politiques, dont M. Maliki, s'est tenue dans la soirée de samedi. La réunion n'a donné lieu à aucun accord, mais, dans un geste à haute teneur symbolique, M. Maliki a étreint son principal rival, le président sunnite du Parlement Oussama al-Noujaïfi.
"Cette réunion était très importante et nous devons stabiliser la situation", a dit M. Noujaïfi, estimant dans le même temps que l'Irak est au bord de la "guerre civile".

 

Pour les analystes interrogés par l'AFP, le cœur du problème réside dans la colère de la minorité sunnite, ulcérée de se voir "stigmatisée" par le pouvoir, dominé par les chiites.

Depuis fin décembre, les sunnites manifestent pour réclamer la démission du chef du gouvernement. Mais surtout, ils demandent que les services de sécurité et la Justice cessent de les traiter en éternels suspects parce qu'ils appartiennent à la communauté sunnite.

 

Les observateurs jugent que leur colère est le principal facteur de la flambée de violences. Selon eux, les insurgés, dont el-Qaëda en Irak, tentent d'exploiter la paralysie politique pour gagner la sympathie de tous ceux qui se sentent laissés à l'abandon par une classe politique incapable de régler ses différends.

"Le gouvernement devrait réellement (prendre) des mesures pour entamer des négociations avec les manifestants", estime Maria Fantappie de l'International Crisis Group.

Jusqu'à maintenant, le gouvernement s'est borné à traiter l'intensification des attentats en problème sécuritaire, attisant du coup la colère des insurgés, poursuit-elle.

 

Collaboration et dialogue

"La collaboration et le dialogue sont sans aucun doute les moyens les plus probants de s'attaquer à la violence", renchérit John Drake, spécialiste de l'Irak au sein du cabinet de consultants en risques AKE Group.

C'est que la colère sunnite est sous-tendue par des rancoeurs historiques. Les sunnites, majoritaires dans l'ouest, dans le nord et dans certains quartiers de Bagdad, ont dirigé l'Irak de sa création, sur les ruines de l'empire ottoman après la Première Guerre mondiale, jusqu'au renversement de Saddam Hussein en 2003, pour laisser la place aux chiites.

 

Depuis le début du mouvement de protestation, M. Maliki a fait certaines concessions, en libérant notamment des prisonniers sunnites ou en augmentant le salaire des Sahwa, ces milices sunnites créées en 2006 pour lutter contre el-Qaëda.

 

Mais, soulignent les analystes, peu a été fait pour établir un véritable dialogue avec les ténors sunnites, prompts qu'il sont à dénoncer l'accaparement du pouvoir dont ferait preuve Nouri al-Maliki, selon eux.

Leurs griefs vont du différend territorial à des questions plus subtiles de partage du pouvoir au sein du gouvernement d'union nationale.

 

Ces questions n'ont pas été résolues, voire à peine effleurées pour certaines.

"S'il y a accord politique, la situation sécuritaire ira en s'améliorant. Mais c'est tout le contraire pour le moment. Il n'y a pas d'accord politique et la violence interconfessionnelle empire", note Martin Kobler, le chef de la mission de l'ONU dans le pays.

 

Pour autant, Crispin Hawes, directeur du service Moyen-Orient au sein d'Eurasia Group, émet de sérieux doutes sur la volonté de Nouri al-Maliki de permettre aux sunnites de retourner dans l'arène politique.

"Le gouvernement irakien appréhende (les violences) comme un problème technique, tactique", explique M. Hawes.

"C'est bien évidemment une partie de la solution (...) mais le fait est qu'il s'agit bel et bien d'un problème politique, et ce problème politique a été pour une bonne partie délibérément conçu par le gouvernement", conclut-il.

 

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