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À La Une - Vatican

Tout Rome parie sur un conclave court

Les « congrégations générales » se sont achevées hier ; le vote débute aujourd’hui.

Le conclave qui s’ouvre aujourd’hui pour désigner le successeur de Benoît XVI devrait être court et, en tout cas, ne pas excéder quatre jours, selon le père Federico Lombardi, porte-parole du Vatican, devant quelque 5 000 membres des médias accrédités. De même, toujours d’après le père Lombardi, un conclave trop long donnerait l’impression que les cardinaux sont divisés, et fragiliserait une Église déjà confrontée à de nombreux défis, notamment les tensions au plus sommet de son « gouvernement », la Curie romaine. Enfermés à clé dans la chapelle Sixtine, selon la tradition, les cardinaux procéderont donc à quatre votes par jour : deux le matin et deux l’après-midi.

 

(Repère: Le conclave : questions simples sur une institution unique)


En attendant, les 115 cardinaux électeurs (âgés de moins de 80 ans) ont achevé hier les « congrégations générales » qui leur ont permis de mieux se connaître. Ils ont ainsi évoqué les problèmes de la banque du Vatican. Le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d’État de Benoît XVI et président du conseil de surveillance de l’Institut pour les œuvres de religion (IOR), a exposé devant ses 114 pairs les efforts d’intégration de cette banque dans le système bancaire international, les contrôles et les études effectuées par le groupe d’experts du Conseil de l’Europe, « Moneyval ». L’IOR a été dans le passé au cœur de scandales retentissants mêlant mafia, services secrets, loge maçonnique. Benoît XVI avait donc décidé de rendre transparentes les finances du Vatican. Mais les prises de parole ont été tous azimuts, des questions étant posées sur la collégialité insuffisante et les moyens d’améliorer le gouvernement central de l’Église.
Hier après-midi, tout le personnel qui assure le service et la logistique des pères du conclave, de l’hôtellerie de Sainte-Marthe aux maîtres de cérémonie et aux techniciens chargés de la maintenance de la chapelle Sixtine, en passant par les infirmiers et les conducteurs de navettes, a prêté serment de ne rien dévoiler, sous peine d’excommunication, soit au total 90 personnes, hommes et femmes.

 

(Repère: Les conclaves, entre Histoire et insolite)

 

Le patriarche maronite Mgr Béchara Raï au Vatican, le 11 mars. Le cardinal Raï a été désigné pour être l'un des trois cardinaux qui vont assister pour trois jours seulement le cardinal camerlingue. AFP/JOHANNES EISELE

 

 


 « Papabili »
Quand les portes de la chapelle Sixtine se seront refermées cet après-midi sur les cardinaux, le premier tour de vote permettra-t-il une percée nette d’un candidat entre les principaux « papabili » cités ces derniers jours : le cardinal de Milan Angelo Scola, celui de São Paulo Odilo Scherer ou encore le cardinal du Québec Marc Ouellet ? Ou au contraire une situation de blocage apparaîtra-t-elle vite, en présence de blocs de voix égaux mais insuffisants pour atteindre le seuil nécessaire d’électeurs ? Dans ce cas, le jeu serait ouvert aux « outsiders » : les noms qui circulent alors sont entre autres les archevêques de Boston et New York, Sean O’Malley et Timothy Dolan, les cardinaux hongrois, Peter Erdö, autrichien Christoph Schönborn, ou mexicain Francesco Robles Ortega.

 

(Repère: Le conclave en chiffres)


Depuis 1903, aucun conclave n’a duré plus de cinq jours : il a fallu quatre scrutins pour élire Benoît XVI, trois pour Pie XII, en 1939, onze pour Jean XXIII (trois jours en 1958), six pour Paul VI (1963). L’élection de Pie XI, en 1922, fut la plus longue du siècle en cinq jours et quatorze tours de scrutin. Mais celle de Jean-Paul II, qualifiée de très ouverte, n’avait été obtenue qu’en 48 heures et seulement 8 tours de scrutin le 16 octobre 1978. Au cours des 2 000 ans de l’histoire de l’Église, la vacance pontificale la plus longue a été de 3 ans 7 mois et 1 jour (du 26 octobre 304 au 27 mai 308), entre Marcellin et Marcel 1er. Et c’est aux habitants de Viterbe en Italie que l’on doit en 1274 l’invention du conclave, alors que leurs délibérations duraient depuis près de trois ans... Mis au pain sec et à l’eau sous clef (cum clave), en fait murés dans le palais pontifical, les 17 prélats désignèrent rapidement un successeur à Clément IV.

 

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