Rechercher
Rechercher

À La Une - Le point

Vous qui entrez ici...*

« Tov l’he’ot shuv ba’aretz », a dit Barack Obama à sa descente d’Air Force One. « C’est bon de se retrouver en Israël. » On est heureux pour lui, mais encore ? Ah oui ! Il y a eu l’inévitable « shalom », le nom moins inévitable rappel de « l’alliance éternelle » entre les États-Unis et l’État hébreu, « la fierté d’être le plus fort allié et le meilleur ami » de Tel-Aviv, et on en passe, sans oublier le « content de vous voir, frère », adressé à Shimon Peres qui en aurait rougi presque de plaisir.


Non, ce qu’il y a d’autre, c’est cette petite phrase qui en dit long, relevée dans l’éditorial de l’influent Haaretz : « Il faudrait une bonne dose d’imagination pour s’attendre à une percée dans les deux prochains jours. » Il faudrait, devrait-on ajouter, chercher longtemps pour détecter quelque soupçon d’optimisme dans les rapports depuis quatre ans entre Benjamin Netanyahu et son illustre visiteur.


Le président américain s’est empressé, une fois échangées les accolades, de souligner que ce n’est pas par accident qu’il a choisi le Proche-Orient comme première destination de son second mandat « alors que les vents du changement apportent avec eux leur moisson de périls et de promesses ». Et c’est des premiers bien plus que des secondes qu’il va s’agir lors des discussions entamées hier soir, l’Iran et la Syrie figurant en tête des priorités.


S’agissant du programme nucléaire de la République islamique, « Bibi » n’a pas fait mystère de son intention d’obtenir qu’une « ligne rouge » soit fixée, au-delà de laquelle l’action militaire deviendrait inéluctable. Le chef de l’État hébreu a qualifié Téhéran de « plus grande menace pour la paix mondiale », un point de vue que partagent avec lui l’Israélien moyen et la presque totalité des hommes politiques du pays. Obama, lui, est partisan de laisser le temps et surtout les sanctions faire leur œuvre, ce dont tous deux s’acquittent à la perfection, à en juger par les difficultés économiques du régime des mollahs.


La guerre civile qui depuis deux ans fait rage en Syrie ne laisse pas d’aviver les craintes d’Israël de voir le formidable arsenal – dont des armes chimiques – livré par la Russie au fil des années tomber aux mains des salafistes. Par-dessus tout, les Israéliens se méfient des rebelles qui viendraient à prendre le contrôle du no man’s land sur le Golan, une zone occupée à la faveur de la guerre de juin 1967, demeuré étrangement calme depuis. Si les jihadistes parviennent à renverser le régime de Bachar el-Assad, notre tour viendra, a averti le général Benny Gantz, chef d’état-major, qui prenait la parole la semaine dernière à la 13e conférence de Herzilya. Jeudi, l’agence de presse Reuters signalait l’arrivée d’un millier d’insurgés dans la localité de Khan el-Cheikh, à 25 kilomètres du plateau, confirmant ainsi les appréhensions de l’officier, pour qui la situation en Syrie devient de plus en plus « instable et dangereuse ».


Principaux intéressés, les colons ne devraient pas se faire du souci pour l’avenir des annexions de territoires. Tout au plus le Premier ministre a-t-il interdit la publication d’appels d’offres pour des logements en Cisjordanie et à Jérusalem-Est... durant la visite du chef de l’exécutif US, ce qui ne devrait pas angoisser outre mesure le tout-puissant lobby qui a le vent en poupe depuis la formation du nouveau gouvernement.


Cette première visite officielle de Barack Obama est destinée principalement, ne cesse-t-on de répéter de part et d’autre depuis quelques jours, à assainir l’ambiance délétère qui régnait depuis le 4 juin 2009, date du fameux discours du Caire (intitulé « A New Beginning ») dans lequel le président avait évoqué les souffrances du peuple palestinien et les aspirations à un foyer juif dont les racines doivent être recherchées dans l’Holocauste. Ce n’est pas un hasard si l’auteur de ce texte, le journaliste Ben Rhodes, fait partie de la délégation américaine. Le choix du parterre de jeunes qui sera présent au Jerusalem International Convention Center n’est pas fortuit lui non plus. Certain qu’il ne peut convaincre ses interlocuteurs israéliens de la nécessité de lâcher ne serait-ce qu’un peu de lest dans leurs discussions avec les Palestiniens, si celles-ci venaient à reprendre, l’homme du dialogue qu’est l’hôte de la Maison-Blanche veut désormais s’adresser au peuple israélien, particulièrement à l’élément jeune. Peut-être plus qu’une opération de charme donc, cette visite, mais un peu moins qu’une offensive tendant à débloquer une situation qui aura désespéré ses prédécesseurs. On peut lui souhaiter qu’au soir de son second et dernier mandat, il n’ait pas à se contenter d’un désespérant et désespéré « À tout le moins aurais-je essayé... ».

*... abandonnez tout espoir » : paroles inscrites sur le fronton de l’enfer, selon Dante dans sa « Divine Comédie ».


Lire aussi

Obama assure Israël de « l’alliance éternelle » des États-Unis


« Tov l’he’ot shuv ba’aretz », a dit Barack Obama à sa descente d’Air Force One. « C’est bon de se retrouver en Israël. » On est heureux pour lui, mais encore ? Ah oui ! Il y a eu l’inévitable « shalom », le nom moins inévitable rappel de « l’alliance éternelle » entre les États-Unis et l’État hébreu, « la fierté d’être le plus fort allié...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut