« Pas question pour les Français de partir de manière précipitée »

Les troupes françaises, au nombre de 4 000 hommes au Mali, ne partiront pas « de manière précipitée », a souligné hier le ministère français des Affaires étrangères, précisant que le départ de troupes envisagé à partir de mars dépendrait de la situation sur le terrain.
« Les Français ne plient pas armes et bagage à partir de mars en quittant le Mali aussi vite qu’ils y sont arrivés », a insisté le porte-parole du Quai d’Orsay Philippe Lalliot, répétant que tout départ se ferait « en coordination avec les Maliens et les troupes africaines qui sont en cours de déploiement sur le terrain ».
Le contingent français a atteint son maximum avec 4 000 hommes déployés sur le terrain. « L’objectif est bien que la Misma (la force ouest-africaine mandatée par l’ONU), prenne le relais », a ajouté M. Lalliot. Notons que deux mille militaires tchadiens, qui ne font pas partie de la Misma, sont aussi présents au Mali, en particulier dans les zones stratégiques de Kidal et de Tessalit, dans l’extrême nord du pays. Deux sénateurs américains de retour d’une tournée au Mali ont appelé la France à rester engagée militairement au-delà de mars, vu l’impréparation des contingents africains appelés à prendre la relève.
Interrogé sur les 950 millions de dollars réclamés lundi par l’Afrique de l’Ouest pour financer la guerre au Mali, M. Lalliot a estimé qu’il fallait que les contributions déjà promises soient décaissées. « Avant de commenter ces chiffres, commençons déjà par remplir les engagements pris », a-t-il ainsi déclaré, rappelant que la communauté internationale avait promis fin janvier, au cours d’une conférence à Addis Abeba, une enveloppe financière de plus de 455 millions de dollars pour le Mali, destinée à la Misma, à l’armée malienne, ainsi qu’à de l’aide humanitaire.
Toujours concernant des fonds, l’appel de l’ONU en faveur du Mali pour 2013 (373 millions de dollars) n’a été financé jusqu’ici qu’à hauteur de 17 millions de dollars, a indiqué John Ging, directeur des opérations du Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA). L’Unicef a elle aussi lancé un appel de fonds d’urgence à la communauté internationale de 45 millions de dollars pour venir en aide aux femmes et aux enfants.
Parallèlement, le président François Hollande a salué « le sacrifice » des vingt-trois soldats tchadiens tués vendredi dans les combats au Mali, dans une lettre adressée à son homologue tchadien Idriss Deby.
Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a affirmé quant à lui que des combats « violents » entre forces françaises et groupes islamistes armés se poursuivaient dans le nord du Mali, dans le « réduit des terroristes », faisant « beaucoup, beaucoup de morts jihadistes ».
Sur le terrain, une forte explosion près du camp où sont basés des militaires français dans la ville de Kidal, a été entendue par deux habitants, un élu et un responsable administratif, qui n’ont pu en identifier l’origine. Plus tard, une source militaire française a précisé que c’était « une destruction de munitions ».
Enfin, Paris a appelé hier « à nouveau les autorités maliennes à mettre en œuvre leurs engagements en matière de droits de l’homme et de lutte contre l’impunité », devant le Conseil des droits de l’homme des Nations unies réuni à Genève.

(Source : AFP)