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Liban

Le triomphe du « Cœur immaculé de Marie » prendrait-il son élan du Liban ?

« Dans un monde tourmenté par les démons de l’intolérance, le Liban a réussi un exploit unique au monde : instaurer une fête nationale islamo-chrétienne exaltant l’Annonciation », s’est félicité Michel Eddé sur Télé-Lumière.

D’abord il y a les chiffres de la croissance démographique de la population mondiale, dont celle du monde musulman. Ils sont inquiétants ; et pour certains « effrayants ».
Il y a cent ans, les musulmans étaient 100 millions. Aujourd’hui, ils sont 1,450 milliard. Ils seront 2,5 milliards dans vingt ans, si la tendance actuelle se poursuit.
Plus près de nous, en Égypte. En 1936, à l’installation du roi Farouk, les Égyptiens étaient 6 millions. À l’arrivée de Nasser, en 1954, ils étaient déjà 25 millions. Ils sont 85 millions aujourd’hui. Et le reste à l’avenant. Au début du siècle, la population de la Turquie était évaluée à 8 millions. Elle est de 83 millions de nos jours. L’Iran est passé, durant la même période, de 4,5 à 85 millions. Ne parlons pas de l’Indonésie et de ses 250 millions de musulmans.
Ensuite, il y a l’interpénétration, d’année en année plus étroite, de sociétés aux composantes religieuses différentes. Dans les pays à majorité musulmane, les chrétiens et autres minorités vivent souvent dans la contrainte et la persécution. Parfois ils souffrent le martyre. Pour le moins, disons que dans les pays où la charia est à l’honneur, quand elle n’est pas à la source des lois, les fidèles des autres religions, qu’ils soient chrétiens, bouddhistes, hindouistes ou autres, ne jouissent pas des mêmes droits que leurs compatriotes musulmans.

Extension de l’islamophobie
En échange, dans les sociétés où l’islam est minoritaire, un fort sentiment d’islamophobie se développe, à mesure que des attentats commis par des soldats de l’ombre, isolés ou organisés, viennent révéler leur extrémisme, leurs frustrations et leur intolérance. Le meurtre d’un soldat britannique à la machette et des coups de cutter infligés au cou à un militaire français viennent, à une semaine de distance, confirmer ce climat malsain.
Dans un monde où les grandes idéologies du XXe siècle ont épuisé leur pouvoir d’attraction et leurs capacités de nuisance, la question de la coexistence pacifique, sinon de l’intégration de communautés religieusement hétérogènes, dans un même pays ou un même ensemble de pays, se pose donc fortement.
Dans ces sociétés, en effet, les craintes provoquées par le nombre croissant de musulmans, et leur présence de plus en plus visible et significative dans l’espace social et professionnel, nourrissent la conviction que la vie commune est impossible, et que le choc entre les fidèles de l’islam et des populations chrétiennes, ou dont les racines culturelles sont chrétiennes, est inévitable.
Déchristianisées ou pas, ces sociétés sont en effet, pour des raisons historiques et culturelles, impossibles à développer en un si court espace, intrinsèquement réfractaires à toute contrainte religieuse, à toute manipulation faisant de l’islam, ou de toute autre « religion », un instrument de domination.

Croyances communes
La question qui se pose donc est de trouver non seulement les valeurs communes – civiles ou religieuses – susceptibles de faire la paix à l’intérieur de pays où cohabitent désormais des communautés aux croyances hétérogènes, mais aussi, dans la mesure du possible, des croyances communes unificatrices. C’est à ce niveau que le Liban, avec son expérience séculaire d’une convivialité pacifiée, peut jouer un rôle prépondérant, estime Michel Eddé, et d’abord grâce à cette personne centrale de la religion chrétienne mais aussi de la religion musulmane, qu’est la Vierge Marie.
« Dans un monde tourmenté par les démons de l’intolérance, le Liban a réussi un exploit unique au monde : instaurer une fête nationale, de surcroît chômée, où musulmans et chrétiens exaltent ensemble le souvenir de l’Annonciation », se félicite Michel Eddé, qui vient d’aborder tous ces problèmes dans une émission de Télé-Lumière où il était l’hôte du père Joseph Mouannès. Ce n’est pas du syncrétisme, puisque la fête n’est pas religieuse mais civile, souligne-t-il ; c’est une fête où musulmans et chrétiens, mis en rapport par une croyance commune dans la naissance virginale de Jésus, annoncée par l’ange Gabriel, joignent leurs efforts pour célébrer cet événement et en faire un argument de civilité, de cordialité et non de division.
La Vierge Marie est citée 38 fois dans le Coran et deux sourates lui sont consacrées, ajoute Michel Eddé, qui relève les ressemblances dans les récits de l’Annonciation, tels que rapportés par l’Évangile de saint Luc et le Coran.

