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À La Une - France

Moralisation de la vie politique : à droite comme à gauche, la crainte d'un grand déballage

Un texte en préparation devrait prévoir la publication du patrimoine des parlementaires et des ministres mais viserait aussi à mettre fin aux conflits d'intérêts.

Le Sénat français. Photo d'archives AFP

Le projet de moralisation de la vie politique en Fance, dont les grandes lignes seront présentées mercredi, suscite déjà des critiques à droite comme à gauche où l'on redoute que cette opération transparence ne vire au grand déballage sans être vraiment efficace.

 

L'Elysée lui-même craint les conséquences de cette opération mains propres. "Psychologiquement, ça va être dur, et, politiquement, ça peut être ravageur", admet un proche du chef de l'Etat. "La marge est très étroite entre la dissimulation, d'un côté, et le déballage, de l'autre", observe-t-il. "La solution intermédiaire, c'est la transparence", plaide ce proche, mais avec un souci supplémentaire pour la gauche attendue au tournant par une opinion publique toujours "plus dure" avec elle sur ces questions d'argent.

 

Le texte en préparation devrait prévoir la publication du patrimoine des parlementaires et des ministres mais viserait aussi à mettre fin aux conflits d'intérêts, autrement dit au cumul de certaines activités professionnelles, comme celle d'avocat d'affaires avec l'exercice d'un mandat de député ou de sénateur.

 

"Il ne s'agit pas d'empêcher les gens de travailler, sinon on va avoir une Assemblée de fonctionnaires, mais d'interdire les professions présentant un risque pour l'impartialité de l'élu vis-à-vis de ses fonctions", fait valoir l'entourage du président.

 

(Lire aussi : La lutte contre l’évasion fiscale devient une priorité dans l’UE)

 

Avant même d'avoir été présenté, le projet cristallise déjà les critiques de ceux qui redoutent une inquisition fiscale et médiatique. Gare au "voyeurisme" et à l'"hypocrisie", a lancé le patron de l'UMP, Jean-François Copé, qui n'entend pas publier son patrimoine avant que la loi ne l'y oblige.

"Hollande souhaite jeter un écran de fumée pour faire oublier une affaire qui n'a rien à voir, celle d'un de ses ministres qui a menti et fraudé le fisc", a-t-il dénoncé, parlant de "démagogie".

 

Sur le fond, M. Copé s'interroge sur la représentativité d'un Parlement dont seraient exclus "les entrepreneurs, les commerçants, les artisans, les avocats...", profession qu'il exerce lui-même comme 34 autres députés. Mais tous ne continuent pas à exercer cette profession.

Quitte à conduire une "opération de transparence absolue", il faudrait l'étendre, selon lui, "aux collaborateurs de cabinets ministériels ou de cabinet du président de la République, peut-être aussi aux directeurs administration centrale, d'autres corps de l'Etat, aux journalistes, syndicalistes"...

 

Certains ministres ont pris les devants (ils ont jusqu'au 15 avril pour publier leur patrimoine), tels Marie-Arlette Carlotti (Personnes handicapées et Exclusion), et ses deux collègues écologistes Pascal Canfin (Développement) et Cécile Duflot (Logement) tout comme plusieurs députés de tous bords parmi lesquels l'ancien Premier ministre UMP François Fillon.

Ce dernier doute toutefois de l'efficacité du dispositif pour prévenir la fraude fiscale, en l'absence d'enquête et de contrôles. Dans le cas de Jérôme Cahuzac, "ça n'aurait rien changé du tout. Quand vous êtes malhonnête, aucune règlementation ne règle la question", a-t-il fait valoir.

 

A la veille de la présentation du texte, de nombreuses pistes étaient explorées comme "un renforcement de la législation en matière de contrôle fiscal et des sanctions" ou la création d'unités spécialisées sur le modèle des Groupements d'intervention régionaux (GIR) de la police nationale, engagée dans une lutte pluridisciplinaire contre la délinquance.

 

Le président (PS) de la commission des Lois de l'Assemblée, Jean-Jacques Urvoas, a suggéré la création d'une Haute autorité de la déontologie de la vie publique.

 

En dépit des critiques, l'Elysée n'en démord pas: le président veut montrer qu'"il a pris une décision, qu'il tire les leçons de la situation et qu'il est cohérent avec ce qu'il a toujours dit en matière d'exemplarité de la vie publique, de sobriété de l'Etat. On va jusqu'au bout de cette logique".

 

 

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