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Culture - Spectacle

Avec « Hawa », Rima Khcheich revisite les mouwachahat

Rima Khcheich a rempli l’auditorium Pierre Aboukhater de l’USJ deux soirs de suite avec un concert pour lancer son dernier CD, « Hawa » (vent), aérien, léger et décoiffant comme un vent de printemps...

Rima Khcheich entourée d’un band bien inspiré. Photo Sami Ayad

Entourée d’un band de 4 musiciens, aussi inspirés qu’elle, Rima Khcheich a offert, sur un tempo relevé, une dizaine de mouwachahat, réarrangés, dépoussiérés... qui retrouvent ainsi tout leur brio!
Une voix au tempo puissant, comme un coup de tonnerre, doux comme un murmure, la main gauche sur la joue, comme pour s’extraire de toute interférence extérieure qui pourrait lui faire perdre le fil de l’inspiration, Rima Khcheich se distingue par une belle présence scénique et une interprétation chaleureuse, portée par la complicité qui la lie à ses musiciens.
Poèmes et musiques anciens, les mouwachahat ainsi exhumés s’enchaînent à un rythme soutenu, dans un mouvement très fluide. Dans certains morceaux, la musique est omniprésente, dans d’autres, les instruments se font plus discrets, et la voix de Khcheich, presqu’a cappella, se suffit à elle-même. Dans tous les cas de figure, la magie opère... même si les paroles – vocabulaire en arabe ancien, presque plus usité – ne sont pas toujours très
compréhensibles.
Rima Khcheich au chant, Tony Overwater à la basse, Maarten Ornstein à la clarinette, Joshua Samson aux percussions et Salman Baalbaki au riq, voilà l’équipe qui a enchanté un public varié, plutôt jeune, enthousiaste de découvrir un répertoire qui semble de prime abord réservé à une élite culturelle. Les «ah» et les «amân» ont ponctué les tirades chantées.
«Sur cet enregistrement, je suis entourée de 4 musiciens, dont 3 Hollandais, souligne Rima Khcheich. Je travaille avec eux depuis 15 ans. Quand je les ai rencontrés, il s’est passé une véritable alchimie musicale, surtout avec le bassiste. Ils font aujourd’hui partie de mon parcours musical, comme je fais partie du leur.» Ces musiciens vivent et travaillent chez eux, aux Pays-Bas; elle, travaille au Liban, ce qui n’a pas rendu la collaboration très aisée. «Cela fait trois ans que nous travaillons sur ce projet, en nous retrouvant ici ou là-bas pour la coordination et les répétitions. De plus, ces morceaux ne sont pas faciles, affirme-t-elle. Une fois tout ce travail en amont terminé, nous avons enregistré le CD en deux jours, presque en live.»
Professeur de musique arabe à l’AUB et à la LAU, Rima Khcheich met tout son potentiel de recherche et d’interprétation au service de cette musique arabe dans laquelle elle a toujours baigné.
«J’ai grandi avec ces chansons, je les répète depuis que j’ai l’âge de 8 ans, raconte-t-elle. J’ai fait partie de la chorale de Salim Sahhab jusqu’à l’âge de 18 ans. Nous avons visité un très large répertoire avec lui.» Ces textes n’ont plus de secret pour elle. Pour ce CD, le travail a donc consisté plutôt à rechercher des versions différentes et plus anciennes de ces chansons.
«Ce CD est le résultat d’un travail de longue haleine, de recherches, de comparaison entre les différents enregistrements. Et ensuite d’adaptation et de réorchestration, autant que possible, sans dénaturer les morceaux.»
«Le problème aujourd’hui, ce sont les références qui manquent dans la musique arabe», regrette Rima Khcheich. On trouve encore des enregistrements chez les passionnés, comme Bassel Qassem et son association Irab grâce auxquels cet enregistrement et ces concerts ont pu avoir lieu. «Bassel Qassem a une très importante collection d’enregistrements, dont quelques-uns remontent parfois à plus de cent ans. C’est le nec plus ultra de la musique arabe», affirme la chanteuse.
En hommage à Imane Homsi, magicienne du qanun, disparue il y a une semaine, Rima Khcheich a entamé un vibrant Beiti Ana Beitak, accompagnée juste de la basse.
«J’avais de nombreux projets avec elle. C’est une musicienne qui faisait partie de mon parcours artistique, musical», explique la chanteuse. «Ne me néglige pas, ne m’oublie pas, je n’ai personne d’autre que toi, ne m’oublie pas», dit le refrain.
Comme une promesse faite à quelqu’un que l’on chérit particulièrement...
Prochaines dates: concert en compagnie de la chorale de l’AUB, qu’elle a créée, à l’AUB même, lundi 6 mai, 19h30.
À Berlin les 5 et 6 juin et, aux Pays-Bas, dans le cadre du Salon Joussour, le 8 juin.
Entourée d’un band de 4 musiciens, aussi inspirés qu’elle, Rima Khcheich a offert, sur un tempo relevé, une dizaine de mouwachahat, réarrangés, dépoussiérés... qui retrouvent ainsi tout leur brio! Une voix au tempo puissant, comme un coup de tonnerre, doux comme un murmure, la main gauche sur la joue, comme pour s’extraire de toute interférence extérieure qui pourrait lui faire...

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