Unifier les hommes
Pour l’ancien ministre de la Culture, la Vierge Marie a mission d’unifier les hommes, comme elle a commencé à le faire au Liban à l’occasion des commémorations annuelles qui, depuis 2007, à l’occasion du 25 mars, fête de l’Annonciation, sont organisées dans la chapelle Notre-Dame de Jamhour.
Ces rencontres ont suscité l’admiration de toutes les personnalités religieuses musulmanes qui y ont été invitées, comme Khaled el-Jundi, un grand uléma d’al-Azhar, en 2007, Mohammad Hassan el-Amine, en 2008, et Ali Mohammad Hussein Fadlallah, en 2013, dit-il en substance. Les druzes sont de plus en plus nombreux à y assister. Dans le comité fondateur de l’association « Ensemble autour de Marie », qui organise ces célébrations, figurent trois figures musulmanes de premier plan, Mohammad Nokkari, un juge chérié, ancien secrétaire général de Dar el-Fatwa, Mohammad Sammak, secrétaire général du Comité national pour le dialogue islamo-chrétien, et Ibrahim Chamseddine, l’héritier spirituel de son père, le grand imam Mohammad Mehdi Chamseddine.
Michel Eddé rappelle aussi qu’un jardin a été consacré par la municipalité de Beyrouth à la Vierge Marie, place du Musée (le jardin a été inauguré par Ziyad Baroud, alors ministre de l’Intérieur), et annonce la future édification, non loin de là, d’un centre marial islamo-chrétien. Toutes ces initiatives, précise-t-il, sont dynamisées par Nagi el-Khoury, secrétaire général de l’association des anciens de Jamhour.

Triomphe du Cœur immaculé de Marie
La vocation à unir les hommes de la Vierge Marie se manifeste aussi dans tous les sanctuaires mariaux au Liban, ajoute Michel Eddé. À Harissa, Béchouate et ailleurs, les pèlerins musulmans sont par moments presque aussi nombreux que les pèlerins chrétiens.
« L’humanité est en danger. Seule Marie est en mesure de devancer ce mal. Nous comptons sur Elle pour unifier le monde », conclut Michel Eddé.
En ce mois de Marie où le pape François vient de consacrer son pontificat à Notre-Dame de Fatima (13 mai 2013), ces paroles résonnent comme une prophétie. À l’orée du XXe siècle, apparaissant à trois jeunes bergers et bergères du Portugal, Notre-Dame, après leur avoir révélé trois secrets, aujourd’hui tous accomplis, a dit : « À la fin, mon Cœur immaculé triomphera (...) et il sera concédé au monde un certain temps de paix. » Il fait bon penser que le Liban a pu servir, par une contribution unique en son genre, à l’épanouissement d’une dévotion si haute ; une dévotion dont l’avènement est attendu impatiemment par un monde saturé de violence.
D’abord il y a les chiffres de la croissance démographique de la population mondiale, dont celle du monde musulman. Ils sont inquiétants ; et pour certains « effrayants ».Il y a cent ans, les musulmans étaient 100 millions. Aujourd’hui, ils sont 1,450 milliard. Ils seront 2,5 milliards dans vingt ans, si la tendance actuelle se poursuit.Plus près de nous, en Égypte. En...

commentaires (4)

Ah bon !?

Antoine-Serge KARAMAOUN

11 h 33, le 28 mai 2013

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Commentaires (4)

  • Ah bon !?

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    11 h 33, le 28 mai 2013

  • LES APPARENCES TROMPENT !

    SAKR LOUBNAN

    09 h 36, le 28 mai 2013

  • Article superbe! Mais je voudrais ajouter quelque chose chose d'important: les musulmans moderes dans le monde sont differents des musulmans extremistes(salfistes, etc...). Ils ont des droits comme tout le monde de pratiquer leur religion et de croire au Prophete. Je n'ai pas lu le Coran mais j'ai beaucoup d'amis qui me citent quelques versets qui sont admirables, bases sur le pardon, la sagesse, la bonte, la generosite, etc... L'exploit qui a ete fait au Liban, celui de reunir les musulmans et les chretiens a la Fete de l'Annonciation, chaque annee, est, en effet, unique en son genre. Puisse la Sainte Vierge faire ce genre de "miracle" partout dans le monde pour instaurer la paix et cesser toutes ces guerres confessionnelles abominables!

    Michele Aoun

    09 h 31, le 28 mai 2013

  • Que ce qui nous unit soit toujours plus fort que ce qui nous divise

    Yves Prevost

    08 h 22, le 28 mai 2013

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