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À La Une - Menaces sécuritaires

« Le feu du terrorisme pourrait se propager au Liban... », avertit Damas

Le Hezbollah enterre un de ses combattants en Syrie, et la lettre de protestation syrienne attend toujours une réponse officielle.

Des membres du Hezbollah portant le cercueil d’un des leurs mort au combat en Syrie. Photo d’archives

« LeLiban et la Jordanie jouent avec le feu en laissant passer en Syrie des jihadistes et des armes », a mis en garde hier le quotidien gouvernemental syrien as-Saoura. « Le feu du terrorisme ne consumera pas seulement la Syrie mais pourrait se propager au Liban et à la Jordanie, surtout si ces deux pays interviennent dans la situation en Syrie, en ignorant le passage d’hommes armés et d’armes à partir de leur territoire ou en participant directement au complot contre la Syrie », a assuré le journal. Selon le quotidien, « la Jordanie a carrément ouvert ces derniers jours ses frontières pour laisser passer les jihadistes alors qu’elle se contentait uniquement auparavant de faciliter le passage aux éléments entraînés sur son territoire par des agents des services de renseignements américains ». « Quant au Liban, il ferme les yeux sur le trafic d’armes vers la Syrie mené par des forces extérieures au gouvernement », a ajouté as-Saoura. Ces affirmations surviennent alors que le ministère syrien des Affaires étrangères avait menacé jeudi, publiquement et officiellement, de frapper en territoire libanais les « bandes armées » passant clandestinement en Syrie, une première depuis le début du conflit syrien.

 

(Dossier : La crise syrienne menace désormais les accords de Sykes-Picot et la succession de l’Empire ottoman)


Par ailleurs, le porte-parole de l’Armée syrienne libre (ASL), Lou’aï Mokdad, a affirmé hier dans un entretien accordé au quotidien an-Nahar, que « l’ASL est prête à cesser le feu et à se retirer vers l’intérieur syrien si l’armée libanaise contrôlait les frontières libano-syriennes ». « La lettre de l’ambassade syrienne à Beyrouth et le déploiement d’unités syriennes sur les frontières au nord du Liban viennent en réponse à la dernière position de la France qui a souhaité armer les opposants syriens », a-t-il ajouté, indiquant que « le Hezbollah a déplacé des batteries à obus vers Hoch Sayyed Ali, près des frontières ».


En outre, le corps d’un combattant du Hezbollah, tué récemment en Syrie, a été mis en terre tôt dimanche au Liban-Sud. « Les funérailles de Hassan Nemer Chartouni, 25 ans, ont eu lieu à Mays al-Jabal, après l’arrivée de la dépouille mortelle de Syrie, où il a été tué samedi dans des combats. » Le Hezbollah a enterré ces derniers mois au Liban plusieurs de ses combattants tués en Syrie sans jamais indiquer quand et où ils avaient trouvé la mort. Mais ses dirigeants, notamment le secrétaire général, Hassan Nasrallah, ont toujours répété que des militants du Hebz avaint le devoir de combattre aux côtés des habitants chiites libanais habitant certains villages syriens situés à proximité de la frontière est avec la Syrie.

 

(Pour mémoire : Le Hezbollah se prépare à envoyer près de 5.000 combattants en Syrie, accuse l'ASL)

Discussions actives
En arrière-plan, les concertations se poursuivent entre les responsables libanais pour trouver une solution au sujet des menaces proférées par le régime syrien contre le Liban, malgré l’absence du président Michel Sleiman qui poursuit sa tournée en Afrique, et celle du président de la Chambre Nabih Berry et du Premier ministre Nagib Mikati, qui se sont tous deux dirigés vers le Vatican pour assister à l’intronisation du pape François. Le président Sleiman avait tout de même affirmé samedi que le Liban doit empêcher les combattants de franchir la frontière pour entrer en Syrie, appelant à la neutralité. Il a souligné avoir donné l’ordre à l’armée libanaise « d’arrêter tout homme armé ayant l’intention d’aller combattre en Syrie, qu’il appartienne à l’opposition ou pas ». Nagib Mikati, de son côté, a affirmé samedi avoir donné l’ordre à l’armée d’empêcher toute violation de la frontière libano-syrienne, et a appelé au respect de la politique de distanciation. Ainsi, il n’y a toujours pas de réponse officielle à la lettre de protestation syrienne, mais une lettre de réponse pourrait être prête, selon notre correspondant au palais Bustros, Khalil Fleyhane, après le retour du ministre des Affaires étrangères d’Afrique. Ce dernier s’est dit « désolé » de la tournure qu’avaient prises les relations entre la Syrie et le Liban, malgré la politique de dissociation adoptée par le cabinet.

 

(Lire aussi : L’ONU craint que le Liban soit entraîné dans la guerre civile syrienne )

 


Envoi d’armes et des camps pour les réfugiés
Les relations libano-syriennes étaient au cœur des préoccupations politiques de nombreux responsables. Le général Michel Aoun a rappelé, à cet effet, que « depuis le début de la crise syrienne, nous demandons aux responsables concernés de prendre garde à la situation, notamment au Akkar, puisqu’il est inadmissible que notre frontière avec la Syrie reste ouverte devant les personnes armées et le trafic d’armes ». « Nous nous sommes distanciés mais nous avons laissé les gens plonger en plein dans la crise syrienne. J’impute la responsabilité au Premier ministre car le fait de nous distancier de la crise syrienne signifie empêcher l’importation de la crise syrienne au Liban », a-t-il ajouté. Le ministre de l’Intérieur Marwan Charbel a estimé pour sa part que « les Libanais de tous bords se sont enfoncés dans la crise syrienne et dans l’envoi des armes ». Quant au ministre des Affaires sociales, Waël Abou Faour, il a fait allusion à un arrêt possible des réunions du Conseil des ministres, en raison de la crise politique qui y règne et des différents points de vue à l’égard de la crise syrienne. Il a aussi mis en garde contre le flux quotidien de refugiés au Liban, notant que la mise en place de camps pour les acceuillir pourrait devenir inévitable. Enfin, les députés Ayoub Hemayyed et Antoine Saad ont appelé à respecter effectivement la politique de distanciation.

 

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