Abou Jamra tire à boulets rouges sur Aoun

L’ancien vice-président du Conseil Issam Abou Jamra s’est littéralement déchaîné hier contre son ancien mentor politique, le général Michel Aoun, ironisant surtout sur la tentative de ce dernier de se rapprocher de l’Arabie saoudite.
« L’embarras du chef du bloc du Changement et de la Réforme était patent mardi dernier à la tribune de Rabieh lorsqu’il a contredit les principes qu’il a toujours défendus », déclare M. Abou Jamra dans un communiqué. « Il en était ainsi surtout lorsqu’il a considéré que le gouvernement neutre était anticonstitutionnel, tout comme le serait tout cabinet formé par le Premier ministre désigné avec l’aval du président de la République ».
« Ainsi donc, si ce n’est pas lui (le général Aoun) qui nomme ses ministres et aux ministères qu’il désire, le gouvernement ne sera pas constitutionnel. C’est uniquement de cette façon qu’est respecté le principe de la séparation des pouvoirs dans la République idéale que le général rêve de présider », ajoute-t-il.
Et de poursuivre : « Il aurait intérêt à recourir à des juristes du CPL pour qu’ils lui expliquent la Constitution. Mais en tout état de cause, ce n’est pas la première fois que le général est embarrassé ou qu’il fait fausse route. Après tout, il peut toujours changer de direction, d’alliés et d’axe politique de façon surprenante et sans prévenir son état-major. N’a-t-il pas dit un jour en direct à ses subordonnés : C’est moi qui décide et vous, vous me suivez ! Comme des moutons ! »
Évoquant la rencontre au début de la semaine entre le ministre sortant de l’Énergie, Gebran Bassil, et l’ambassadeur d’Arabie saoudite, M. Abou Jamra la commente en ces termes : « Il a décidé de se rapprocher de l’Arabie saoudite en chargeant le gendre (M. Bassil) de convier son ambassadeur à dîner à Rabieh. L’invitation fut rejetée et remplacée, à la demande du diplomate, par une rencontre au siège de l’ambassade. Par la suite, le général a dit que la visite (de M. Bassil chez l’ambassadeur) était « dans l’intérêt du Liban ». Eh oui ! Aujourd’hui, le rapprochement du général avec l’Arabie saoudite est dans l’intérêt du Liban. Hier, tout rapprochement avec l’Arabie était une grande trahison.
« Faut-il croire que ce rapprochement vise à faciliter le partage des parts au sein du gouvernement ? Et plus précisément à maintenir le gendre au portefeuille de l’Énergie ? » s’est-il interrogé.