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À La Une - Syrie

Les choses commencent à changer dans la province d'Alep

Assad s’agrippe ; Khatib se paye un bain de foule au Nord

Des membres de l’ASL inspectant les restes d’un hélicoptère abattu par les rebelles à Alep. Mahmoud Hassano / Reuters

Décidément, le président syrien Bachar el-Assad n’en démord pas. Sans surprise, il a une nouvelle fois exclu de quitter le pouvoir, se disant décidé à combattre les rebelles jusqu’au bout. Mais dans une rare interview publiée hier dans le Sunday Times, M. Assad s’est aussi déclaré prêt à discuter avec les opposants s’ils déposent les armes alors que le conflit dévastateur entre le 15 mars dans sa 3e année sans aucun règlement en vue et qu’hier les violences ont encore fait au moins 183 morts (84 soldats, 75 rebelles et 24 civils) à travers le pays, selon un bilan provisoire de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).


« Aucun patriote ne peut penser à vivre en dehors de son pays. Je suis comme tous les patriotes syriens », a expliqué M. Assad au journal, écartant de nouveau tout départ comme l’exigent l’opposition, les pays occidentaux et plusieurs pays arabes pour permettre une transition politique. Son principal allié régional, l’Iran, a même annoncé sa participation à l’élection présidentielle prévue en 2014. Le n° 1 syrien s’est aussi dit peiné pour les victimes du conflit en notant que « des milliers de familles ont perdu des êtres chers (...) » en soulignant que « personne ne peut sentir leur peine plus que nous ». Et il ne s’est pas gêné pour fustiger l’attitude de Londres favorable aux rebelles. « Comment peut-on s’attendre à ce qu’ils (les Britanniques) réduisent la violence alors qu’ils veulent envoyer du matériel militaire aux terroristes et n’essaient pas de faciliter le dialogue entre Syriens ? » s’est-il demandé.

« Délire »
Enfin, Bachar el-Assad n’a pas exclu des représailles à un raid israélien qui, selon des sources américaines, a visé en janvier des objectifs militaires près de Damas. « Engager des représailles ne veut pas dire que l’on va rendre missile pour missile et balle pour balle. Nous n’avons pas à annoncer quelle sera notre manière à nous de procéder », a-t-il dit. À ce sujet, le ministre israélien des Affaires stratégiques, Moshé Yaalon, a indiqué hier que les rebelles syriens ne sont pas en mesure de tirer des missiles sur Israël, après des informations d’un journal israélien sur la possession par les insurgés de missiles Scud.


À ces propos, les réactions ont été nombreuses. À commencer par celles du chef de la diplomatie britannique William Hague. Celui-ci a accusé M. Assad de « délirer » en refusant d’admettre sa responsabilité dans le « massacre » dans son pays, où l’ONU a déploré des « crimes contre l’humanité » ; l’ONU qui s’est une nouvelle fois aussi proposée de « faciliter » un dialogue entre l’opposition et une délégation du régime jugée « crédible et habilitée » à discuter. Et l’opposition, quant à elle, rejette toujours toute négociation qui n’aboutirait pas à un départ de M. Assad. Elle a par ailleurs ciblé ses critiques hier contre le gouvernement irakien, l’accusant d’avoir augmenté son niveau d’ « ingérence » en Syrie et « d’attaquer le peuple syrien ».

 

(Reportage : « Nous luttons pour nous débarrasser d’un dictateur, non pour laisser des étrangers nous en imposer un nouveau »)

Des baisers chaleureux
Entre-temps, Ahmad Moaz al-Khatib a effectué hier sa première visite en Syrie en tant que chef de l’opposition, se rendant dans des localités de cette région du nord du pays contrôlée par la rébellion – une visite censée resserrer les liens entre la CNS et les rebelles. Dans une vidéo tournée à Menbej, on le voit souriant, des passants l’embrassent chaleureusement. Selon un cadre de l’opposition, il a aussi évoqué avec des responsables locaux « les élections qui se tiennent aujourd’hui (hier) à Gaziantep » en Turquie, pour élire un conseil provincial, composé de 29 membres, chargé de gérer les affaires dans la province d’Alep.


Alep, province où les rebelles gagnent du terrain. En effet, les insurgés se sont emparés de la quasi-totalité de l’académie de police à Khan al-Assal dans le Nord, à l’issue de combats qui ont tué en huit jours 120 soldats et policiers et 80 rebelles, selon l’OSDH. Près de la frontière turque, des combattants du Front jihadiste al-Nosra et d’autres insurgés ont pris le contrôle d’une prison à Raqa, libérant « des centaines » de détenus, a ajouté l’ONG. Et dans Damas, deux obus sont tombés près de la place des Omeyyades sans faire de victimes. Dans le nord-ouest du pays, 15 rebelles sont morts lors d’une offensive de l’armée dans le Jebel Turcoman, près de Lattaquié, selon l’OSDH. L’armée dit avoir repris le contrôle de huit hameaux et de la localité de Beit Alwan. Par ailleurs, deux Palestiniens soupçonnés de collaborer avec le régime syrien ont été pendus par des rebelles dans le camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk, dans le sud de Damas, a rapporté une ONG syrienne.


Enfin, signe alarmant que ce conflit s’intensifie, le directeur de la compagnie générale des minoteries en Syrie, Abou Zaïd Katibi, a indiqué que l’Iran exportait entre 500 et 800 tonnes de farine par jour vers la Syrie, un chiffre en augmentation alors que la production agricole syrienne a été divisée par deux à cause du conflit.

 

Pour mémoire

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