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Moyen Orient et Monde - Pays-Bas

Maxima, future reine, et l’ombre de la dictature argentine...

Le beau-père du futur roi Willem-Alexander toujours indésirable ; les nouveaux Néerlandais se préparent à la fête.

La future reine Maxima des Pays-Bas et son époux le prince d’Orange Willem-Alexander.  ANP/Robin Utrecht/AFP

L’ombre de la dictature argentine plane sur la future reine Maxima des Pays-Bas, son père ayant servi un régime militaire répressif, mais celle-ci a tendu la main aux familles des victimes de la dictature.
Ce lien avec la dictature est si encombrant que le père de Maxima, Jorge Zorreguieta, n’avait pas été convié au mariage de sa fille, sous la pression de la classe politique néerlandaise, et n’avait donc pas pu conduire Maxima à l’autel quand elle a épousé le prince d’Orange Willem-Alexander en 2002 à Amsterdam. Toujours indésirable, il n’assistera pas non plus à l’intronisation de son gendre, le 30 avril, quand sa fille deviendra reine des Pays-Bas.
Lors d’une interview diffusée à la télévision néerlandaise deux semaines avant l’intronisation, Maxima a dissimulé sa peine : « Il s’agit d’un moment constitutionnel lors duquel mon mari deviendra roi et non, mon père n’y a pas sa place s’il y a de telles questions qui sont soulevées. » Par le passé, elle avait confié avoir souffert de l’absence de ses parents lors de son mariage. Fidèle serviteur de la dictature du général Jorge Videla, Jorge Zorreguieta a été successivement son vice-ministre (1976-1979), puis son ministre de l’Agriculture (1979-1981). Pendant que le père de Maxima siégeait au gouvernement, les opposants au régime disparaissaient à travers le pays, souvent torturés, parfois jetés depuis des avions. Les organismes de défense des droits de l’homme dénombrent 30 000 disparus. Deux plaintes ont été déposées contre lui pour la disparition d’un médecin et d’une biologiste dépendant de son ministère, mais il n’a jamais été inculpé par la justice argentine.
De nombreux dignitaires de la dictature ont été jugés et condamnés en Argentine, dont le général Videla, qui purge une peine de prison à perpétuité pour crimes contre l’humanité. L’ex-ministre âgé aujourd’hui de 85 ans affirme qu’il ne savait rien des atrocités commises par le régime du général Videla, la plus féroce des dictatures militaires d’Amérique latine.
En 2006, la princesse Maxima est allée à la rencontre des grands-mères de la place de Mai, mouvement emblématique de la dénonciation des crimes de la dictature. « Oui, nous nous sommes réunies avec Maxima (...) C’était une réunion très positive. Car elle a démontré que la question des droits de l’homme ne la laissait pas indifférente. Elle a une grande sensibilité et m’a semblé très intelligente, beaucoup plus liée à l’Argentine que ce que j’imaginais », a confié Estela de Carlotto, présidente de l’organisation.
Maxima, 41 ans, a dû renoncer à la nationalité de ses parents pour satisfaire aux convenances du royaume batave et ne peut pas s’exprimer en espagnol en public, mais cela n’entame en rien son aura en République argentine, où on se réjouit du destin royal d’une enfant du pays. Estela de Carlotto a reçu un appel de l’ambassadeur des Pays-Bas lui indiquant que Maxima souhaitait la rencontrer. L’entrevue avec les grands-mères de la place de Mai est restée secrète, comme toutes les activités de Maxima à Buenos Aires, sa ville natale, ou dans la région de Bariloche, au pied de la cordillère des Andes, où elle se rend régulièrement en vacances.
Pour les auteurs du livre Maxima, une histoire vraie, Gonzalez Guerrero et Soledad Ferrari, un hommage aux disparus de la dictature a été rendu discrètement lors du mariage princier : 30 000 fleurs (le nombre présumé de disparus) décoraient les lieux où le mariage a été célébré.

Rôle fédérateur
Par ailleurs, les Néerlandais d’origine étrangère se préparent eux aussi à célébrer l’intronisation du prince héritier Willem-Alexander. Toute d’orange vêtue, une jeune femme en habits de fête, dont le voile légèrement brillant est surmonté d’un diadème, trône sur un timbre de la poste néerlandaise, créé et commercialisé par une association de femmes musulmanes néerlandaises. Le mouvement féministe a voulu « remercier la reine Béatrix pour son rôle fédérateur dans la société néerlandaise », assure dans le quotidien protestant Trouw Leyla Çakir, présidente de l’association al-Nisa, créée en 1982. D’origine turque, Leyla Çakir ne porte pas le voile mais souligne qu’il est néanmoins un symbole de la femme musulmane.
La reine avait elle-même revêtu un voile lors d’une visite dans une mosquée d’Abou Dhabi, aux Émirats arabes unis, en janvier 2012. Son geste avait été fortement critiqué, notamment par le parti d’extrême droite du populiste Geert Wilders, mais avait été grandement apprécié par la communauté musulmane. « La famille royale joue un rôle important dans l’unité de la société, le vivre ensemble, ce que la politique ne parvient pas toujours à accomplir », affirme Mehmet Evsen, un jeune Néerlandais d’origine turque âgé de 22 ans et chargé de la jeunesse au sein d’une organisation turque. « Je suivrai l’intronisation en direct à la télévision », assure le jeune homme, pour qui il s’agit d’un « moment exceptionnel ».
Ce moment, une école a choisi de l’expliquer de manière ludique à ses élèves, majoritairement d’origine étrangère : l’école primaire Cosmicus, basée à La Haye dans un quartier difficile, a ainsi organisé des jeux de rôle, où des enseignants incarnent la reine, le prince et son épouse afin de familiariser les enfants au moment historique à venir. Une fausse cérémonie d’intronisation, filmée et diffusée en ligne, a été réalisée dans le cadre d’un programme intitulé Ik hou van Holland (J’aime la Hollande). Les parents, qui apprennent souvent en même temps que leurs bambins l’histoire de la famille royale d’Orange, ont fabriqué pour l’occasion des drapeaux néerlandais où moulins, tulipes et sabots, lieux communs néerlandais, se disputent la vedette.
Les Pays-Bas comptent environ 825 000 musulmans, composés en majorité par les 2 500 à 5 000 immigrés de Turquie qui s’installent dans le pays chaque année, portant à 17 % la part de la population néerlandaise d’origine étrangère.
(Source : AFP)
L’ombre de la dictature argentine plane sur la future reine Maxima des Pays-Bas, son père ayant servi un régime militaire répressif, mais celle-ci a tendu la main aux familles des victimes de la dictature.Ce lien avec la dictature est si encombrant que le père de Maxima, Jorge Zorreguieta, n’avait pas été convié au mariage de sa fille, sous la pression de la classe politique...
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