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À La Une - Trois questions à

Crise intercoréenne : Kim Jong-un cherche probablement à consolider son pouvoir

Loïc Tassé, politologue à l’Université de Montréal et spécialiste de la Chine et de l'Asie.

Le dirigeant nord coréen Kim Jong-un salue des soldats lors d'une cérémonie à Pyongyang le 28 mars 2013. AFP/ KCNA via KNS

Q- Pourquoi le régime de Pyongyang est-il engagé dans une escalade dans les menaces et les  provocations?

"Il y a deux hypothèses. La première concerne la consolidation du pouvoir de Kim Jong-un, un pouvoir qui est mal établi. Le dirigeant nord-coréen cherche probablement à le consolider et à le centraliser. Les nouvelles nominations qui ont été faites à l’intérieur de l’armée sont un signe. Kim Jong-un veut faire ses preuves et montrer qu’il est capable de diriger son pays.

La deuxième hypothèse est plus pessimiste : La Corée du Nord est au pied du mur en raison des sanctions économiques et par conséquent chercherait à mettre la pression (sur les grandes puissances) pour faire du chantage. C’est un sérieux problème. Cette politique de chantage est d’ailleurs une spécialité de la diplomatie nord coréenne. Depuis près de 30 ans, les Nord-Coréens exigent une aide économique des grandes puissances en échange de l'arrêt de leur programme d'armement nucléaire. Mais cette politique de chantage ne fonctionne plus, puisque le programme nucléaire se poursuit. Si les Nord-Coréens comptent mettre à exécution les menaces contre les États-Unis (ici et ici), on peut dire que la logique politique de la Corée du Nord déraille. Ils croient peut-être qu'une guerre sera la solution à leurs problèmes et qu’après le conflit, le phœnix pourra renaître de ses cendres".

 

Q-Pensez-vous que la situation puisse déraper ?

"Je suis persuadé que la Corée du Nord n’a pas les moyens de remporter une guerre, mais attaquer la Corée du Nord est également difficile pour ses adversaires. On ne connaît pas bien les capacités militaires de la Corée du Nord, elle doit posséder entre deux et neuf bombes nucléaires. Et il est certain qu’en termes d’armes biologiques et chimiques, Pyongyang pourrait causer des ennuis aux pays voisins, dont la Chine et la Russie.

A mon avis, la Corée du nord ne lancera probablement pas d’attaques, mais elle répondra à toute attaque visant son territoire et cela pourrait être très dangereux pour Séoul, une ville très proche de la frontière. Il y a un véritable danger d’escalade, mais personne ne veut de cette escalade. Je m’attends à une situation qui va perdurer un moment, comme lors de la guerre froide. Mais cette crise va finir par s’estomper. La récente nomination d’un dirigeant nord-coréen (Pak Pong-Ju, un réformateur économique au poste de Premier ministre, ndlr) connu pour sa politique d’ouverture vers la Chine en est une preuve".

 

Q-La Chine peut-elle et veut-elle faire quelque chose pour contenir la crise ?

"Le gouvernement chinois a d’ores et déjà annoncé qu’il ne soutiendrait pas la Corée du Nord si elle lance une attaque contre la Corée du Sud ou les Etats-Unis. Pékin peut certainement aider Pyongyang, comme il l’avait fait auparavant, le régime chinois est prêt à fournir une aide économique si la Corée du Nord abandonne son programme nucléaire.

L’économie nord-coréenne se porte très mal, elle a été délaissée alors que les gouvernements ont massivement investi dans les armes. Il sera donc extrêmement difficile pour Pyongyang de poursuivre son programme nucléaire et de se moderniser en même temps".

 

Q- Pourquoi le régime de Pyongyang est-il engagé dans une escalade dans les menaces et les  provocations?
"Il y a deux hypothèses. La première concerne la consolidation du pouvoir de Kim Jong-un, un pouvoir qui est mal établi. Le dirigeant nord-coréen cherche probablement à le consolider et à le centraliser. Les nouvelles nominations qui ont été faites à l’intérieur de...

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