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À La Une - Révolte

Énième réunion de l’opposition syrienne à Istanbul pour choisir un Premier ministre

Tirs de mortier sur le palais présidentiel à Damas.

L’opposition syrienne est réunie à Istanbul pour choisir un Premier ministre. Ozan Kose/AFP

Les responsables de la Coalition nationale syrienne, reconnue par des dizaines de pays comme le seul représentant légitime du peuple syrien, ont débuté hier une réunion de deux jours à Istanbul en Turquie, pour choisir un Premier ministre chargé de gérer les territoires conquis par les rebelles hostiles au président Bachar el-Assad.
La rencontre a débuté sur une note positive avec l’annonce par l’Armée syrienne libre (ASL) de son soutien à un gouvernement intérimaire. « Nous soutiendrons ce gouvernement et travaillerons sous son égide », a ainsi déclaré lors d’une conférence de presse Sélim Idriss, le chef d’état-major de l’ASL, qui constitue la principale force armée de la rébellion. « Nous prenons la responsabilité de protéger le gouvernement intérimaire dans toutes les zones libérées de Syrie, et si un ministre veut se rendre dans une zone non libérée, nous prenons la responsabilité de le protéger, jusqu’au cœur de Damas », a souligné M. Idriss.
Le chef rebelle a également garanti que l’ASL était en mesure de contrôler les armes qu’on lui confiait, alors que la France s’est dit prête à armer les rebelles avec la Grande-Bretagne, même en l’absence d’un consensus au sein de l’Union européenne. « Nous espérons que les pays européens prendront la décision de nous donner des armes et des munitions. (...) Nous leur donnons toutes les garanties que ces armes ne tomberont pas dans de mauvaises mains ou dans celles d’extrémistes », a-t-il affirmé.
Forts de ce soutien, les 73 représentants de la Coalition doivent tout d’abord choisir la forme de l’exécutif qu’ils entendent mettre en place, entre un gouvernement intérimaire aux larges prérogatives politiques ou un organe exécutif aux pouvoirs plus limités, qui permettra à l’opposition d’occuper le siège de la Syrie lors du prochain sommet de la Ligue arabe, fin mars. Un consensus semblait se dégager hier soir en faveur de la création d’un véritable gouvernement. « Je peux dire qu’environ 60 des 73 membres de la Coalition veulent qu’un gouvernement soit formé », a déclaré un porte-parole de la Coalition, Khaled al-Saleh.

Trois favoris
Ils doivent ensuite se prononcer sur le nom du Premier ministre. Sur douze candidats, trois font figure de favoris : un ex-ministre de l’Agriculture de l’ancien président Hafez el-Assad, Assaad Moustapha, l’économiste Oussama al-Kadi et un cadre supérieur dans les télécoms, Ghassan Hitto. Avec un avantage pour les deux derniers cités, estimait hier Samir Nashar, un des membres de la Coalition. M. Kadi est né en 1968 à Alep et dirige à Washington le Centre syrien pour les études politiques et stratégiques. M. Hitto est né en 1963 à Damas et a passé près de vingt-cinq ans aux États-Unis, où il a été un cadre dirigeant d’entreprises de haute technologie avant de rejoindre la Turquie et les rangs de la révolution fin 2012.
Le chef de l’exécutif doit être élu par un scrutin majoritaire à deux tours, mais les discussions se poursuivaient pour tenter d’obtenir le consensus le plus large possible autour d’un seul nom avant l’élection. « Nous travaillons dur pour atteindre un consensus. Personne ne peut garantir qu’il y aura un vote lors de la réunion aujourd’hui (lundi) ou demain (mardi), mais il y a une grande chance que ça arrive », a déclaré M. Nashar. « Même les plus vieux Parlements dans le monde prennent beaucoup de temps pour prendre une décision. Pour moi, c’est un signe de démocratie. (...) Ce n’est pas un mauvais signe », a commenté de son côté le président de la Coalition, Ahmad Moaz el-Khatib.
La première tâche du Premier ministre, s’il est élu, consistera à nommer un gouvernement chargé de gérer les territoires du nord et de l’est du pays conquis de haute lutte par les insurgés mais plongés dans le chaos. Ce nouvel exécutif devra nécessairement être basé en Syrie, a souligné M. Saleh, « un gouvernement qui fonctionnerait via Internet ou Skype, ça ne peut pas fonctionner ».
Élu par une Coalition dont la représentativité est souvent contestée par les militants sur le terrain, le Premier ministre devra rapidement confirmer en Syrie même sa légitimité. Si le vote a lieu, « le Premier ministre va se rendre en Syrie et avoir une série de rencontres avec les chefs de groupes rebelles qui combattent le régime d’Assad », a affirmé M. Nashar. Ces rebelles délimiteront « jusqu’à quel point ils sont prêts à accepter les prérogatives du Premier ministre. Cela pourrait prendre du temps », a-t-il ajouté.

Bombardements et arrestations
Sur le terrain, les rebelles syriens ont annoncé avoir tiré au mortier sur le palais présidentiel à Damas, ainsi que sur l’aéroport international et plusieurs bâtiments des forces de sécurité, pour marquer le deuxième anniversaire de l’insurrection. Dans un communiqué diffusé sur Facebook, ils précisent avoir tiré « plusieurs obus de mortier de 120 mm (...) lors d’une opération coordonnée avec les bataillons opérant à Damas ». Cette opération, ajoutent les rebelles, « correspond au deuxième anniversaire du début de notre révolution, la révolution de la liberté et de la dignité contre le régime despotique de Bachar el-Assad ». Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), plusieurs projectiles se sont abattus dans des secteurs proches du palais présidentiel.
Dans le même temps, l’armée loyaliste continuait de bombarder des quartiers de Damas, où les services de sécurité ont arrêté plusieurs étudiants dans une cité universitaire. L’armée de l’air a en outre poursuivi ses raids dans plusieurs parties de la Syrie, notamment à Homs, où elle a visé le quartier de Baba Amr, et sur la localité proche de Qousseir, a précisé l’OSDH.
Selon un bilan provisoire, 71 personnes ont trouvé la mort hier dans les violences à travers le pays. Plus de 6 800 femmes et enfants ont été tués depuis le début de la révolte, a précisé l’OSDH.
Par ailleurs, les Nations unies distribuent de l’aide à tous les Syriens, a assuré hier un responsable de l’ONU. « Il est nécessaire de traiter avec toutes les parties de manière neutre et transparente », a ainsi affirmé le coordinateur régional de l’Office des Nations unies chargé des questions humanitaires (OCHA), Radhouane Nowicer.

(Sources : agences)
Les responsables de la Coalition nationale syrienne, reconnue par des dizaines de pays comme le seul représentant légitime du peuple syrien, ont débuté hier une réunion de deux jours à Istanbul en Turquie, pour choisir un Premier ministre chargé de gérer les territoires conquis par les rebelles hostiles au président Bachar el-Assad.La rencontre a débuté sur une note positive avec...
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