Rechercher
Rechercher

Campus

« Ce n’est pas un handicap, c’est une marque déposée ! »

Elle excelle dans son domaine, la traduction. Elle a été lauréate du prix des Poètes français en 2004. Elle boucle les dernières pages de son mémoire pour se lancer en doctorat. Mais elle n’a pas la possibilité d’être embauchée !

Rita Habis, jeune femme de 23 ans, élève la voix pour dénoncer toutes les injustices qui menacent au quotidien les personnes souffrant de handicaps au Liban. Licenciée en traduction de l’USEK, elle y pousse ses études pour soutenir, à la fin de l’été, son mémoire. Après ? La jeune étudiante ne semble pas se lasser. « Je tiens à intégrer le collège doctoral », précise-t-elle sur un ton déterminé. Mais Rita, handicapée de naissance, n’a pas encore trouvé d’emploi. « Quand on me voit lors d’un entretien d’embauche, on fait grise mine. Il y a des employeurs qui esquissent tout de suite des grimaces exprimant le mécontentement et qui me virent – avec beaucoup de courtoisie – de leurs bureaux ! » s’indigne-t-elle, avant de continuer : « Ce qui m’énerve, c’est l’hypocrisie de certains employeurs qui, pris par ce vil sentiment qu’on appelle pitié, me promettent monts et merveilles et qui m’envoient promener en fin de compte », confie-t-elle. Et pour s’en sortir, Rita, comme plein de jeunes au Liban, pense sérieusement à l’émigration. Direction : la France. « J’ai passé une grande partie de mon enfance à Paris. Et je trouve que la France est un pays où l’on respecte les handicapés et où l’on cherche constamment à leur donner des rôles piliers dans la société. Au Liban, on ne trouvera jamais des auxiliaires de vie comme il en existe ailleurs. Je franchirai un jour le Rubicon même contre la volonté de mes parents », ajoute-t-elle.

Assumer son handicap et en faire un lumignon d’espoir
Enfant, Rita réagissait aux regards moqueurs des autres enfants avec beaucoup d’humour. « Je n’ai jamais considéré mon handicap comme une fatalité à assumer à contrecœur. Au contraire. Je ne m’imaginerais jamais en train de marcher normalement et me métamorphoser en une fille coquette, toute maquillée. Mon handicap me rend plus intellectuelle. Quand je servais la messe, je disais aux enfants qui me toisaient méchamment : si vous ne mangez pas des épinards, vous serez comme moi. Les épinards sont devenus alors leurs plats préférés, au grand bonheur de leurs parents », dit-elle en riant. Le handicap de Rita s’avère aussi un moyen de s’affirmer et d’être audacieux. La veille du Nouvel An, elle s’aventure et conduit un scooter des neiges. « Ça m’a permis d’avoir un moment fou même au prix de quelques fractures », conclut-elle.

Maya KHADRA
Rita Habis, jeune femme de 23 ans, élève la voix pour dénoncer toutes les injustices qui menacent au quotidien les personnes souffrant de handicaps au Liban. Licenciée en traduction de l’USEK, elle y pousse ses études pour soutenir, à la fin de l’été, son mémoire. Après ? La jeune étudiante ne semble pas se lasser. « Je tiens à intégrer le collège doctoral »,...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut